19.12.06

Mon daron, et ouam et ouam et ouam !!!

Dans mon souci actuel de chercher un quelconque intérêt à l'élection présidentielle prochaine, j'ai vaguement lu les programmes de chacun des candidats. Et aussi triste que cela puisse-t-être, je n'y ai rien trouvé d'émoustillant. Mais alors rien de rien. Quedchi. Je ne parle pas d'idées formidablement punks, qu'on soit clair, mais juste d'un petit soupçon d'idée sympa. Mais le pire n'est pas là. On s'en fiche un peu, des élections. Le pire est, et reste, cette lourde sensation de "déconnection". Celle là-même présente au moment où je tape cette note, lorsque Courbet me saigne le tympan avec les 30 plus grandes arnaques de l'histoire - dont celle terrible du mécanicien poids lourd qui se faisait passer pour un gynéco-. Le sentiment de ne pas me "reconnaître" dans ce qu'on me propose, dans ce qui m'entoure. Loin de me cacher derrière un snobisme facile, ou je ne sais quelle prétention à la con envers mes congénères, que j'affectionne d'ailleurs pour la plupart - même si j'ai encore quelques soucis avec les mécaniciens/gynéco du dimanche -, j'ai soudain eu un flash, en 4 couleurs comme l'autre péroxydé: rares sont les choses en lesquelles je me reconnais. Même plus que cela: les choses/gens/évènement qui me touchent le plus sont liés aux gens paumés, aux vrais losers perdus qui se cherchent. Sans doute parce que je me connais pas terriblement bien moi même. Et c'est pourtant pas faute d'essayer. Le plus étonnant c'est que ma bibliothèque en parle bien mieux que moi.

On passera les livres de la rentrée qui m'ont marqués, j'en ai déjà assez parler entre Kunkel et son Indécision , Cercas et de son roman "A la vitesse de la lumière" ou encore dans un registre encore plus profond, Vollmann. Des mecs un peu perdus, qui naviguent à vue. Je n'ai pas vu le lien tout de suite, mais c'est devant les épisodes de la famille Fischer que j'ai réalisé que le lien avec le paternel était évident.

Alors, que cela soit lié à mon age ou à je ne sais quoi, toujours est-il que la problématique du père m'intéresse. Du père qui part, parce qu'il n'est pas éternel et que je m'en aperçois de plus en plus tous les jours, ou du père qui arrive et ça je crois que c'est le syndrôme combo nièce+pacstameuf+sapin de noel en pitijama...

Mais le plus drôle - ah mais oui, parce que c'est extrement drôle, laisser moi vous expliquer- , c'est que je me donc soudain soit disant aperçu comme ça de cette tendance il y a quelques jours. Alors que bon franchement, en faisant un inventaire des bouquins les plus intéressants à mon sens de cette année, j'aurai pu voir tout de suite que ça me travaillait de puis bien plus longtemps. héhé ouais ma gueule.

Brett, d'abord, qui m'a fait doucement rire avec ses Furby griffus, m'a beaucoup plus foutu les pétoches en évoquant dans les mails fantomes qu'il recevait la nuit, à heure anniversaire de la mort de son vieux, un retour du père plein du jugement de la vie de son fils, revenu de l'au delà des morts pour lui botter le train ... On croit à peu pret en sortir, quand c'est le rapport avec son fils qui prend alors toute la place, pour finir sur cette magnifique vision du Lunar Park...

Même dans les bouquins d'aventure - scientifico- grunge - écolo, il fallait une accroche vraie et qui me prenne aux trippes. Lorsque le petit technicien informaticien d'Angleterre est mis au pied du mur et est obligé de traverser la moitié de la planète pour aller chercher ce paternel responsable de son licenciement, là, je mords à l'hameçon. Quoi de plus fort pour bousculer ce dont on n'est sur mais qui ne nous plait pas trop, que de prendre en pleine face l'évidence qu'on ne sait même pas qui on est et d'où on vient? De quoi booster le héros et le forcer à se remettre en question... sur les traces du père, du souvenir, avec ce mélange de curiosité et de colère, à cause de toute cette perte de temps. Tout ce temps perdu a essayer de ne pas lui ressembler. ça a de la tronche je trouve, ce genre de question. Êt lorqu'on a la réponse, on est alors pret à devenir un mec et emballer la James Bond girl à lunettes de la sécurité. CQFD.

Même lorsqu'on transpose le questionnement chez l'enfant. Qu'on prend un kid à mille dollars et un grand père 'ni oui-ni non' comme héros malheureux d'une quête sans fin, sinon celle de continuer à chercher toujours. Il est malin, Safran Foer. Parce que derrière la recherche de l'affection paternelle, il colle celle de la culture, la notion de nation et dêtre humain même tout simplement. On s'étonne, on s'émerveille et on parcourt avec l'enfant de 8 ans les rue de Brooklyn à la recherche de ce père décédé dans les tours du WWT. Et quand on saute les générations, qu'on comprend que pour le grand père de Dresdes, la problématique était la même, déjà. Se chercher soit avant de trouver son sa femme puis son fils.

Alors oui, Coquillages, j'ai laissé le rock de coté en ces fêtes de fin d'années et je me lis le Voile Noir de Rick Moody, parce que visiblement, il a compris pas mal de choses et qu'il les dit bien mieux que moi.

Joyeux Noel les cyber zamis. Moi je vais manger du pain d'épice avec Papa...

13.12.06

J'y peux rien, c'est mon coté punk



La littérature de genre a les avantages de ses inconvénients. Précise et pointue, elle sait être réservée à une poignée de spécialistes et de passionnés. Du même coup, elle paraît vite limitée, confuse ou difficile d'accès au lecteur lambda. Genre ma gueule. Et c'est ainsi le cas pour la littérature dédiée au rock (et même à la musique en général) connue sous le nom de « rock critique ». Comme beaucoup y a encore quelques jours, j'appréciais la valeur d'un ouvrage du genre en la quantité de détails caustiques et autres croustillades alentours, en me lassant assez vite des tonnes de références pour fans absolus et midinette en transe.

Et puis j'ai lu Dark Stuff, de Nick Kent, et j'ai compris bien des choses. J'ai déjà réalisé que je tenais dans les doigts un modèle, une référence littéraire dans le petit monde du rock. Ecrit originellement en 74, puis ressorti en 95, Dark Stuff est aujourd'hui réédité et traduit après lifting, chez Naïve. Ce monument retrace par flashs, des épisodes forts d'une petite dizaine de stars du rocks triée sur le volet, depuis les débuts avec Brian Wilson ou Jerry Lee Lewis, en passant par les bouseux Neil Young ou Johnny Cash, jusqu'aux rebelles d'aujourd'hui comme Cobain ou Eminem. Bref, tout ce que l'histoire a compté de mecs pas d'accord l'ayant dit à grands coups de guitare et rage mystique.

Alors, il est certain que comme tous les Meltzer-Tosches-et autres Bangseries du genre, ça fourmille d'anecdotes et de trucs pas véritablement avouables de ces papys du rock'n roll. Que Brian Wilson, âme tourmentée et néanmoins leader des Beach Boys ait voulu faire suivre Phil Spector lors de séances d'enregistrement pour ne pas se faire voler son « son » de manière satanique, c'est étonnant. Prince qui parle de Larry Graham avec des yeux mouillés puis qui crache sur Puff Daddy, c'est émouvant. Je vous passe sous silence la tirade magique d'Iggy Pop lorsqu'il explique qu'il est la Catherine Deneuve du rock… Des détails drôles et croustillants à souhait, effectivement, vous en aurez pour votre argent. Mais Kent donne beaucoup plus que cela. En fidèle témoin de ces scènes incroyables, il cesse le jeu des questions réponses où pourtant il excelle, faisant s'ouvrir son interlocuteur plus facilement qu'un fruit mûr. Il s'en va, s'efface tranquillement et vous laisse là, tout à coté de lui en vous faisant signe de vous taire, et vous, gamin mi-amusé mi-effrayé, vous ouvrez grand les yeux et les oreilles en priant que la magie ne se dissipe jamais. Vous réalisez soudain que vous êtes tout seul, assis dans le noir d'un studio sur un ampli avec le Floyd, plus sérieux que jamais, ou encore à 3 tabourets d'un Lou Reed défoncé dans un bar louche d'une banlieue sans nom d'Angleterre. Vous êtes là, vous ressentez tout ce qu'a pu éprouver Nick Kent, en privilégié qu'il était.

Et c'est alors que le changement c'est doucement opéré chez moi. Ces stars abîmées, ces rebelles accidentés, sont des personnages que la musique transcende. Ok. Mais sans musique, ils sont encore plus intéressants. Entre l'extrême, l'ego, le mal être, le courage, la passion et la désintégration, ce sont justement ces faces cachées qui valent le coup. Parce que transposées ailleurs en d'autres temps avec d'autres codes et d'autres tabous ou interdits, il en aurait été de même : le rock, comme moteur, pour se chercher jusqu'au plus profond. Et cette découverte de l'intime, du cœur vrai, Kent l'a sentie et a essayé de la retranscrire au plus juste depuis le début. Il a participé à tout (même s'il est trop modeste pour le reconnaître), de Londres à NY en passant par Detroit ou LA. Un livre unique, parce qu'avec un vrai talent d'écriture, une plume là ou d'autres avaient la guitare. Ils sont bien peu à pouvoir évoquer autant de moments forts en l'enrobant d'autant de talent brut. Relisez le passage sur la mort de Sid Vicious, comment la fin est dure et comment la hargne de l'auteur s'efface pour immortaliser le loser dans ce qu'il a de plus magnifique et de plus dégueulasse.

Un livre fort, complet, une référence, et un premier pas dans un monde à part, conduit par quelqu'un qui sait vous guider de l'intérieur pour mieux vous y laisser tout seul.

La claque quoi.

Dash est trop modeste pour l'avouer, mais il était là pour cette interview du grand Nick Kent :

interview téléchargeable de Nick Kent dans l'Opéra des Dieux