31.5.05

DANTEC all night long!

Insomniacs et amateurs de débats z'houleux et z'arrosés de peinture Technikartistik, réservez dès à présent votre nuit du 2 juin.
Jeudi soir, au Lavoir Moderne, on commence la grande lessive, sur fond de Théâtre des Opérations volume 3...


Alors qu'on soir clair, c'est une soirée "télé animée" par le Maurice, il ne sera pas là. Mais bon, son esprit sera tout autour de nous, et on aura droit, happy few de la hype que nous sommes, à

5 heures d'entretiens vidéos grand écran réalisés à Montréal fin avril 2005 portant sur :

- L'évenement de la rentrée 2005, son nouveau roman : Cosmos Incorporated
- American Black Box : le TDO III
- La littérature contemporaine
- La Shoah
- L'Europe
- Son rapport à la Littérature
- Le Junk
- Le Cinéma
- Etc...

7 heures de lectures de l'oeuvre de Maurice G. Dantec portant sur :

- Un extrait exclusif de son prochain roman Cosmos Inc.
- Un extrait exclusif de son prochain essai : American Blac Box
- Des extraits de ses romans précédents
- Des extraits de ses essais précédents
- Textes divers presse et internet.

Pour se faire une petite idée de ces documents coup de poing, matiné d'une ambiance "strip tease" sur France 3, allez faire faire un tour la dessus...
1er extrait vidéo
2nd extrait vidéo

Et après, c'est débat ouvert...(et c'est là qu'on devrait bien se marrer si on s'est pas déjà foutu sur le coin du menton)

29.5.05

Novarocks

Péché sur le site de Nova:


Deux mois après son premier album solo She Was A Girl, la révélation soul française Spleen présente la compilation The Black & White Skins, à la fois collectif multiforme d'énergies pluri-culturelles et structure de production. Une famille, un label, une bande, peu importe le générique tant que le partage et l'indépendance dominent. On y retrouve ses récentes rencontres musicales (Coco Rosie, Devendra Banhart, Patricia Marx, Antony and the Johnsons, Jana Hunter), son crew parisien et des collaborations au gré du vent ou du hasard, qui partagent ce même désir d'ouverture rythmique et mélodique.
Où est passé le vieux monde underground ???
Il est près de chez vous, alors n'hésitez pas!

Péché sur le site des Inrocks:

Après un passage remarqué au festival Les Femmes s’en mêlent, les new-yorkais de Metric seront bien présents ces prochaines semaines dans nos contrées. Vous pourrez les retrouver
le 2 juin à St Brieuc (festival Art Rock),
le 9 à Paris (la Maroquinerie),
le 10 à Hossegor (Rip Curl Festival)
le 14 août à Saint Malo (La Route du Rock).

Metric a fait paraître en avril dernier l’album Old World Underground, where are you now ?, où figure notamment le titre Dead Disco issu de la bande originale du dernier films d’Olivier Assayas, Clean.

Plus d’infos :
Le
site de Metric
Le
site d'Artrock

Pour se faire plaisir, à écouter:
Dead Disco

Péché sur le site de Liability :
Gang Gang Dance
God's Money


On sait peu de choses sur Gang Gang Dance, si ce n'est que cet obscur quatuor vient de New-York, et qu'il a une prédilection pour les rythmes alambiqués, les sonorités exotiques et la musique électronique expérimentale. God's Money exhale la folie, mais c'est une folie très structurée, maîtrisée. Liz Bougatsos pousse des hululements d'attardée mentale avec une désinvolture qui incite à penser qu'elle doit venir de plusieurs années-lumières de la Terre; son claviériste de mari doit être sacrément frapadingue lui aussi, pour inventer des arpèges aussi autistes. Et le batteur: des "poum-poum-tchaks" à tiroirs, des rythmiques tribales à cinq temps, bref, il y a de quoi se taper la tête conter les murs. Dans tout ce fatras déglingué, surnagent quelques morceaux plus mélodiques, comme le très bon "Before My Voice Fails" (raté pour le coup), et l'hallucinant "Egowar".

Allumés. Complètement allumés. Stoppez tout, et mettez Gang Gang Dance dans la platine; vous comprendrez ce que bizarrerie ultime signifie.

27.5.05

Eh ça chauffe à l'Elysée!!

Encore une revue de concert de chanson française néo réaliste, à couleur electro-pop comme dirait Mr LaBlanche . On profite que Coquillages soit en vacances pour lui pourrir son blog...

Hier soir, à l'Elysée Montmartre, se tenait dans la chaleur suffocante de ce jeudi soir, une session Open Live de fort beau gabarit.


Dans l'ordre et dans le bonheur, nous eûmes:

British Hawai
Un bon groupe de Rock, qui joue simple et efficace, rythmé et énergique. Une découverte? Et bien non puisque déjà figurant sur la compil' CQFD 2004 des Inrocks, une trio qui tourne bien, jusqu'à faire la première partie du Black Rebel Motorcycle Club. Un arrière goût de Supergrass, des envolées très Pixies, et un enthousiasme du leader qui a suffit à faire oublier les petits soucis techniques de la basse en tout début. Une formation compacte, un classique guitare / basse / batterie. Que demander de plus? Un album? Et bien le voilà...

01. Trick for fun - 02. In the city - 03. Wouaaah - 04. Sixteen all alone - 05. Pixian - 06. Blast - 07. Let me drive - 08. On the list - 09. I get around

Pour plus d'info, pour les dates de concert prochaines, (A la Guinguette le 6 Juin) n'hésitez pas à aller faire un tour sur leur site:

Vous y trouverez quelques bons extraits ...
Et une bise à Clémence, pour lui dire que son mec déchire...

Sans transition, si ne fût celle du leader du groupe Bordelais d'Hyperclean, drôle et sympathique, à la blondeur candide et angélique, Frédéric Jean, qui animait la soirée de sa douce folie scénique.

Jérome ATTAL


Un artiste que j'ai même beaucoup, proche de son public, un artiste 'touche à tout'. (Et ça ne veut pas dire glandeur de gauche! Il écrit, compose, chante et cela depuis déjà bien longtemps...). Un type qui écrit des choses belles et fortes, faites de tout petits rien...

A lire absolument sur son site: www.jerome-attal.com

Pub: Après une centaine de concerts dans l'hexagone et en Suisse, Jérôme Attal a sorti un album live en juin dernier et entamé une grande tournée des Fnac. Grâce à un bouche à oreilles accru et au succès du Journal intime qu'il tient sur Internet, les chansons de Jérôme voyagent de Paris jusqu'au Québec. De nombreuses émissions radiophoniques et télé sont fréquemment consacrées au travail de Jérôme où écriture (journal, Nouvelles et à la revue BORDEL) et musique sont intimement liées : Ubik ( France 5), Sous les étoiles exactement (France Inter). Depuis trois ans Jérôme travaille sur scène et en studio avec trois musiciens : Frédéric Rouet, Mathieu Zazzo et Cyrille Fournel, qui participent activement aux arrangements et à la composition musicale des morceaux. Chaque chanson de Jérôme Attal est construite comme un court-métrage laissant une grande part aux textes en français et habillée d'une musique rock d'inspiration anglo-saxonne...

La playlist (de mémoire et c'est un bijou qui n'a pas besoin qu'on la taille, tu parles!)
Sophie et son lapin
La convalescence d’un baiser
Monstre sous la palissade
Les petits doigts de pied de la mélancolie
La théorie des nuages
Au plaisir
Pornographie
Jeune homme changé en arbre
Chaine du froid
et un bonus dont je connais pas le titre, mais bougeait bien.
Le nouvel album est pour bientôt, il part en studio. Certainement courant Septembre/Octobre.
Il existe toujours le Live, que vous pouvez vous procurer ici: Disque Live

Mademoiselle K

pub:
Mademoiselle K, French rockeuse
Mademoiselle K, parce que ses textes, sa musik, jamais sans sa guitare électrik.
Mademoiselle K, c'est diablement énergik, suavement énervé avec une petite tendance à la fragilité.
Mademoiselle K, parce que sur scène c'est un K ...


Seule à la guitare électrique avec une boîte à rythme. Des accents disco-funky avec un solo de guitare disto-wah-wah, ou plus intimiste et plus doux, avec des textes gentiment rentre-dedans. Sa voix de gorge un peu rauque et son attitude font penser à PJ Harvey...

D*I*R*T*Y

D*I*R*T*Y est un collectif de journalistes, Selectors et musiciens. Et c'est extrêment bon...

Ensemble, ils animent un site, www.d-i-r-t-y.com qui est devenu en 4 ans une référence mondiale en matière de culture digitale sur le web. Ils sont aussi responsable des séries de compilations DIRTY DIAMONDS ( I & II ), paru sur le label DIAMONDTRAXX.

http://www.d-i-r-t-y.com

01. MOONDOG voices of spring
02. THE KONKI DUET on dort mieux quand il pleut
03. WILLIAM SHELLER lux aeterna introit
04. SA RA glorious
05. SIMON DUPREE AND THE BIG SOUND kites
06. NINO ROTA o venezia, venaga, venusia
07. AIR alpha beta gaga (jackson remix)
08. JOHN FOXX metal beat
09. I MONSTER these are our children
10. ARTHUR RUSSELL see through love
11. THE PASTELS wilderness end theme
12. MARTIN L GORE compulsion
13. FRANKIE KNUCKLES your love
14. YELLO daily disco
15. CHICKEN LIPS do it proper (maurice fulton mix)
16. OUT HUD hair dude, you're stepping on my mystique
17. THE MONEY PENNY PROJECT le cercle de minuit (octet swiss poney mix)
18. HARRY NILSSON one

Bref, c'était un bon moment...

La prochaine? Mercredi 22 juin : Les Suprêmes Dindes + Julien Ribot + Headcases + DJ Zebra

25.5.05

Hoover the rainbow

La Malédiction d’Edgar de Marc Dugain, Gallimard, 333 p- 19,90 €.



Il y a deux jours, on décalquait du ruskov. Aujourd'hui, on déboulonne du ricain. Encore un bouquin d'Histoire? Perdu... 'd'histoires' plutôt... Ici, on brode, on déborde, on enjolive, mais on s'en fiche. La réalité est là, en dessous, mais le roman s'échappe un peu où il veut. On est à Hollywood...

L'auteur:

Marc Dugain est né au Sénégal en 1957. La chambre des officiers, son premier roman paru en 1998, a reçu dix-huit prix littéraires. Après Campagne anglaise et Heureux comme Dieu en France, La malédiction d'Edgar est son quatrième roman.

L'histoire:

Le portrait de John Edgar Hoover, célèbre patron du FBI durant près de cinquante ans. L'histoire de ceux que Truman Capote surnommait "Johnny and Clyde" est ici relatée à travers les mémoires imaginaires de son amant et adjoint Clyde Tolson. Ses souvenirs éparses y sont consignés, entremêlés de dialogues reproduits pour l'occasion, accompagnés de fiches et de documents divers. Au milieu de la multitude de personnages réels, se glissent des personnages de fiction, et nombre de répliques inventées. Un portrait aussi vrai qu'un portrait historique, et une peinture brute de la vie politique américaine et de ses scandales.

Après un joli prologue très bien écrit, nous plongeons directement dans le récit de Clyde Tolson, le plus fidèle serviteur de J. Edgar Hoover, directeur du FBI de 1924 à 1972. Grand paranoïaque, homosexuel refoulé, - ou pas -, il a façonné l'histoire des États-Unis. Il a suivi de près huit Présidents, constituté des centaines de dossiers brûlants et mis sur écoute la plupart des acteurs officiels et occultes du pays, dans le contexte passionnant de la guerre froide. Sont revus sous un angle particulier et privé, l'ascension de la famille Kennedy, l'appétit sexuel quasi-maladif de tous les hommes de cette famille, les prouesses et faiblesses de ses fils, l'investiture et l'attentat de J.F. Kennedy, ses rapports avec la Mafia, la catastrophe de la Baie des Cochons, l'exécution des Rosenberg, le mariage avec Jaqueline Bouvier, le meurtre-suicide de Maryline Monroe. Avec ce livre, les mythes américains s'effondrent les uns après les autres, énoncant tous les vices de l'Amérique toute puissante. 50 ans d'histoire du XXème revisité avec intelligence, lucidité et fluidité.

Mon avis:

Un très bon livre, tout simplement parce qu'il nous donne ce que nous aimons: un "presque possible", un "ç'aurait pu être vrai " de destin gigantesque, orienté vers le pouvoir et la peur, l'argent, la politique, les moeurs sulfureuses des grands de ce monde... Bref, toute la force de ce roman, car c'est bien un roman, est de nous plonger dans le plus grand des scénari hollywoodiens, en partant d'une base réelle, de faits avérés et de détails historiques fournis...

Car c'est avant tout ça, la prouesse... extrapoler des rumeurs, des impressions ou des présomptions en un tissu qui tient très bien la route. Tout cela orchestré dans les dialogues et les récits avec un réel mordant. On se retrouve à faire parler Hoover, à d'autres ou à lui-même et cela donne des choses impressionnantes, comme dans l'extrait que je vous ai mis en bas.

Seul petit bémol pour les allergiques à l'histoire ou à la politique: il faut avoir quelques bases ou alors se forcer à chercher et vérifier les mouvements politiques d'alors ou du moins les grandes lignes de cette époque épique, pour ne pas être complètement noyé. pas noyé certes, mais être un peu perdu, entre réalité et fiction, c'est surtout ça le plaisir de ce roman: ne pas chercher à savoir le vrai... juste avaler l'histoire de Clyde et d'Edgar.

Un extrait:

Je suis déçu, docteur, je me suis livré de bonne grâce à ce jeu d'investigation psychologique pour me retrouver accusé sans preuve des délits les plus saugrenus. Je vous ai parlé d'un problème que j'avais avec les femmes que je sacralise avec les meilleures intentions du monde en les installant sur un piédestal et vous transformez cette attitude supérieure en une déviance d'une effrayante vulgarité, en me relayant au niveau zéro de l'humanité. Si ce Freud est bien le maître de votre docteur, docteur, il est à ranger dans la catégorie des hommes qui menacent l'Amérique. Il ne manquerait plus que nous ayons un parti freudo-marxiste et la panoplie serait complète. (...) Bien, je crois qu'il est temps d'y aller. Une dernière chose que je ne vous pardonnerai jamais, votre soi-disant psychanalyse ressemble à s'y méprendre à un interrogatoire. Et sachez que personne n'a jamais eu l'audace d'interroger sur ce mode le directeur du FBI

Des liens:
un avis

puis un deuxième

extrait 1

extrait 2

23.5.05

Ne pas vendre la peau de l'URSS avant d'avoir tué...

"Ce bon Staline" de Victor EROFEEV, chez Albin Michel, 396 pages /22 Euros
Traduit du russe par Antoinette Roubichou-Stretz


Une biographie romanesque, un roman historique, les confessions d'un fils à son père ou une autopsie de la Russie communiste... autant d'étiquettes possibles pour cet épais livre au doux parfum moscovite.

L'auteur:

Fils d'un diplomate de haut rang, Victor Erofeev passe une partie de son enfance à l'étranger. Il obtient son diplôme de la faculté de Philologie de l'Université d'Etat de Moscou, avant de faire, en 1973, ses débuts comme spécialiste de la littérature dans le magazine 'Woprosy Literatury'. Censuré par les soviétiques jusqu'en 1989, il devient l'une des figures les plus controversées de la littérature russe underground avant d'incarner, par son ton provocateur et son ironie incisive, la nouvelle génération d'écrivains de la Perestroïka. Son premier roman, 'La Belle de Moscou', a été traduit en quinze langues et salué comme un véritable événement de la fiction post-moderne.

L'histoire:

En 1979, à Moscou, Victor Erofeev participe avec plusieurs autres jeunes dissidents à la publication d'un almanach underground, 'Metropol', qui fait scandale. Son père Vladimir, prôche du Kremlin, 'un type qui flottait dans la vie comme un papillon' en ces temps de régime dur et dangeureux, reçoit, alors qu'il est ambassadeur auprès de l'ONU à Vienne, un ultimatum des Soviétiques : s'il n'obtient pas le mea culpa de son fils, sa carrière sera brisée. Alors l'enjeu dépasse le chantage ou la fusion père/fils: l'un servant le régime depuis toujours pour ses idées, par utopie... l'autre, produit de la nouvelle génération, ne pouvant que dénoncer l'échec d'un totalitarisme aveugle et stérilisant. Le choix n'existe pas, seul l'honneur ou le detin, appellez ça comme vous voulez, pousse à l'unique décision possible: le père encourage son fils à ne pas céder. Aujourd'hui, Victor Erofeev rend hommage à ce père qu'il s'accuse d'avoir "politiquement tué". Il retrace l'itinéraire d'un homme qui a longtemps cru sincèrement au communisme. Et, ce faisant, il conte sur le mode caustique sa propre enfance, dans un milieu privilégié.

Mon avis

Je suis de ceux qui préfèrent lire les romans que les manuels d'histoire. Les évèments, leurs enchainements et conséquences débitées dans un style factuel et linéaire m'ennuient. Pourtant, des romans comme celui-ci, qui a le talent de commencer par la fin en flinguant le suspens d'un énorme 'J’ai finalement tué mon père' à la première ligne, qui réussit à dessiner l'atmosphère d'une époque, à partir d'un contexte familial et politique, ainsi que l'absurdité de ce régime ou l'amour que les gens lui portaient, un romans comme celui-ci, disais-je, mérite plus que mon attention. Il mérite une lecture attentive.

Des dialogues soignés, des flash-backs où on se perd dans les anachronismes, une sucession de noms d'auteurs, de rencontres... On ne peut rester indifférent à ce témoignage. Car c'est avant tout celà que je retiens de ce livre: un portrait personnel, un hommage à un père, le tout mélé dans un décor fort et assez absurde pour y coller par ci par là une pointe d'ironie. Un écrivain qui tente une autobiographie, sans tomber dans les écueils déjà essuiés par ses illustres prédécesseurs: "Pourquoi les écrivains écrivent-ils leurs biographies ? Gorki dévide des kilomètres de dialogue, dont la vraisemblance se mesure à l'aune du mensonge. Quant aux souvenirs de Nabokov, ils sont d'une autosatisfaction écœurante. On y trouve même la vulgarité à laquelle il a déclaré la guerre".

Dans cet ouvrage, on est loin de la critique acide des débuts de l'auteur, de la force du sordide dont débordait Irina dans La Belle de Moscou, cette putain perdue qui posait nue mais rêvait d'une vie familiale exemplaire, elle qui n'était pas plus pourrie que les autres, bien au contraire. Le ton ici est bien plus doux, plus nostagilque. Un retour sur des années difficiles, entre l'exil toujours refusé pour donner de la force au combat, la peur du kidnapping ou de l'internement et le poids de la responsabilité du suicide politique de son père...

Et finalement, c'est aussi et surtout un bouclage de la boucle. La conclusion assez sévère de la fin d'une époque qui laisse perplexe: "La Russie retombera automatiquement dans l'autoritarisme, quel que soit le scénario idéologique. Le pouvoir, redoutant sa défaite, prend comme arme la peur généralisée qu'il inspire. Cette peur constitue l'unique ciment de la nation."

Longue vie à Pountine...

Liens:

Achète-le !

Lis la presse Camarade! Lire, L'Express, France Cu

21.5.05

En voiture Simone!!!

Comme pour s’excuser. Comme s’il avait à se faire pardonner, il eut fallu qu’il changeât…

Au Café de la Danse, mercredi dernier, Albin de la Simone a voulu nous le prouver, à grand renfort de guitare Goal III et de pantalon rouge, et ceci, pour notre plus grand plaisir.





« Je vais Changer », second album d’Albin de la Simone (sorti le 3 mai). Après un premier , sorti lui en 2003, de ce chanteur, pianiste, guitariste, saltimbanque et compositeur aux multiples et prestigieuses collaborations (Arthur H, Mathieu Boogaerts, Salif Keita, M, Feist Alain souchon aussi... et Alain Souchon surtout…, et aussi Franck Monnet ou Myrtille ou Jean Louis Aubert ou Raphaël ou Ginger Ale) et aux textes fins et tendrement absurdes, doux, durs et beaux... Bref, un de mes artistes préférés… Il signe ici son 2ème opus, et ça vaut le coup... Ecoutez-le. Vous allez voir il est marrant! "Marrant mon cul! Allez vous-en j'ai des poux!", pourrait-il vous répondre comme dans 'Non merci', taquin comme il est. Bravez son humeur belliqueuse et tentez le coup. C'est à mon sens la meilleure chose qui nous soit arrivée depuis longtemps...



Je ne vais pas vous décortiquer l’album. Il est en écoute sur le site, en quasi intégralité. Allez y perde l’envie de travailler en ce lundi matin…
Pour l’heure, c’est revue de concert…

Café de la Danse, mercredi dernier.
Noir, clap clap...et arrivée de Bastien Lallemant et ses « Erotiques Claviers », chaperonné par Albin. Un petit duo d'ouverture, lui en T-shirt bleu ciel décontracté, Bastien 'j'ai-des-oreilles-nouvelle-scène-française-et-je-m'en-fous' Lallemant en Tshirt orange. Ils partagent les « Bijoux ». C'est un début, mais pas une perle.



La suite est bien plus enjouée: Les boucles d’Ana, Jolis tambours, Torticolis ou Madame Liste sont autant de picotis sympathiques. La voix grave ou disons gravissante, se mêle aux mélodies douces. Mon miam viendra d’un barbu à 4 pattes qui percussionne comme personne.

Puis entrée en piste de l'artiste, Albin de la Simone . La playlist du bonheur...

Simone
Avril 4000
Je vais changer
La rue Pigalle
Je te manque
Il aime (avec Jp Nataf, d'où le "IL")
Tu ne peux rien faire
Impro...
Notre homme
Quand j'aurai du temps
Avant tout I want you
Non merci
Ces mots stupides (avec Jeanne Cherhal... ouais... bof )
Démonia
Il pleut
Je vais changer version 2
Un concert punch, de l'écrasage de clavier, de la guitare et un vrai groupe! Moi c'est ça qui m'a secoué... Il n'a pas changé, il est simplement plusieurs... Assez HKien tout ça...

Artpasnet pour les photos.
Elles sont magnifiques=> Artpasnet page VIII

"J'ai pesé dix kilos...
dont deux de vélo...
en pantalon velours...
et débardeur éponge...
J'ai chaussé du 18...
du 28...
du 38...

J'ai eu les fesses rouges...
du talc dans les langes...
les cheveux gras et longs...
j'ai d'ailleurs été blond...
De 0 à 8 mois...
puis à 15 ans...

Tu vois, j'ai changé, j'ai changé, j'ai changé, ne t'inquiète pas... palapap pala palapalap, palapap pala ... "

On s’inquiète pas Albin, c'est juste qu'on te croit pas...

Des Interviews: 1 et 2
Un article de Libé

19.5.05

Rêve, charogne !

Un petit poche pas cher pour picorer entre les siestes. Tabloid Dreams, de Robert Olen Butler chez Payot et Rivages,





L'auteur:
Robert Olen Butler est né en 1945 dans l’Ilinois. Il vit à Lamont en Floride où il enseigne la littérature.
C'est tout? Ben non... c'est un bizarre.
Ce type avait tenté un Loft story de l'écrivain, qu'on peut encore visionner
, il y a 4 ans: on le voyait se coller à sa page et 'dérouler le processus créatif'... Un étrange qui voit internet comme autre chose qu'une perte de temps pour l'entreprise, mais un moyen de métacommuniquer... Un Bernard Werber sauce Mac Do, mais avec un talent d'écriture lui au moins...


Bibliographie :
Doux parfum d'exil (Un)
Étrange murmure
Fille d'Hô Chi Minh-Ville (La)
Mots de têtes
Mr Spaceman
Nuit close de Saigon (La)


L'Histoire

Une femme renversée par un camion devient nymphomane, Le plus jeune tueur du monde est un garçon de neuf ans, des survivants du Titanic découverts dans le triangle des Bermudes, JFK assiste en secret à la vente aux enchères de Jackie, Une femme se sert d’un œil de verre pour espionner son mari volage…
Les titres des douze nouvelles écrites en 1996 par Robert Olen Butler sont éloquents. Inspirés par la presse à sensation ils sont autant d’occasion de raconter les histoires surréalistes, déroutantes ou sordides des sans-grades de la condition humaine. Celle, par exemple, d’une noyée du Titanic devenue particule d’eau et qui nous livre son expérience à travers les remous d’un water-bed.
Mélangeant soigneusement cultures populaire et bourgeoise dans un style direct et fracassant, elles explorent les remèdes supportables que certains trouvent à l’exil, à la perte, au désir et à la recherche de soi.
Désopilantes, fantasmatiques, ces nouvelles d’amour et d’humour façon tabloïd sont encore une fois la preuve du talent de Robert Olen Butler à capter les voix, de sa virtuosité d’écriture et de son goût pour un certain genre d’acrobatie littéraire.



‘‘Lisez tout ; si vous êtes frustré et que vous considérez que rien ne se passe dans la fiction moderne, vous trouverez Tabloid Dreams épatant.’’
The New York Times Book Review

‘‘Tabloid Dreams est un inimitable tour de force’’
The Washington Post Book World

Pour aller plus loin

le
train
une
interview
son site :
http://www.fsu.edu/~butler/

17.5.05

Fforde fiesta

Jeudi, rencontre... avec Jasper FFORDE

Paris trip to launch French hardback of Lost in a Good Book and mass market paperback of The Eyre Affair.


Signing details:

Date: Thursday May 19th at 7:30 p.m.

Location: Librairie ALICE MEDIASTORE

49 bis rue Reaumur 75003 PARIS

Ce mec est un gentil fou... à découvrir

Pour faire court, ce livre, que je qualifierais de thriller surréaliste, est le roman le plus réjouissant que j'ai lu depuis longtemps et Jasper Fforde entre par la grande porte dans le monde des littératures de l'Imaginaire : son livre est complètement loufoque. Imaginez une année 1985 où le citoyen lambda est prêt à manifester, à revendiquer voir à se faire étriper pour prouver que Marlowe a écrit les pièces de Shakespeare ; où le même citoyen de base peut s'arrêter dans la rue, glisser une pièce dans la fente, et entendre un automate réciter des vers du grand dramaturge anglais ; une époque enfin où sévit la Brigade Littéraire du Service des Opérations Spéciales (les OpSpecs) pour traquer la contrebande littéraire devenue un marché très lucratif. Thursday Next, la narratrice, est LittéraTec, échelon OS-27, par la force des choses. Quand un beau jour, le manuscrit original de Martin Chuzzlewit de Dickens disparait, Thursday est propulsée OS-5 et son travail prend une tout autre dimension. Elle doit alors lutter contre l'ennemi national, Achéron Hadès, qui est soupçonné de s'être emparé dudit manuscrit mais aussi d'être le ravisseur de l'oncle de Thursday, l'inventeur Mycroft Next. Et le tonton Mycroft n'est pas n'importe qui puisque, en plus d'avoir inventé l'indispensable méthode pour expédier des pizzas par fax et le tant attendu crayon 2B avec correcteur d'orthographe intégré, il a fabriqué le Portail de la Prose qui permet à quiconque sachant s'en servir d'entrer dans un texte littéraire. Et le sinistre Achéron a bien l'intention de manipuler ainsi les plus importants textes de la littérature anglaise tels que Chuzzlewit, où Jane Eyre.

source: http://www.mauvaisgenres.com

un grand malade...

15.5.05

La Cigale aux bords des lèvres

- Attention, revue de concert de chanson française néo réaliste. Jeunes punks et autres rockers, passez votre chemin-

C’est l’histoire de la Cigale qui sous la bise venue de l’hiver, se souvient avoir chanté tout un soir d’été, rien que pour emmerder sa voisine la Fourmi. C’est un voyage dans le temps, à rebours. Le souvenir d’un moment mimique, sismique, orgasmique, plein de sons et de musique… Merci à ALEXIS HK...



Je ne parlerais pas ici du détail des intermèdes de qualité, de cette première partie que tout le public bovin a adoré ou de l'absence si pesante de Peyo et de son fessier sauteur ou autres glokenspieleries, d'autres ici le font mieux que moi... Je me contenterais de vous présenter l'artiste et son album dernier en date, pour les non aficionados que certains d'entre-vous sont encore...
Dash est là pour vous laver de cette horrible ignorance.

L'Arménie ne sait pas faire que des victimes à génocide, des tremblements de terre des joueurs d'échecs ou des tapis... Elle nous apporte une fois tout les cinquante ans, un chanteur. C'est ainsi. Aznavour, fût le précédent(on n'a pas toujours du bol). Alexis Djoshkounian est celui de ce demi siècle-ci. Profitons-en avant le prochain.

Mis dans le grand bain à bulles de chanson française néo réaliste par Olaf Hund, alors manager du label Musiques Hybrides, il commence à exister pour les autres avec "C'que t'es belle", tartiné à souhait sur les compils de choc de cette nouvelle scène. Et de scène justement, il n'est pas z'avare, puisqu'il tourne et tourne et retourne, entre 1998 et 2000, de tremplin en festos, accompagné par trois musiciens. Mais musicalement, à quoi est ce que cela ressemble, du Alexis HK? Et bien, mon cher, c'est un mélange doux et fraichement musical, entre l'univers classique de la poésie et celui des lancés de nains et autres catcheurs. De l'humour, du décalage, mais surtout un talent textuel et une croonosité à faire palir tous les marbres à Cannes. (jeu de mot mécanistique). Quant à la formation, elle a évolué au fil de la pelotte; du trio aux 5 doigts de la main. Hk, chanteur et guitariste, s'entoure de Mana Chabbey (contrebasse), Grégoire Riou (accordéon), Marc Riou (percussions et flûtes), Ronan Yvon (guitare et mandoline) et Peyo Lissarrague (caisse claire). Reprenons le fil: ainsi formés, les 5 mercenaires (oui, y a eu de la casse à la contre basse) attaquent le nouveau western moderne, et le combo repart sur les routes à la rencontre du succès damné. C'est donc naturellement qu'il sort son premier album, "Belle ville", en septembre 2002. Début 2003, HK est signé chez Labels, qui ressort son album, conscient du hit valsant de la beauté éthylique du "C'que t'es belle" radiophoniquement testé et approuvé, le cachet de Néo faisant foi. Nomination au prix Constantin, aux vistoires pour le clip... Ils poussent. Suit L'Homme du moment en 2004, plus celtique, plus pointu, mais toujours aussi décalé: on ne réhabilite plus Jean Lefèvre, mais on fait son Coming Out d'homo de droite, entre un brunch avec la Norvège ou un tuage de vieille à chien...

Alors pourquoi précisément venir vous parler de ce concert-ci ? Parce que justement, le souvenir est là, et bien là, la boucle est bouclée et lorsque Bradonna (fruit d'une levrette illégitime entre un grand chanteur français à pipe et à moustaches et d'une jeune, pulpeuse et sulfureuse star américaine de pop music) a été repris par tout un public en transe, il se doit de laisser place au neuf... le veuf.
Il est nécessaire d'un après la Cigale.

Ici la play list de ce soir de folie:
Son histoire
---------------
Nous sommes revenus
La femme aux mille
amants
Tandis
Diable attend
Coming out
Le nouveau western
Chien de vieille
Norvège (en duo avec Silje)
Gaspard
Rap à
Carrouf
Le ringard
L'homme du moment
Le veuf
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Ode à
la mer
Le mouton de Panurge
Bradonna
Mitch
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C'que
t'es belle
Aigu
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Son histoire


Un bien beau concert, où les fans auront masqué leur amertume pour ne voir que la bright side of life. Une pensée pour Peyo, qu'il se repose et revienne vite. Une seconde pour Mezrahi, qu'il repose en paix et meurt avec Ruquier.

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une interview

DISCOGRAPHIE
(2004) L'Homme Du Moment 1.Nous Sommes Revenus 2.Chien de Vieille 3.La Femme Aux Mille Amants 4.Coming Out 5.L'Homme Du Moment 6.Tandis… 7.Norvège 8.Le Veuf 9.La Grand Pan 10.Ode à la Mer (les marins) 11.Juste Une Fois

(2003) Belle Ville 1.C'que t'es belle 2.Bambin 3.Interlude 4.Gaspard 5.Interlude 6.Cyclopède 7.Interlude 8.Interlude 9.Diable attend 10.Interlude 11.Le ringard 12.Interlude 13.Interlude 14.Nous 15.Mitch 16.Interlude 17.Son histoire -parole(s)-

(1996) Anti-héros notoire 1.De ne pas bouger 2.Phobie 3.Chien de vieille 4.L'enfer du défunt 5.Aiguille avance 6.Le général 7.Misérable expédition (anti-héros notoire) 8.Le vicieux 9.Le vieux continent 10.C'que t'es belle 11.Foutons lui la paix

13.5.05

Chinese Food

Dans l'attente d'un arrivage tout frais de romans tout beaux et jolis et récents, on lit un peu de Romain Gary avec ses mangeurs d'étoiles, croyant qu'on a la vie devant soit et qu'elle se termine pas au Pérou... Mais entre deux, on tente une percée de muraille vers les vertes plaines de Manchourie.

Aujourd'hui, on prend ses baguettes et on déguste. On nehm qu'avec le coeur...


C'est le moment idéal pour un apéro nouvelle cuisine et découvrir avec joie et allégresse l'onctuosité et la fraîcheur de la littéarture contemporaine chinoise. Et on commence par un court roman de MO YAN, qui n'est pas n'importe quel pékin...

Éditeur : Seuil (4 mars 2005)
Collection : Cadre Vert Format : Broché - 107 pages

L'auteur:
Mo Yan est né en 1956 dans une famille de paysans pauvres du Shandong. Il a commencé à écrire en1981 et est entré en 1984 à l'Institut des arts de l'Armée de libération. Mo Yan est désormais largement connu et reconnu, tant en Chine qu'en Occident ; ainsi, après Les Treize Pas, Le Pays de l'alcool et les nouvelles Enfant de fer, Beaux seins belles fesses (Seuil, 2004) a confirmé de manière éclatante son génie singulier.


L'histoire:
Lorsque Lao Ding, à l'âge de soixante ans, est licencié de l'usine Étoile rouge pour cause de faillite, c'est un monde qui s'effondre. Mais une nouvelle Chine est en train de naître, fondée sur l'initiative privée, où se déploient tout ensemble l'ingéniosité du petit peuple, la corruption des cadres, la solidarité des générations et le chacun-pour-soi... Maître Ding retrouve l'enthousiasme et la vigueur grâce à une idée géniale, bien audacieuse, et à l'infaillible soutien de son fidèle apprenti devenu conducteur de tricycle. Il ne sait pas qu'au début de l'hiver, une nuit de terreur l'attend...


Mon avis:
Il est toujours difficile de savoir à quelle part on doit la forme et le rythme d'un roman traduit, s'il est à l'origine ou si le traducteur l'a bonifié de quelque manière que ce soit. Toujours est-il que mes compétences en Chinoiseries s'arrêtant là, je me rabats sur l'édition française et en tire des conclusions sur son auteur originel.
Le décor de ce court roman nous plonge dans une Chine en transformation, entre archaisme et progrès, en mettant en scène un vestige de l'ère Révolutionnaire, notre Grand Oncle Lao Ding. Même son nom ne veut plus rien dire dans le merdier actuel. On balaie l'ancien et ses traditions pleines de naphtaline. Débris préhistorique licensié d'une ancienne usine agricole relookée en entreprise à faire des canettes en alu, notre héros est un stigmate de la course au lifting capitaliste dans laquelle se lance le pays tout entier. Inadapté, il doit évoluer ou mourrir. Et dans l'Empire du milieu, la mafia n'est jamais bien loin de toutes forme de profit rapide et salutaire quand ils poussent sur la misère... Il a le génie d'aménager un vieux bus pourri, tombé en carcasse ferraillante près un lac, en une tendre couche nuptiale pour amoureux libertins souhaitant se dégourdir les muscles en fin d'après midi. Une mane sans fin, jusqu'au drame... un happening de sa conscience...
Par des mots simples et des situtations nettes, l'auteur pose un regard décapant sur la société chinoise contemporaine. Un très bon roman, qu'on aimerait plus long pour être plus complet. Plein de tendresse et d'humour, ce petit roman laisse présager une fuite de votre servieur vers le rayon Littérature Asiatique dès la semaine prochaine...

11.5.05

Cours, Forrest !!!

François Bégaudeau - Dans la diagonale Éditions Verticales - 216p, 17€ - 2005




Si le titre n’avait pas déjà été utilisé, peut-être François Bégaudeau aurait pu appeler son second roman L’esquive, tant il y érige en art de vivre la tangente, la bifurcation, le « Sideways » pour reprendre une fois encore le titre d’un film récent. L’art de filer en diagonale qui nécessite pour le narrateur trentenaire tendance asocial maladif et peureux une vigilance de tous les instants. Pour s'échauffer, Bégaudeau décrit au début du livre l’attitude sans cesse à l’affût « tête haute buste droit » permettant d ‘anticiper et de fuir toute rencontre inopportune avec des fantômes du passé (je vous ai mis le passage en extrait... je suis sympa. Ca m'a rappelé le RER et Aurélie, mais ceci ne vous intéresse pas...) Une conduite qui fait ses preuves jusqu’à la rencontre inévitable avec Jacques un ami de lycée avec lequel « on ne s’en sortirait pas avec une petite oblique routinière ». Tu m'étonnes... Celui-ci l’invite à passer un week-end à la campagne pour fêter le premier anniversaire de son mariage.

Le narrateur muet bien malgré lui n’a guère le choix et se met au bord de la route pour se rendre quelque part en Touraine. Ce trajet en stop où se dessine une architecture géométrique des bretelles, des autoroutes, des panneaux de signalisation est une succession de rencontres avec des chauffeurs en quête de sens à la destination hasardeuse dont le voyageur écoute les longs monologues de plaintes, de désillusions ou d’échecs. Chaque petit bout de ce périple se termine par « Je ne vais nulle part, mais ce n’est pas par là » de la part du conducteur et le « C’est parfait » du passager. Lequel finit par arriver dans le village de Jacques qui le récupère et l’amène à sa maison, où quelques invités sont déjà arrivés. Cette partie est dosée juste. Au moment où le procédé commence à peser, le narrateur arrive a destination.

Dans la partie la plus importante – et sans doute un poil trop longue - du livre, Bégaudeau met en scène une dizaine de personnages dont il dissèque avec cruauté et ironie le vide des propos et des relations. Parmi ceux-ci, Jean Billard philosophe pérorant et coutumier de fumeux aphorismes, la grosse Chantal dont le but ultime est de « se faire niquer », Marie et Martin un couple d’enseignants aux échanges balisés de « entre guillemets » et « on va dire », Joe qui connaît vraiment beaucoup de monde «et souvent tous des huitres», un collègue de Jacques venu du Sud-Ouest bon rugbyman à l’accent cassoulet. Sous fond d’actualité dans le poste – la guerre contre l’Irak copieusement commentée par la fine équipe -, la soirée s’écoule de l’apéritif au repas dans une ambiance terne et convenue qui, alcool et ennui aidant, va virer au délire le plus total dans la dernière partie du livre.


L’auteur de Jouer juste, sorti en 2003, pose ici un roman étrange et déconcertant, parfois agaçant à cause de quelques longueurs, souvent très drôle et franchement acide. Le livre en quatre parties est écrit dans un style parfois télégraphique qui multiplie les répétitions, alterne dialogues et narration et se développe en un final assez barré.

On ne voit pas le narrateur, on est simplement dans ses chaussures. (façon de parler, il les cherche tout le roman). On ignore son nom, seulement affublé d’un « Teddy » par un des convives, aussi effacé et passif, incapable du « je », préférant un « ici » de situation. Cette distanciation, cette volonté de ne pas s’impliquer procurent à Dans la diagonale une atmosphère singulière et prenante: un véritable observatoire des relations merdiques. La lecture des dernières pages où se mêlent quelques invités et un tas de bizarres offre ainsi une réelle échappatoire à un narrateur de pouvoir prendre définitivement la tangente.

Un vrai bon livre qui sorti en février m'avait échappé. Merci Patrick Braganti de Benzine magazine http://www.benzinemag.net/

Va sur le site jeune punk.
http://www.editions-verticales.com/

Extrait:
« L’inertie a mille visages, manteau mature cheveux bouclés polo moulant, et alors quoi faire sinon obtempérer quand ils ouvrent des bras de pieuvre ? Les coins de rue sont des pièges. Il faut ralentir à l’approche puis s’écarter de l’angle saillant au prix d’une courbe qui en polit la pointe prête à couper l’élan, puis à nouveau tête droite buste haut c’est loin devant qu’on porte le regard, à hauteur des visages parmi quoi il s’agit de repérer la connaissance vieille. À son insu. Impérativement à son insu. Une fraction de regard réciproque et c’en est fini, c’en est triste, c’en est foutu. C’est prévenir qu’il faut. Que la rencontre n’ait seulement pas lieu, que l’autre ne voie rien ou alors trop tard, après seulement qu’un coup de rein doublé d’une accélération rectiligne m’a fait fondre sur lui, si bien qu’il me perçoit mais déjà s’enrhume du courant d’air qu’à sa portée je crée, absorbé dans d’impérieuses pensées, regard requis par l’horizon, l’esprit tout à la mission bienfaitrice qui m’appelle en haut de la rue mais. Mais, stupéfiante abnégation dans la lourdeur, certains vous interceptent ou vous rattrapent, jambes tentaculaires à leur cou c’est marrant comme ça fait drôle disent-ils vous ayant agrippé. C’est pourquoi à la fuite en avant je préfère la déviation intangible, l’écartement subtil, l’indistincte digression, ni vu ni connu bifurquer, sans éclat s’excepter de l’ordre de marche, tête haute buste droit j’aperçois le passé au-devant et zip je tords ma trajectoire en une oblique subreptice qui me mène à la chaussée traversée dans l’axe de l’impulsion biaise, débonnaire comme si cette ligne permettait seule de rallier le trottoir opposé où maintenant me voici à l’abri, et d’où je peux, souverain, risquer une volte-face pour observer le dinosaure au bout de l’oblique inverse. »

Alors, ça transpire hein? François Bégaudeau a l’imagination débridée, l’écriture moderne et inventive, bref c'est clairement un écrivain à suivre. Mais pour ça, il faut des Nike Airmax, sinon on reste sur le carreau...

A vos marque pages, prêts... lisez!!!

9.5.05

Hongrois pas si bien dire...

(pardon pour le jeu de mot pourri, plus ça va, pire c'est)

Aujourd'hui, une petite leçon d'Histoire. Prenez vos manuels page 12. Puisqu'on nous demande de statuer sur l'Europe en fin de mois, regardons de plus près l'histoire de certain de ses pays membres et commençons par nous remémorer un certain jour de 1956, en Hongrie...




"Dans les années cinquante, les Hongrois, et plus particulièrement les intellectuels et les étudiants, aigris par le régime communiste, exigent le départ des troupes soviétiques et l'organisation d'élections libres et pluralistes. La population proteste de plus en plus ouvertement contre la baisse du niveau de vie et contre l'aliénation de l'indépendance nationale.

Fin octobre 1956, dès la nouvelle de la rébellion polonaise contre la tutelle soviétique, les opposants politiques hongrois font également connaître leur mécontentement en défilant pacifiquement dans les rues de Budapest avant d'organiser la lutte armée. Une partie de l'armée hongroise se range alors du côté des insurgés. Un nouveau gouvernement magyare, placé sous la direction d'Imre Nagy, prend fait et cause pour les insurgés. Il demande le retrait des troupes soviétiques et abolit le système de parti unique avant de proclamer le retrait unilatéral de la Hongrie du Pacte de Varsovie et la neutralité du pays.

Le 1er novembre 1956, l'Armée rouge fait mine de se retirer. Mais en vérité, elle continue à observer le pays qui sombre dans la "contre-révolution". Entre le 4 et le 8 novembre 1956, Nikita S. Khrouchtchev charge l'Armée rouge de liquider l'insurrection hongroise par la force. Les troupes soviétiques attaquent en masse et destituent le gouvernement d'indépendance nationale. Janos Kadar, premier secrétaire du parti communiste, devient le nouveau chef du gouvernement hongrois et rétablit un régime fort bien qu'ouvert à certaines réformes économiques.

Le moment choisi par les Soviétiques leur est très favorable puisque le camp occidental, profondément divisé et affaibli par la crise de Suez qui se trame au même moment, n'est pas en mesure de réagir de façon appropriée et assiste, impuissant, à l'intervention russe. Une répression impitoyable s'abat immédiatement sur la Hongrie et des centaines de milliers de Hongrois se réfugient à l'Ouest. Le nouveau gouvernement hongrois à la solde de Moscou rétablit dans le pays un régime dictatorial et referme toutes les frontières. Par cette intervention musclée au mépris de le démocratie, le prestige de l'URSS dans les pays d'Europe occidentale tombe au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale."

Vu comme ça... c'est sûr que c'est peu engageant. Demandons plutôt à Monsieur Imre Kertész Prix Nobel 2002 de nous faire un petit topo:



C'est un recueil de nouvelles. Trois courts récits pour évoquer trois expériences cruciales de l'auteur, en Hongrie, à partir des années 1950. Le Drapeau anglais se situe à Budapest, pendant l'insurrection hongroise de 1956 (celle de la photo), et met en scène un vieux professeur à qui une poignée d'élèves, avides des talents de conteur de leur maître, demandent un ultime effort de mémoire . Le Chercheur de traces (publié séparément par Actes Sud en 2003) raconte le retour d'un homme dans une région où, longtemps auparavant, ont eu lieu d'indicibles crimes. Et Procès-Verbal relate un voyage de Budapest à Vienne, peu après la chute du mur de Berlin, voyage qui se transforme en un cauchemar bureaucratique grâce à la virtuosité d'un douanier. Un triptyque singulier où questionnement philosophique côtoie amour pour la langue et la forme littéraire. Trois textes d'une rare puissance narrative. Trois petits bout d'anecdotes qui permettent de dessiner un croquis de la Hongrie, de ses habitants et de leurs cicatrices.

Je ne m'étends pas plus...
Ce Monsieur est prix Nobel, moi je gribouille un blog...

Pour l'acheter, la Keuhfna
Une Biographie
Des liens grâce à France-Cu
Une interview dans Lire

7.5.05

Monstres et Compagnie

Vous avez trouvé mièvres "Les Choristes" ? Vous avez pesté contre le scénario tire larmes ? (ou Tire l'arme? Mais qu'est ce que j'ai fait de mon gun?). Le pensionnat comme renouveau pour affirmer l'autorité et éduquer les enfants façon 1930, vous trouvez ça stupide de fausse nostalgie ? Bienvenue dans le monde monstrueux de Jean Meckert

« Je suis un monstre » a été publié pour la première fois en 1952 aux éditions Gallimard dans la collection Blanche. Aujourd’hui, les éditions Joëlle Losfeld inaugurent avec ce titre, livre très réaliste, et « La marche au canon », la publication des inédits et introuvables de Jean Meckert, alias Jean Amila.

Un petit mot sur l'auteur:

Né en 1910, Jean Meckert passe une partie de son enfance à l’orphelinat puis commence à travailler en usine à 13 ans. Il fait différents petits boulots : magasinier, mécanicien, employé de garage… Prisonnier puis maquisard pendant la seconde guerre mondiale, il publie son premier roman, « Les coups » en 1942, encouragé par Gide, Queneau et Martin du Gard. Sous le pseudonyme de John Amila puis Jean Amila, il écrit pour la Série Noire de Marcel Duhamel plus de 20 romans policiers. Il aborde différents genres, littéraire, science-fiction, jeunesse, théâtre ou cinéma, il travaille avec Yves Allégret, André Cayatte ou Georges Lautner. Père spirituel de Didier Daeninckx, il évoque chaque fois ses thèmes favoris, le justice, l’engagement, la liberté. A la suite d’un voyage à Tahiti en 1971, il dénonce les essais nucléaires, ce qui lui vaut d’être tabassé. Partiellement amnésique, il est mort en mars 1995.

L'histoire:

Nous sommes dans un pensionnat de Savoie. Un adolescent communiste est assassiné par quatre de ses gentils camarades "popotins". La politique, à 14 ans dans les années 50, ça se règle à coups de cailloux. Narcisse, le jeune moniteur qui narre l'histoire, décide d'abord de maquiller le crime en accident... Ce qui arrange les coupables et le directeur. Mais ce personnage solitaire qui se décrit comme un "monstre", à la sexualité et aux valeurs incertaines, va peu à peu fuir la lacheté facile, fuir aussi le théâtral affrontement moral pour finalement affirmer sa solidarité avec les autres adolescents qui réclament justice et vont jusqu'à la révolte ouverte. Elle sera matée, Narcisse à sa tête sera expulsé, restera aux enfants à allumer un incendie vengeur et purificateur. On est loin du glamour de la culotte de velours...

Mon avis:

Si le recit à des côtés un peu lourds de par le décor mi Frison Roche, mi Club des 5, on ne reste néamoins pas insensible au questionnement du héros. Croire en la morale, ou pas, croire en quelquechose déjà: il intellectualise de trop et se fait mal... Le constat de l'inhumain, transpirant de ces enfants déjà adultes, mêlé à la déception et au mépris face à la lacheté de plus grands ont vite fait de vous mettre mal à l'aise. On est tous des monstres, c'est un peu la conclusion de ce roman noir, un chouilla anar, mais tellement bien écrit et loin des clichés éduco-nian-nian du père Jugnot et de son atmosphère joyeuse de l'après guerre. Je vous colle un extrait et vous invite à l'acheter, pour 10€50. Je me tourne quant à moi vers sa "marche au canon" qui semble encore plus noire et donc encore plus vraie. On va bien se marrer.

Extrait:

Il y eut un silence et le vent de nuit siffla dans les pins voisins et gonfla légèrement la chemise du gosse crevé. Un spasme me venait au ventre, comme une envie de me battre, comme une envie de théâtre ; j'aurais voulu avoir une arme et monter la garde, tirer sur quelque chose ou sur quelqu'un. Puis le sens des responsabilités reprit le dessus et je me dis qu'il fallait agir rapidement.
- Le mieux, dit Mathis, c'est de camoufler.


Quedale Mathis, le mieux, c'est de le lire...

Liens:
Article du monde
Article Télérama
Article Lire

5.5.05

Libération hors série

Juste un petit mot aujourd'hui, pour vous parler de ce quotidien que l'on guette le jeudi matin. Parfois.

Vous avez peut être sauté au plafond comme moi hier en observant la couv' ainsi qu'une pleine double page offerte à Bob Dylan. Les articles, riches en clichés et autres transpirations de fans, comparaient alors Mr Tambourine à Shakespear. cet article était proprement énorme. On avait peur de rien: la bio que sort l'artiste en ce moment, chez Fayard, intitulée "Chroniques" était la bible nouvelle génération et ne s'adressait pas seulement aux fans, mais devait être distrubée au monde entier, tant "l'homme qui avait marqué le XXè siecle de son empreinte" méritait une reconnaissance digne de son talent...



Ouais... J'ai pas le nom de l'auteur de l'article, mais s'il a moins de 30 ans, je dirais que c'est quand même dommage pour lui...
Bref, passons.

Car aujourd'hui, comme pour gommer son délire post soixante huitard d'hier, Libé fait un sacré numéro hors série... "Le rock Anglais, raconté par ses meneurs", , à lire ici et franchement, y a rien à jetter. L'icono revistée par Heidi Slimane, un edito d'Alex Needham du New Musical Express, Alex Kapranos (leader de Franz Ferdinand), Alison Mosshart (chanteuse de The Kills), Paul Simon (Le bassiste des CLASH), Alan McGee, Dominic Matters (chanteur de The Others) ... et tout ça disponible en Vo ou VF...




Je ne résiste pas à vous poser ici mon article préféré, celui de Gus Van Sant, qui décrit la dernière soirée passée avec Kurt Cobain.

I remember that Kurt, when introduced to me, looked at me as if I wasn't nodding to him and saying hello. He just stared at me like a kid will do when watching a television. He had short blond hair in a kind of bowl cut. It was summer of 1991, and we had contacted his manager, Danny Goldberg, to help us in a fundraiser in Los Angeles, to battle a particularly vicious anti-gay initiative in Portland Oregon, that would have made it illegal to have out gay teachers in schools, and also as any kind of state worker, which would have meant politicians, road workers, police, etc.
Courtney had been particularly big on Danny helping us, which he told us when we first met him, and wanted to get as many people involved as he could. And we organized the fundraiser with Tom Arnold and Rosanne Barr's help at the home of my agent John Burnam in Tony Bel Air California. The night before the actual event, we were invited to the home of Dany Goldberg, and it was the occasion of meeting Kurt and Courtney, who showed up late as we were eating dinner with Bob Guccione Jr, who ran Spin Magazine, and Rosemary Caroll, Danny's wife, and D-J Haanraadts, my boyfriend. Kurt sat a couple of places away from me and just stared down the table, in a very odd way.
I started to guess that maybe he had just gotten out of a rehab, because of his short haircut, and his wide eyed stare, which was particularly open and fresh and innocent, which can happen when people just get out. I remember him sitting there not saying anything, but the presence in the room was tilted all of a sudden, like the big rock star had entered and was sitting at the end of the table not saying anything. The others were perhaps used to it, I wasn't.
Courtney on the other hand was very talkative. Then, later we were all sitting in the back yard smoking, and Courtney was reading from a rock and roll magazine, and doing a kind of stand up routine, dissing the quotes from the magazine, referring to long standing arguments between rock performers in the northwest music scene, people I didn't know, I think it was probably Eddie Vedder, or a grunge star like that who the article was about.
The thing that I noticed the most was Kurt. He was laughing like a very kept audience at Courtney's diatribe. And we started to laugh along partly because Kurt was laughing - and sometimes adding a few comments along with Courtney. They were really into this magazine article. I pretty much just listened and started to realize that I was really fascinated by Kurt. And at the same time, realizing some of this fascination was probably what drew everyone to him.
He had a lot of unexpected charisma. It was also a time for me when I didn't really know his music so much, mostly just the legend, and the rock star image. Other bands in the northwest that I did know were Greg Sage, Napalm Beach, and Poison Idea. Napalm Beach was the band the had the most "grunge" sound, Sam Henry was the band leader, and it was a sound that we used to call Penitentury Rock, in the mid eighties.
When we left Danny Goldberg's house Kurt and Courtney got into a very small red toyota rental car. Kurt was driving. They turned and said "We're down here in LA, we don't know how long we're going to be here. We don't have any friends." D-J and I said, "We'll be your friends. Come to the fundraiser tomorrow, there will be people that you probably know. Danny and Rosemary will be there. "They said okay, they'd come to the fundraiser, but they never showed up. Kurt later volunteered to play a fundraiser the next month in Portland, which he did with Nirvana. But that night was the last time that I saw Kurt, when he and Courtney drove away in their red toyota.


Y a pas que Tony Blair dans la vie...

et heureusement...

3.5.05

Presse Papier

J'avais promis que j'y reviendrai. Ben voilà...

Je vais parler aujourd'hui de Paperboy, le roman de Pete Dexter publié chez L'Olivier, et qui sort en poche là, depuis le mois de mars. Je vous ai déjà évoqué cet auteur et son style ici, pour la sortie de Train. Là, je remonte un peu dans le temps, pour aller à son 4ème roman, et vous allez voir qu'on va pas faire le voyage pour rien.

Je mets l'accent sur l'histoire, pour le reste, je vous fais confiance pour aller fouiner.

L'histoire:

Hillary Van Wetter croupit dans une cellule de la prison de Moat County, en Floride, et attend la mort. Il est accusé d'avoir assassiné - ou plus exactement éventré - le shérif local pour vengé son cousin, rossé à mort. Ce vieux shérif de campagne est un peu spécial, à moitié fou, à moitié pourri et surtout complètement ancré dans les traditions de la région, c'est à dire 100% raciste. Pendant ce temps, une certaine Charlotte Bless adresse une lettre au Miami Times, expliquant que le condamné va être exécuté pour un crime qu'il n'a pas commis. Flairant une affaire juteuse, le journal décide d'envoyer ses deux meilleurs reporters, James et Acheman, enquêter sur place. Deux journalistes au tempérements opposés et qui ne s'aiment pas. James est sérieux, classiquement à la recherche de faits et de preuves. Vieille école nous dirons. Acheman lui, écrit plus qu'il ne fait véritablement du journalisme: il brode et tricote pour aller vers ce qu'il appel le nouveau journalisme, très en vogue à cette époque, dans les années 70. Reste une dernière personne dans le récit, le petit frère de James, qui après s'être fait virer de l'université accompagne son frangin en expédition et a la part belle dans ce roman, puisqu'il en est le narrateur.

Rajouter à ce contexte violent une bonne dose de misère de l'Amérique profonde, un peu de sexe (Charlotte va se fiancer avec le condamné, tant elle le trouve sexy et dangereux, puis forcément, l'enquête avançant, va commencer une partie de chaises musicales), et une grosse louchée de dépit des passionnés et d'enthousiasme des tricheurs... bref, un monde pourri jusque dans le fond, qui a les odeurs du décor, celui des marécages de Floride.

Avis:

Sous des dehors de roman noir classique, Dexter nous emmène dans une dissection de l'Amérique, en ce qu'elle a de plus extrème et de plus fort: l'exemple... le plus précis et le plus fin possible, les détails d'une dérive. Mais au-delà de cela, ce roman est avant d'être une histoire d'enquête, une satire du journalisme (c'était le métier de départ de Dexter) à tout prix, de la chasse au scsoop propice au Pulitzer. Et c'est en ceci que le personnage de James devient assez vite central et essentiel, puisque lui, l'intègre et le désabusé, est face aux choix moraux et professionnels que d'autres refusent. C'est alors que la relation avec le petit frère prend toute la place: on s'aperçoit alors bien vite c'est avant tou une histoire de famille, de force et de société avant d'être une simple histoire de meutre...

Les décors, l'époque, les dialogues... tout fonctionne. On dirait l'antithèse d'un Erin Brokowitch, saupoudré d'un soupçon d'A l'est D'Eden.

Et forcément, ça ne peut finir que mal.

Tant mieux.

1.5.05

Petit trentenaire

"Le 19 décembre 1974, à quatre heure du matin heure locale ; aux limites de Livry-Gargan et de la forêt de Clichy ; enfin réunis... ...Philippe Druillet, l'enlumineur paranoïaque, Moebius alias Gir, alias Giraud, alias "le dessinateur aux mille faces", Jean Pierre Dionnet dit grat-grat, votre serviteur... et Bernard Farkas, venu mettre un peu d'ordre dans nos projets grandioses et un peu d'âme à nos comptes ; Décidèrent, simultanément et à l'unanimité, de ne plus répondre, désormais, qu'au seul nom collectif de :"LES HUMANOIDES ASSOCIES".

- de réediter enfin "LE BANDARD FOU" cet album mythique depuis trop longtemps en rupture de stock............
- de sortir tous les trois mois un magazine de Science-Fiction en bandes dessinées où ils étaleraient complaisamment leurs phantasmes putrides : celui-là même que vous tenez entre vos mains gercées ou manucurées..........
- de préparer plein d'autres choses..........
Pour cela ils travaillèrent comme des bêtes, perdant le boire et le manger, s'éveillant la nuit pour noter leurs cauchemars.... et ils allèrent même chercher Etienne Robial de Futuropolis qui dessina le titre et mit les pages en formes.... Désormais, cachés derrière une planche de format grand-aigle pour s'abriter du vent, ils n'attendent plus, gémissants d'impatience que votre
verdict."


1975, c'est la naissance du mythique journal "Métal Hurlant" de Druillet, Moebius et Dionnet.

Et (depuis le mi-mars, mais j’avais pas vu) pour 3 albums achetés chez les "Humanoïdes Associés", on vous remet ce magnifique hors série collector qui tue tout.

30 ans de couvertures, 30 ans d’édito (et ça c’est que le tome1, forcément).
Les Humanoïdes Associés offrent à leurs fans un collector Metal Hurlant à partir de ce mois de mars 2005.


Il faudra le mériter en achetant trois titres de l’éditeur, c’est facile pour qui aime la SF : Trigs 2 vient de sortir avec l’excellent James Hudnall au scénario et Mark Vigouroux à la réalisation, Morgana 3 arrive par Alberti Enoch (Les deux Phénix) ainsi que Koma 3 de Wazem Peeters (Le temps des retrouvailles)... Toujours d’excellents albums chez l’éditeur n°1 de l’Imaginaire!

Donc, une fois arrivé à la caisse on vous tend ce cadeau Metal Hurlant qui contient 44 pages de couvertures qui ont fait l’histoire de cette revue mythique.
L'intérieur ressemble à ça:



sources :
BD net
Le site de Métal Hurlant
Un site de collectionneurs