24.9.07

Shopping list d'octobre

Vous cherchez des idées de cadeaux... Je vous connais, le vent glacial et le claquement de la pluie sur les quais de RER, ça vous donne envie de lacher le peu qu'il vous reste de thunes en cette rentrée, pour vous faire un gros plaisir. Vous cherchez des idées de cadeaux rien que pour vous, en gros zégoistes que vous êtes. Et vous avez grave raison. De toute façon, vos économies fouteront le camps avant Noel, que vous le vouliez ou non, alors autant tout dillapider tout de suite, vous gagnerez en simplicité et éviterez les faux semblants foireux...

3 idées, donc, pour que votre craquage soit un total moment de plaisir...
*attention, je n'ai pas encore moi même craqué, je ne peux donc vous dire si ces cadalz sont aussi riches qu'ils sont alléchants. Prière de garder un peu de fraiche à droite, au cas où l'un des trois bidules soit moins bandant que prévu....


Rebelles, une histoire du rock alternatif

* R. Pepin

Née des cendres du gauchisme des années 70 et de la révolution punk anglaise, l'aventure du Rock alternatif court sur une petite dizaine d'années, de 1978 à 1989. Dans ce véritable vivier de talents multiples, on croise des musiciens qui seront un jour les plus gros vendeurs de l'industrie du disque français (Les Béruriers Noirs, La Mano Negra, les Négresses vertes, Les Wampas, Pigalle, Les Garçons bouchers, même les Rita Mitsouko…), mais aussi des cinéastes, des peintres, des graphistes, des animateurs de radios libres, des gauchistes sans partis, des apprentis terroristes, des squatters sans droits ni titres.

Profitant de la respiration de la société du début des années 80 générée par l'arrivée de la gauche au pouvoir, elle plonge à bras raccourcis dans les brèches du système, monte des fanzines, s'engouffre dans l'aventure des radios libres, investit des immeubles inoccupés des quartiers populaires de l'Est de Paris, crée des structures de distribution parallèle pour faire circuler disques, journaux, idées.
Ostensiblement ignorée du grand public et de la presse spécialisée, elle fait vivre une scène d'abord parisienne et bientôt régionale, au rythme de manifestations de tous ordres : concerts sauvages, performances, films ou spectacles de rue. Refusant de s'intégrer, rejetant le système, les alternatifs tiennent bon mais sont malgré tout peu à peu confrontés, après plusieurs années de flamboyance, à l'avènement du libéralisme et au retour de la droite au pouvoir. L'état de grâce finit par céder la place aux éternelles problématiques liées à l'arrivée de l'argent des maisons de disques, au vieillissement et à l'usure de ses protagonistes mais aussi à la reprise en main politique de la fin des années 80, aux nettoyages méthodiques des squats.

Le début des années 90 signe la fin d'une partie de l'aventure. Les labels alternatifs sont rachetés par des labels n'ayant d'indépendant que le nom et directement affiliés aux majors du disque ; une partie des musiciens ne résiste pas aux appels du pied des grosses compagnies leur offrant le confort de travail après des années de galère et une diffusion plus large après la quasi-confidentialité de l'autogestion. Les Béruriers Noirs prennent le maquis, après avoir sillonné la France mais aussi le Canada et la Belgique, de concerts de soutien en débats publics. Plus tard, ils choisissent les chemins détournés de la techno et des Freeparties pour tenter de continuer d'entretenir la flamme.


Bob Dylan, une Biographie
*François BON


Des chansons qui nous poursuivent. Une figure qu'on dirait inaltérable. Et, derrière le portrait de légende, un homme complexe, hésitant parfois, plutôt contradictoire. On connaît les grandes étapes : naissance à Hibbing, au pays des mines de fer, père petit commerçant, enfance banale et groupes de rock amateurs. Puis l'épopée du folk, la découverte de Woody Guthrie, le départ pour New York : à tout juste vingt et un ans, celui qui n'est qu'un gratteur de guitare parmi d'autres incarne le basculement d'une époque.
Quatre ans plus tard pourtant, à bout de lui-même, incompris et hué, il arrête brusquement sa carrière et s'isole à Woodstock. À observer son balancement entre chanson et écriture, à explorer son rapport à Ginsberg, Brecht et Rimbaud, c'est un fragment de l'histoire du monde qu'on rejoint. Et, à tenter de reconstituer comment il s'efforce de surmonter obstacles et pannes, de refuser systématiquement d'endosser le rôle de star qu'on lui assigne, c'est une part de nous-mêmes, de notre ima­ginaire peut-être, qu'on décrypte.
François Bon poursuit avec Bob Dylan, artiste considérable et énigme parfaite* (je suis pas sur...), le chemin entrepris avec Rolling Stones, une biographie (Fayard, 2002).



Dominique A

* Bertrand Richard

En 1991, Dominique A produit un « disque sourd », 33 tours pressé à 150 exemplaires. Arnaud Viviant et Bernard Lenoir, sur Inter, tombent sous le charme. La première nuit de diffusion du single « Le courage des oiseaux » suscite des dizaines de réactions Minitel des auditeurs saisis : Dominique A vient de faire son entrée, assourdissante et confidentielle à la fois, dans le monde de la chanson française. Il a 23 ans. Depuis, sa notoriété n’a cessé de croître et son importance de se confirmer. Miossec, Yann Tiersen, Cali ou Delerm : tous se réclament de la gracilité farouche, mélancolique et ciselée du chanteur, véritable pôle magnétique ou repère cardinal. Multipliant les rencontres, d’est en ouest, du nord au sud, à la fois solaire et âpre, Dominique A a écrit pour Jane Birkin, Françoiz Breut, Jean Guidoni ou Jeanne Balibar... Puis viendront les complices de scène, Yann Tiersen, les Têtes Raides, Armand Méliès, et bien d’autres encore. Plus tard, ce sera toute la jeune scène littéraire française qui s’associera avec lui dans l’album « cutup » Tout sera comme avant. Dominique A vit à Bruxelles mais crée partout. Lucide jusqu’à l’acide sur son compte, l’homme ne croît qu’au travail, ouvert aux quatre vents des influences et infiniment personnel. C’est cela que vous invite à découvrir ce livre : un atelier de création où bandes dessinées, fanzines d’adolescence, contes et nouvelles, rimes d‘arrache pied voisinent en une oeuvre enfiévrée, loin de son image minimaliste de « chantre du murmure ».

Avant de se quitter, je mets un poil de musique, hein, pour le générique.... Note pour plus tard, faire une shopping list musicale....

23.9.07

Dead Clichés

Une belle expo, un joli mischung de photos, pour au final, un beau dimanche après-midi. A ne pas louper, - certains clichés "popartum" tabassent vraiment leur race-, car c'est bientot fini.

Plus d'info, ici.




Expo Weegee, Arthur Fellig (1899 – 1968)

59-61, rue de Grenelle
75007 Paris
http://www.museemaillol.com
Métro : rue du Bac
Tous les jours de 11h à 18h sauf les mardis et jours fériés
Tarif : 8 euros
Tarif réduit : 6 euros

12.9.07

Le roman urbain s' eXprim'

Bon, ça fait plusieurs fois que je vous en parle, mais j'ai un bon ami qui a une actualité intéressante, alors j'en remets une couche.
La Collection eXprim', aux Editions Sarbacane, se bouge les seufs en cette rentrée littéraire...
Programme chargé pour la collection eXprim' ce *samedi 15 septembre* !

- *Au MK2 Quai de Loire, de 11h à 14h*, projection du Prince de NewYork d'Abel Ferrara et rencontre avec *Karim Madani*, l'auteur de/Hip-Hop Connexion /(septembre 2007). Lectures et signature à la librairie MK2.*



- À la librairie L'Atelier d'en face (paris 20ème), **à 17h*, unerencontre détonante avec *Insa Sané*, l'auteur de /Sarcelles-Dakar/. Au programme : slam, chanson, signature et lectures "scéniques"...


11.9.07

Definitivement Underground

Mr Bizot est décédé ce samedi. (cf le petit mot de Radio Nova)


BIZOT, GRAND-REPORTER DANS L'AU-DELA

Notre fondateur et inspirateur, Jean-François BIZOT, est mort.

Il avait créé notre radio en 1981.

Pionnier des radios libres, passionné de toutes les musiques, découvreur de talents, il lui a apporté son esprit et son style et, comme il le disait en riant, sa créativité brouillonne. Il était toujours présent, souvent à l’antenne, à l’affût de toutes les créations, des avant-gardes, des aventures et de nouveaux amis.

Fondateur d’ACTUEL, de NOVA MAGAZINE, amoureux du jazz avec TSF qu’il avait reprise avec Frank TENOT, il a publié de nombreux livres, des essais, des romans, des chroniques, dont Les Déclassés, histoire de sa jeunesse, l’épopée mondiale de la FREE PRESS, l’histoire de l’Underground, Vaudou et compagnies sur l’Afrique et Un moment de faiblesse, récit du cancer qui allait l’emporter.

Curieux du monde entier, fasciné par la modernité et les bouleversements du monde, les traditions oubliées et les télescopages historiques, il fut un formidable grand reporter, de l’AFRIQUE aux ETATS-UNIS, de l’AMERIQUE LATINE à l’ASIE.

NOVA, TSF continueront dans l’inspiration de Jean-François. Nous lui rendrons hommage dans les jours qui viennent à la radio, et dès maintenant, nous lui ouvrons un forum.



Sur que Bizot était un sacré bonhomme, une figure. L'hommage est donc de rigueur. Toutefois, on se permet de souligner plutot que la Radio légataire du bonhomme ou même la fondation d'Actuel, les inspirations du journaliste et sa soif de découverte toujours renouvelée de l'Underground. Membre pilier de la Free Press, JFB a su passé des beatniks au punk puis du punk au free party... Nous on se souvient aussi de ce petit bouquin historico-apologique, qui nous avait plu, chez Panama.



Le mot de la fin, on le laisse à JFB... l'Underground, c'est quoi? «C'est ce que le politiquement correct saccage, l'anti-Ségolène royalisme, tu vois ce que je veux dire. Non? Bon. Alors, savoir faire un pas de côté, se risquer à faire ce que l'époque ne prend pas en compte. Avoir ses grands-parents chez soi, si tu veux. Personne le fait. Et toi, tu as tes grands-parents chez toi? Non? La déclaration underground, ça fait toujours procès. T'as qu'à répondre qu'ils sont morts.»

7.9.07

Joy Division vu par Simon Reynolds



Dans le cadre toujours plus flou de cette tentative de podcast, un petit mot, ou disons une petite lecture d'un ouvrage fort sympathique, sur le mouvement post punk, de Simon Reynolds, comme les stylos, intitulé "Rip it up and start again". [littéralement, "déchire moi ça et recommence tout", paroles au combien pleines de sens d'Orange Juice]. On s'attache à ne parler que de Joy Division. Et on a déjà beaucoup à faire. On s'écoutera "She's lost control" parce qu'on est tous un peu épileptique sur les bords. On conclura sur "Love will tear us appart", comme message d'adieu.







Pour rappel, la premiere de Control, la biopic sur Ian Curtis, ce sera à Paris le 14 septembre au ciné des Halles.



Podcast

6.9.07

Vollman , à nous deux !!!!

Je viens de m'acheter la Centrale Europe.... ça va chier des bulles...
En passant, un interview De Vollmann parue today dans Libé...



«Chostakovitch à la source»
Les femmes, les artistes, Maillol et Sarajevo... Rencontre avec l'auteur de «Central Europe».
Par Eric LORET
jeudi 6 septembre 2007

Juin 2007. William T. Vollmann est en tournée sur le Vieux Continent. Il débarque de Sarajevo où ses bagages se sont perdus, y compris le texte qu'il comptait y lire et l'adaptateur pour son ordinateur portable. Muni d'un carnet et d'un crayon, il continue néanmoins son travail : cinq minutes par jour lui suffisent pour écrire, dit-il, tant l'envie de créer ne le quitte jamais.

Les récits que vous tirez de vos voyages tracent la carte d'un monde intérieur plutôt que d'une réalité documentée...

Je crois que chaque être humain est limité. Quand j'étudiais à Cornell, le poète A.R. Ammons nous disait que quand on commence à écrire, on découvre le continent qu'on va explorer le reste de sa vie. Les continents de certains auteurs se touchent, d'autres sont un peu plus éloignés. Celui de Poe, par exemple, qui était vraiment névrosé, est très loin de nous. Au début, on remarque surtout l'étrangeté de ses textes puis on se rend compte que c'est partout la même étrangeté. Et on reconnaît finalement son style. Je crois que mon continent n'est pas si éloigné du grand public que celui de Poe, mais en même temps, j'ai mes propres obsessions, comme le désir d'être libre.

Avez-vous besoin de voyager, de nourrir votre écriture d'expériences fortes ?

J'écris deux sortes de livres. Ceux qui viennent plutôt de mon imaginaire, comme You Bright and Risen Angels . Et d'autres où j'essaie d'appréhender une réalité externe. Là, il n'y a pas moyen que je fasse cela en restant chez moi. Par exemple, je viens de publier un livre sur la pauvreté (1). Je savais d'avance qu'il y a un certain type de réalité inconnaissable. Mais je me disais qu'en allant en différents endroits et en demandant aux gens pourquoi ils étaient pauvres, j'aurais une idée qui viendrait, comment dire, du monde jusqu'à moi. Je ne savais absolument pas à quelles réponses m'attendre. Je m'obligeais à rester ignorant le plus possible. Ce qui n'empêche pas, je suppose, que le livre reflète mes préoccupations à différents degrés. Mais Central Europe a peut-être cette qualité d'univers parallèle dont vous parliez.

Ou un mélange entre les deux genres que vous évoquez.

Flaubert disait «Mme Bovary c'est moi» . J'ai essayé de retrouver Chostakovitch à la source. J'ai fini par avoir une assez bonne connaissance de sa biographie, de sa façon de formuler les choses. Je vivais à ce moment quelque chose de comparable mais évidemment, dans une bien moindre mesure. Des désagréments avec la police, des obligations sociales. Comment faire pour les amplifier, pour qu'il devienne moi ? Et le personnage de Roman Karmen, c'est un peu moi aussi. Quand j'étais photographe de guerre, j'essayais d'être courageux et consciencieux, comme je crois qu'il était. En revanche, je pense qu'il décrit le monde en termes beaucoup moins ambigus que moi. Si j'étais lui, je penserais que l'Amérique est le plus beau pays du monde, qu'elle a le droit de faire ce qu'elle veut.

Et Käthe Kollwitz ?

Vous avez été à son musée, à Berlin ? C'était une immense artiste. Il y a tant d'émotion dans son art, on a envie de pleurer devant certaines de ses lithos. Elle était talentueuse, clairvoyante, pleine de compassion et désireuse de bien faire mais aussi, comme nous tous, limitée. L'histoire que je raconte sur ses expos en URSS est vraie. Elle a beaucoup écrit à ce sujet, elle savait qu'on la dupait. Elle désirait parler de la souffrance universelle, et les Soviétiques l'ont simplement utilisée pour dénoncer le capitalisme allemand.

Quels autres artistes aimez-vous ?

Ici, à Paris, j'adore le Musée Maillol. C'est une sorte de continent comme Poe. A une époque où prévalait un certain idéal féminin, il a eu le front d'exhiber ce qu'il aimait : des femmes avec de très grosses cuisses. Et c'est super d'en voir autant réunies en un même endroit ! A Orsay, j'irai revoir le portrait que Gauguin a fait de Tehura. Et aussi, l'Origine du monde de Courbet. J'ai fait des séries de photos, ces dernières années, généralement de dix ou quinze images. Mais l'une d'entre elles n'en compte que deux, elle s'intitule Le féminin . La première photo montre une femme afghane en burqa. Elle ressemble un peu à un champignon dans du sable, c'est abstrait et sombre. Et la seconde est une vulve à l'envers. Elles se ressemblent vraiment. Au point qu'on se demande si la burqa n'est pas une représentation inconsciente de la vulve.

Vous pratiquez beaucoup le dessin et la photo...

En vieillissant, je préfère m'exprimer par les arts visuels. C'est bon de ne pas toujours faire les mêmes choses. Il y a deux ans, un de mes livres a été traduit en norvégien et je ne voulais vraiment pas aller là-bas : c'est loin de la Californie, je me sentais fatigué. Alors pour me défiler, je leur ai dit : «OK, mais il faudra me fournir de très belles jeunes filles norvégiennes qui poseront nues et dont je tirerais des gravures sur bois» . Et ils ont répondu : «Bien sûr, et aussi le bois, le pin ici est renommé, il vous faut quelle épaisseur ?» Ça m'a décidé. Elles étaient fantastiques, beaucoup de ces modèles connaissaient les poèmes eddiques et l'une d'elles en chantait même tandis que je dessinais.

Vous commentez longuement certaines oeuvres de Chostakovitch. Avez-vous une formation musicologique ?

J'ai joué un peu de piano quand j'étais gamin, mais c'est tout. Comme je l'ai dit, j'ai beaucoup lu à son sujet, j'ai écouté sa musique pendant des années. Au début, j'étais rebuté, ça m'a pris un certain temps pour que je l'apprécie. Puis j'ai commencé à lier certains morceaux de Chostakovitch à certains chapitres, en essayant de décrire ce que je ressentais, ce que j'en pensais. Ce n'est qu'après que j'ai lu de la critique musicologique, issue en particulier d'URSS et d'Allemagne de l'Est.

Vous êtes un des rares occidentaux à avoir utilisé autant de documents provenant de l'ex-Est.

Pour moi, c'est extrêmement fascinant et exotique. Par exemple, il y a les archives de la Stasi, qu'on peut consulter sur demande. Je voulais connaître en particulier la vie du maréchal Paulus après sa capitulation à Stalingrad. Comme mes parents vivent en Suisse depuis vingt-cinq ans, mon père et moi sommes allés ensemble à Berlin. C'était il y a deux ans, quand on pouvait encore atterrir à Tempelhof, l'aéroport créé par les nazis, très intéressant architecturalement. De là, nous nous sommes rendus à Dresde. On a demandé au taxi où était la maison de Paulus, et on l'a visitée. Ça a été le point de départ du chapitre. Mais apparemment, ses dossiers à la Stasi sont énormes et cela aurait demandé beaucoup d'argent et une année de plus pour que je les consulte.

Central Europe est un livre obsédé par le secret, ce qui est «geheim».

Ces Allemands et ces Russes qui se détestaient avaient quelque chose en commun : ils étaient victimes et bourreaux à la fois, ce que personne d'autre ne pourrait comprendre ni partager. La semaine dernière à Sarajevo, je parlais avec des gens, et je me remémorais l'époque où j'y étais, pendant le siège, même si je ne suis pas resté très longtemps. Deux de mes collègues sont morts à Mostar alors que j'essayais de leur apporter des médicaments. Les gens à Sarajevo étaient gentils, ouverts, et ils disaient que nous avions un lien. Je leur parlais de mes morts, eux des leurs, et c'est ça qui est geheim . Pour quelqu'un comme Kurt Gerstein c'est l'Holocauste dont personne ne veut entendre parler. Pour Chostakovitch, tous ces gens qu'il a vu mourir alors qu'il a cru au communisme ou le désastre de la première de Lady Macbeth de Mzensk . A l'opposé, Van Cliburn, un personnage américain, n'est pas intéressé par l'Histoire, n'a pas de mémoire, et est donc facile à manipuler. Mais le bon côté de cette ignorance américaine, c'est que personne n'a de rancoeur culturelle. Un Serbe et une musulmane peuvent s'aimer en paix, ce n'est pas comme à Sarajevo. Peut-être si Adam et Eve avaient été américains, ils n'auraient pas mangé la pomme. Enfin, à condition qu'elle n'ait pas une couleur pétante et une odeur très sucrée, bien sûr.
(1) Poor people, Ecco, 2007.

5.9.07

Mets ton casque Simone, y a du son dans le téléphone

Un premier essai de podcast.

Un truc simple, qui a du etre fait deux cents mille fois, mais qui me permet de faire un petit test matos.
Indulgence les gens, la prochaine fois, ça sera bien meilleur.


Nick Hornby dans son "31 Songs", nous parle de "One Man Guy" de Rufus Wainwright




3.9.07

Old School

Qu'il est difficile de se remettre dans le bain. De s'astreindre aux mêmes horaires idiots, aux mêmes trajets vides de sens... Et tous ces gens, qui s'emmerdent au moins autant que vous. Les vacances sont loin et ne sont certainement pas de nouveau dans le paysage avant plusieurs mois.
Mais c'est aussi bien, finalement, de s'y remettre carrément, d'un bloc, saignant façon 'giffle à la Bernie', à bon coups de pelle à neige. On est un peu surpris, mais ça reveille. Et c'est souhaitable, en fait, de sortir de cette torpeur bizarre, ce stress mou qui rendait les choses agréables un peu poisseuses et difficiles à digérer. On n'était pas si bien que ça, avec ce faux rythme, cette fatigue étrange à ne rien foutre...

Back dans les bacs. On va passer s'acheter les bouquins sur lesquels on bave depuis des mois, genre O Révolution, -même si visiblement, d'après les premiers échos, ça casse moins la barraque que prévu...-, on a Technosmose aussi, de Mathieu Terence ou Europe Centrale de William T. Vollmann... On s'écoutera de la musique aussi à pleins ballons dans ce RER qui sent le renfermé, parce que mon niveau de blindtest a été navrant ce week end. On bossera donc sur le dernier Animal Collective, sur The Coral ainsi que sur LCD Soundsystem ...

Puis tiens, temps que vous etes là, je vous raconte un peu mon dernier coup de foudre ...




James MEEK



Un acte d'amour



22 €. chez Métailié




L'auteur:

Une naissance londonienne, une enfance écossaise à Dundee, puis une trentaine à la russe, tout 'scottish' qu'il soit, James Meek est le fruit d'une culture cosmopolite. Il exerce l'art d'écrire durant toute sa vie. Journaliste en 1985, James Meek travaille pour le Guardian et le London Review of Books. De 1991 à 1999, il vit en Russie puis en Ukraine, absorbant au cours de ces huit années l'histoire et l'âme slave, au point qu'il s'en inspire pour son premier roman, 'Thé à l'eau de mer', publié en 1989. Il continue avec un ouvrage de culture et de société intitulé 'The Land and the People of Scotland' et un recueil de nouvelles, 'Last Orders : and other stories', en 1992. Suivent 'Drivetime', puis une anthologie humoristique, 'Children of Albion Rovers', et sa suite, 'The Rovers Return'. Il revient au roman avec 'The Museum of Doubt' en 2000. Traduit dans plus d'une vingtaine de langues, les romans de James Meek sont désormais des best-sellers en librairie. En 2007, il revient avec 'Une acte d'amour', dans lequel les destins individuels sont confrontés aux tourments de l'histoire.

Le résumé:

1919. Sibérie. Au bout d'un paysage incroyable, le long du Transsibérien, une petite ville occupée par des militaires tchèques attend d'être attaquée par les bolcheviques. La ville tout entière, étrangement sans enfants, appartient à une secte religieuse conduite par Balashov, le barbier. Arrive Samarin. Il sort de la forêt et raconte s'être échappé d'un bagne près du cercle arctique et être poursuivi par un cannibale. Anna Petrovna, une séduisante jeune veuve, s'intéresse à ce nouveau venu. Un shaman de la religion est retrouvé mort et les soupçons, la peur et la folie s'abattent sur la ville. Le capitaine tchèque qui veut se construire un royaume dans ce bout de monde glacé nomme un tribunal pour juger Samarin et affronte Mutz, le lieutenant plein d'humanité et de bon sens. Les rouges arrivent.

L'avis de Mikaël Demets, un mec à la cool visiblement:

‘Un acte d’amour’ renoue avec les grandes fresques romanesques qui ont finalement un peu disparu de la circulation depuis le milieu du XXe siècle. L’immensité sibérienne sert de décor à ce drame d’une grande richesse narrative qui prend le temps de nous immerger dans son ambiance historique - le récit se déroulant alors que la Russie est encore divisée par la révolution de 1917. James Meek amène posément ses personnages les uns après les autres, n’hésitant pas à leur consacrer à chacun un chapitre qui les présente de manière à ce que le lecteur ait l’impression de connaître par coeur la vie de chacun des protagonistes. -Si je peux me permettre, ça fait tres roman russe, Mikael, genre les freres Karamazov... Me trompe-je?- L’action s’engage donc lentement, et la première centaine de pages fonctionne presque comme une immense scène d’exposition. Pourtant on ne s’ennuie pas, tant Meek maîtrise parfaitement son écriture pour intéresser le lecteur avant même que l’intrigue ne s’emballe réellement, que les actions s’emboîtent et que les personnages se télescopent. Et lorsque le récit reprend le dessus, l’auteur dose ses ingrédients de manière à satisfaire l’amateur d’histoires magnifiques, pleines d’amours impossibles et de sacrifices épiques, comme le passionné de suspense bien huilé. On croyait vivre la rencontre de Michel Strogoff et du thriller. Moi je trouve que ça a une tronche de guerre Samouraï... Mais chacun son impression mec... Sans sombrer dans le grandiloquent ni dans le roman historique pataud, ‘Un acte d’amour’ est un univers à découvrir dont les images neigeuses resteront encore quelque temps gravées dans notre mémoire.
Bien dit mec... Gravé. Bam.
Non, sans rire, il est bon ce bouquin. Achetez le, il vaut tous les Nothomb du monde.