23.8.07

Vincent RAVALEC a la tête dans le sac

Les petits bonheurs du quotidien... de la première gorgée de bière de Delerm, en passant par les cremes brulées d'Amélie Poulain ou les plateaux télé de Bénabar. Rossy de Palma a tué le père, le parrain et s'amuse maintenant avec le chat... Ravalec est devenu rock'n roll lui aussi, ça fait plaisir. Que tous ceux qui sont dans la vibe lèvent le doigt.

les Filles...



et les Garçons...



Vous pouvez maintenant retourner à votre pastille Gavalda. Miam.

15.8.07

Alexanderplatz, c'est classe


Berlin Alexanderplatz

Alfred Döblin


640 pages / 8 euros
Gallimard, Edition de Poche




Aujourd'hui un livre fameux, un fameux livre même, qui vient colorer nos envies berlinoises. L'histoire de Franz le loser fabuleux, ou comment on sait qu'il va perdre contre lui même et contre les autres. Un livre tellement bon, qu'il a été fassbinderisé, ce qui n'est pas rien. Ce qui m'a le plus touché, c'est sans aucun doute les bruits, et les odeurs de bouffe et de foule. Et avec ça, l'humidité et le froid. Un très bon roman que j'aurai du lire plus tot, mais qui est tout compte fait assez intéressant d'avoir lu cet été, en attendant l'Europe Centrale de Vollemann: la montée du nazisme dans une Europe qui s'agite et se perd. On va bien se marrer, même si je pense que là aussi à la fin on risque de perdre contre soi même et les contre les autres.
Allez, je sens que vous voulez de l'extrait mal scanné... Comme je vous comprends.


Liens: Alexanderplatz sur Wikipédia en spountz

Des extraits:







C'est moche et mal scanné, hein... ben oui... mais c'est les vacances encore, alors voilà...

6.8.07

Saint-Naz', c'est nase...


Ce matin à six heures, comme j'allais prendre le bateau à vapeur pour Paimboeuf et Saint-Nazaire, ce café sur lequel j'avais compté m'a présenté ses portes hermétiquement fermées.
L'embarquement a été fort gai: le bateau à vapeur était arrêté au pied de cette ligne de vieux ormeaux qui donne tant de physionomie au quai de Nantes. Nous avions sept ou huit prêtres en grand costume, soutane et petit collet; mais ces messieurs, plus sûrs des respects, sont déjà bien loin de la dignité revêche qu'ils montrent à Paris. A Nantes, personne ne fait de plaisanteries à la Voltaire; lit-on Voltaire? Les abbés de ce matin parlaient avec une grande liberté des avantages et des inconvénients de leur état pour la commodité de la vie.
Les environs de la Loire, au sortir de Nantes, sont agréables: on suit des yeux pendant longtemps encore la colline sur laquelle une partie de la ville a l'honneur d'être bâtie; elle s'étend en ligne droite toujours couverte d'arbres et s'éloignant du fleuve. Ces environs fourmillent de maisons de campagne; l'une d'elles, construite depuis peu sur un coteau au midi de la Loire, par un homme riche arrivant de Paris, fait contraste avec tout ce qui l'entoure. Ce doit être une copie d'une des maisons des rives de la Brenta: il y a du Palladio dans la disposition des fenêtres.
L'arsenal d'Indret, où la marine fait de grandes constructions, donne l'idée de l'utile, mais n'a rien de beau. On aperçoit en passant de grands magasins oblongs, assez bas et couverts d'ardoises, et force bateaux à vapeur dans leurs chantiers; on voit s'élever en tourbillonnant d'énormes masses de fumée noire. Il y a là un homme d'un vrai mérite, M. Gingembre; mais, comme M. Amoros à Paris, il doit dévorer bien des contrariétés.
Au total, ce trajet sur la Loire ne peut soutenir l'ombre de la comparaison avec l'admirable voyage de Rouen au Havre. En partant de Nantes, nous avions un joli petit vent point désagréable: à quelques lieues de Paimboeuf il a fraîchi considérablement; le ciel s'est voilé, le froid est survenu, et avec lui tous les désagréments de la navigation. La mer était très houleuse et très sale vis-à-vis de Paimboeuf. Pour essayer de voir la pleine mer, j'ai continué jusqu'à Saint- Nazaire.
C'est un lieu où mon courage n'a guère brillé; il faisait froid, il pleuvait un peu, le vent était violent. A peine avions-nous jeté l'ancre, que nous avons vu arriver à nous, de derrière une jetée neuve tenant à un mauvais village garni d'un clocher pointu, une foule de petites barques faisant des sauts périlleux sur le sommet des vagues. A tous moments la pointe écumeuse des lames, qui se brisaient contre les bords, entrait dans ces bateaux. Je me suis représenté que puisqu'il pleuvait, je n'aurais à Saint-Nazaire, pour ressource unique, que quelque petit café borgne, sentant l'humide et la pipe de la veille. Impossible de se promener, même avec un parapluie. Ce raisonnement était bon, mais il avait le défaut de ressembler à la peur; ce dont je ne me suis pas aperçu. J'ai répondu au capitaine, qui m'offrait le meilleur bateau, que je ne descendrais pas; ma considération a baissé rapidement, d'autant plus rapidement, que j'avais fait des questions savantes à ce capitaine, qui m'avait pris pour un homme de quelque valeur.
Plusieurs femmes, mourant de peur, se décidaient successivement à s'embarquer, et, enfin je suis resté seul avec un vieux curé et sa gouvernante. Le curé était tellement effrayé, qu'il s'est fâché tout rouge contre le capitaine, qui cherchait à lui prouver qu'il n'y avait pas de danger à descendre dans un bateau pour débarquer. J'avoue que le rôle que je jouais pendant cette discussion n'était pas brillant. J'ai passé là une heure sur le pont, à regarder la pleine mer avec ma lorgnette, ayant froid, et tenant avec grand peine mon parapluie ouvert, appuyé contre des cordages. Le bâtiment dansait ferme, et donnait de temps à autre de grands coups sur le câble qui le retenait. La mer, les rivages plats et les nuages, tout était gris et triste. Je lisais, quand j'étais las de regarder, un petit volume in-32, le Prince, de Machiavel.
Enfin les passagers sont venus se rembarquer; le jeune vicaire du curé effrayé avait sauté des premiers dans une barque pour descendre à Saint-Nazaire, ne doutant pas d'être suivi par son patron. Il fallait voir sa figure au retour: la barque qui le ramenait était encore à quarante pas du bateau à vapeur, que déjà il faisait des gestes d'excuse mêlés de gestes de surprise les plus plaisants du monde. Il voulait dire qu'il avait été surpris de ne pas voir arriver son curé, et qu'il ne s'était embarqué que dans la conviction d'être suivi par lui. Au moment où le petit vicaire s'épuisait en gestes, une lame s'est brisée contre sa barque, et a rempli d'eau son chapeau tricorne qu'il tenait à la main. Je me suis rapproché pour être témoin de l'entrevue. Le vieux curé était fort rouge, et s'est écrié au moment où le vicaire allait parler: Certainement je n'ai pas eu peur, etc. Ce mot a décidé de la couleur du dialogue: c'était le curé qui s'excusait; la figure du vicaire s'est éclaircie aussitôt.
Nous sommes revenus vis-à-vis de Paimboeuf. Comme le bateau s'arrêtait quelques minutes, je suis descendu, et j'ai couru la ville; j'avais toutes les peines du monde à maintenir mon parapluie contre le vent. Cette ville est composée de petites maisons en miniature, fort basses, fort propres, et qui ont à peine un premier étage: on se croirait dans un des bourgs situés sur la Tamise, de Ramsgate à Londres.
Stendhal