21.9.06

Jungle Speed


Sans doute le livre qui mérite le plus un petit mot, de ce que j'ai lu jusqu'ici concernant la rentrée 2006. Un roman où beaucoup de très bons ingrédients sont présents, où le verbe qui lie les idées et personnages est très fluide et souvent drôle. Un ouvrage auquel on pourra pourtant reprocher quelques longueurs ou mollesses, si le processus entrepris ne nous a pas conquis. Bref, un vrai bon premier roman, plein de talent, avec quelques idées juste assez de maladresses, pour en apprécier d'avantage la fraîcheur.


Indécision
Benjamin Kunkel
Editions Belfond
360p / 20€
Traduit de l’américain par Jean-Luc Piningre

L'auteur:
(editeur)Benjamin Kunkel est né en 1972 dans le Colorado. Diplômé en littérature anglaise à Harvard, il a travaillé comme critique littéraire pour The New Yorker, The New York Review of Books et Dissent. Aujourd’hui, il est éditeur de la revue culturelle et politique N + 1. Indécision est son premier roman. Publié en 2005, il est en cours de traduction dans le monde entier.

L'histoire:
On part sur une structure assez classique des romans actuels, dont on peut attendre un navet généreux: Dwight, un garçon intelligent mais complexé, sans le sous mais non loin du cocon familial sécurisant... à qui on sent qu'il va arriver des histoires sentimentales rocambolesques. Presque.
C'est en fait l'histoire d'un 'jeune' trentenaire qui vit à New York, avec quelques colocataires, de mcjobs minables, alors qu'il est surdiplomé, entre loisirs faciles, relations humaines chaotiques, bohème forcée, drogues chics, le tout dans un tissu famillial faussement serein, pour ne pas dire gentillement névrosé. C'est un peu plus lourd et cynique que prévu, mais l'humour est bien au rendez-vous.
De suite, on ressent la patte de Coupland, et de sa génération X, même si la délocalisation du désert à New York choque un peu, et que la reflection des personnages transformée en renoncement ou apathie volontaire bouscule également pas mal... Le pitch tient en l'intervention d'un copain de Dwight en nième 1ere année de fac de médecine qui lui propose en avant première, de tester une pilule miracle sensée pouvoir aider à la décision, chose dont Dwight et ses congénères sont incapables, condamnés qu'ils sont à suivre 'le tube' cher à notre ami l'enfant libre JPV.
Un livre interessant, qui amènera le héros ragaillardi par ces cachets magiques, à prendre l'avion pour l'Equateur, à la rencontre d'une fille qu'il n'a pas vu depuis des années, dans un pays dont il ne connait ni l'histoire ni la langue. Un secouage de puces violent. Effet tourisme et mondialisation garanti. Très Gringoland, lui aussi porté champignons, cactus qui fait rire et mesqual, mais qui gagnait à être bien plus en retrait et portait à l'analyse.
Ici on est exhubérant, on aime le dialogue vif et l'envolée lyrique du cowboy loser sous acide. Mais ce qui rajoute d'intrêt à ce livre, c'est le buzz né autour. Je vous mets en lien la très bonne chronique du Buzz littéraire ainsi que le papier du Monde.
Un livre à lire pour son piquant, mais certainement pas la perle qu'on nous dépeint. (J'aurais du écrire cette note bien plus tôt, juste après l'avoir fini, car plus le temps a passé et plus me sont apparus les manques, les longueurs et les limites...). Le personnage qui m'a beaucoup plu, est sans conteste celui de la soeur de Dwight, jeune psy un peu barge, mais très attachante, que je n'ai pu détacher de Brenda Chenowith, héroïne de Six Feet Under... Bien plus interessante que son frère, autant que Claire dans Generation X est plus riche que Dag... enfin ça, ça n'engage que moi...
A suivre donc ce Mr Kunkel...

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