"On dit de la photographie qu'elle peut refléter l'âme. C'est on ne peut plus vrai dans le cas des images créées par Delphine Dori. Dans ces clichés pris sur le vif, dans un effervescence fiévreuse, pas d'artifices techniques - plutôt un rituel qu'une technique à vrai dire - comme on écrit quelques notes sur son cahier intime, elle se pose là, devant l'appareil photographique, et voici que s'enregistre une trace, quelque chose d'infime bien sur, mais tellement évident, comme si l'on se sentait exister soi-même dans ces moments saisis, comme si l'on saisissait quelque chose d'essentiel à notre condition d'être errant sous le soleil ou la pluie. Dix secondes, c'est le temps qu'il faut pour s'encourir devant l'appareil et se poser là, tel quel, et dix secondes, c'est là toute la technique, le cadrage, la mise en scène, la lumière. Et c'est un corps qui se dessine ici, sur ce pont japonais, dans cette église auprès des cierges, devant ce mirroir magique. Et l'interrogation des yeux : qui suis-je dans ce maëlstrom de sentirs, au coeur de perceptions si intenses que la vie s'en trouve comme magnifiée? Et au bout du compte ce désir, comme un combat contre des abstractions persistantes, ce désir de vivre et d'éprouver. La voilà couchée sur l'herbe vive, et marchant d'un pas décidé - ou bien vautré sur un trottoir sans nom, le regard implorant quelque délivrance, et puis suspendue dans les airs devant les buildings mythiques. Saisissant le plus important, un fragment de vie pure. "
Dana Hilliot
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