L'été est définitivement mort et on n'a pas vu naitre l'automne que l'hiver déboule déjà. Alors quitte à se les geler, autant carrément partir vers les pays des glaces et des esquimaux. On revient sur un livre qui a beaucoup plu, "Les Fusils" de William VOLLMANN.
Les Fusils
William T. VOLLMANN
Le Cherche Midi
21€/408 pages
Pour l'histoire, j'en avais déjà parlé
ici
L'auteur: William T. Vollmann est né à Los Angeles en 1959. Il a fait ses études à l'Université Cornell en littérature comparée. En 1982, il a voyagé au coeur de l'Afghanistan avec des commandos islamiques puis a passé quelques années à San Francisco. Il a reçu en 1988 le Whiting Award et le Shiva Naipaul Memorial Award en 1989. « Dès son premier livre traduit, on a su que William T. Vollmann n'était pas un écrivain américain de plus mais une sorte d'Ovni incandescent, de rejeton surdoué issu de la famille des génies sulfureux, les William Burroughs, Thomas Pynchon et autres Hubert Selby Jr. L'homme est fascinant, d'une intelligence rare, insaisissable. » Bruno Corty - Figaro Littéraire Une bibligraphie rapide par ici
1845 : le continent américain a été cartographié à l'est, à l’ouest, au sud. Les explorateurs qui espèrent découvrir le passage du Nord-Ouest ne rencontrent que la glace et la mort. Sir John Franklin tente à son tour l’aventure, avant de disparaître tragiquement avec tout son équipage. Fin du XXe siècle : le capitaine Subzéro, obsédé par la blancheur apocalyptique du Grand Nord et par le destin de Franklin, son alter ego, tente à son tour de percer le secret du monde arctique. Au même moment, William T. Vollmann, désireux d’approcher au plus près l’état d’esprit de ces hommes et ces femmes isolés dans des conditions extrêmes, s’enferme dans une station météo abandonnée au cœur de l’Arctique, au péril de sa vie.
J'en suis à la relecture par petites bouchées apéritives. J'ai fait le tour et, comme j'ai beaucoup aimé, et bien j'ai repris un ticket. Après avoir relu les passages tendres, les paysages d'aquarelle, l'horreur du froid et les dialogues sur la corde sur lesquels s'écrase le silence. J'en arrive à ressentir des frissons lorsque Franklin monte sur le pont, à trouver que les joues de Reepah rosissent de plus en plus quand elle rit, et quand Subzéro propose ses biscuits aux enfants, c'est moi qui époussette les miettes tout en chassant les moustiques.
Mais plus que le mélange des récits, les apparitions fantômatiques des uns et des autres, c'est la montée en puissance de la fatalité, de l'horreur, ce maelstrom qui va venir broyer tous ces hommes et toutes ces envies de liberté dans un décor si grand qu'il réduit tout et tout le monde à l'essence même de ce que nous sommes tous: à savoir pas bezef quand on est contraint à manger nos chaussures.
Il claque ce livre. Il renvoie à ce qui a été -moche-, ce qui est -pas terrible- et donne une idée de ce qui sera - pas brillant-. L'auteur est incroyable: jusque-boutiste, talentueux et poétique à mort. On pense écologie, développement, et droit des armes. On pense aussi aventure façon Agaguk ou Frison Roche. Bref, on ne s'ennuie pas une minute. C'est aéré, riche culturellement et tellement bien écrit que la suite logique est d'aller voir le reste des volets consacrés à la naissance de l'Amérique.
Je vous mets ici un bout d'entretien, où il était question des armes, de leur utilité et du droit constitutionnel lorsqu'il confronté à la responsabilité.
You know, I've had some sad things in my past, and that doesn't mean that I'm not responsible for the decisions that I make. I've been thinking about this a lot because I'm a gun owner, and I'm pretty sure that by the time my little girl is my age, handguns are going to be, in practice, banned in this country. When you look at the issue of guns, there are two visions you can have. One thing you can say is, and this is what I believe, that the second amendment is really wonderful. Unlike in other countries, our country trusts us to have guns. It's in our constitution -- we have the right to defend ourselves against others, or even against our own government if it becomes a bad government, and I think that's amazing and wonderful. If that's the case, if I allowed to have a gun and I ever misuse that gun, then I deserve some serious punishment. If I take my gun and shoot the next door neighbors or rob a bank, I should be put in jail for the rest of my life or maybe killed. That's what I believe.
The other way to look at guns is that we should cut people as much slack as we possibly can and try to be kind, and that if someone makes a mistake, then that person should not be held completely responsible and we should try and help that person and protect him from the consequences of his mistake.
The other way to look at guns is that we should cut people as much slack as we possibly can and try to be kind, and that if someone makes a mistake, then that person should not be held completely responsible and we should try and help that person and protect him from the consequences of his mistake.