30.6.05

Rock Indé Débile

Je voulais vous parler du concert d'hier soir, de WHY? qui était proprement énorme... Mais on fera ça à deux au retour de Coquillage...

Passons à autre chose. Un ami m'a passé quelques titres et je découvre le rock débile de Picardie. Et c'est assez jouissif de bétise.

LES FATALS PICARDS



Et ça ne vaut pas les nenettes de Beau, mais ça envoie pas mal tout de même. Mon titre préféré: "Mon père était tellement de gauche"

La véritable histoire de la biographie des Fatals Picards :

Préhistoire
Après avoir écrit à la va-vite quelques chansonnettes avec des amis picards, Ivan décide d’enregistrer un CD autoproduit.
L’album voit le jour en mai 2000. Les maisons de disques ne manquent pas de dire tout le bien qu'elles pensent de cette autoproduction en l'ignorant la plupart du temps, voire en encourageant les Fatals Picards à se séparer. Ivan décide après quelques mois de deuil et de prostration, de s’exiler en Iran.
Même pas vrai, car la maison de disque Next Music vient à sa rescousse en proposant de produire un autre disque différent. Fort de ce nouvel allié et de quelques critiques favorables dans une presse gauchisante, Ivan, après avoir rencontré Laurent, décide de monter de toutes pièces les Fatals Picards avec des musiciens de qualité, élevés en plein air. C’est la période clubiste.


Le démarrage
Les Fatals Picards sont alors cinq comme le club des doigts de la main du même nombre. Ils se lancent début 2001 dans une série de concerts dans des cafés parisiens.
Ils signent chez Next Music en mai 2001 et enregistrent dans la foulée l'album “Navet Maria” qui sortira en octobre 2001.
Les Fatals se recentrent alors pour n'être plus qu'à deux : l'image persistante de Peter et Sloane s'imposant comme le modèle à suivre dans la chanson humoristique de qualité.


2001/2002
Ivan et Laurent reprennent les concerts là où ils les avaient laissés. Sélectionnés par la FNAC pour le parcours nouvelle scène
française, ils font une mini tournée dans l'Est et le Sud de la France (35 concerts) en février et mars 2002 et plein d’autres dates à droite mais surtout à gauche. Ils s'attachent les services d'un nouveau compère batteur qui devient également manager.


2003/2004
Ils enregistrent un nouvel opus un peu plus politique : "Droit de véto". Et hop sur la lancée, ils recrutent leur compère Olivier qui va faire guitariste. Ils en profitent pour aligner plein de concerts, et ce n’est pas facile quand on regarde la carte de France. Et ce n'est pas fini, car ils vont bientôt continuer dès aujourd'hui en enregistrant leur nouvel album “Picardia Independenza” !

Voilà qui doit suffir à vous dépeindre les tarés...


fév 2005 - Adone

1 A l’enterrement de Derrick
2 Dors mon fils

3 J’aimerais pas être déjà mort

4 On est des oufs

5 Est-ce que tu veux avec moi ?

6 Non rien ne pourra
7 La balade mentale
8 Qu’est-ce qui nous prouve ?
9 On a tous des préjugés
10 Picardia Independenza

11 C’est sûr on se bougera
12 Dis-moi
13 Les bourgeois
14 Quoi encore ?
15 Je ne suis pas cherché à vous
16-32 Pistes mal cachées

Et a voir absolument, le live de Goldorak...

à voir, à lire et à entendre sur leur site: http://www.fatalspicards.com/

28.6.05

Faîtes parler les flingues

Je l'avais vue début octobre dernier à L'Espace Jemmapes. Totalement séduit et idiotement fan à l'instant, j'étais resorti de la salle heureux et bêta au point de l'oublier tout doucement... Elle était dès lors collée à mes souvenirs de canaux et d'automne humide mais plein de bonheur...
Et puis, l'actualité m'a rattrapé...

Calamity Marjo revient...
D'ailleurs elle n'était jamais partie. Cachée dans le placard, comme tout psychophone en fuite...

Marjolaine (et les psychophones) - LEGO TRIP


Ce joli 7 titre autoproduit à la sueur de la moustache, elle s'en va fièrement sur son poney parcourant les routes de France et de Navajo.
Mais elle ne chevauche pas seule, la Calamity Marjo est accompagnée d'un fidèle cowboy et fine gachette de l'instrument, Mr. Sciuto, qui grace son nom de fromage italien arrive avec bonheur à se fondre dans ce paysage de western spaghettis.

Sa Bio et celle de son duettiste .C'est à lire!

Pour vous parler de l'album (moi je l'adore, mais moi je ne compte pas), laissons faire les ceux qui ont le verbe facile, ces sherrifs de magasins de zique.
- Je me permets juste de vous mettre en garde sur le portrait robot de Marjo - On peut pas dire que le photo graphe de Chorus ait été cool...
http://calamity.marjo.free.fr/chorus.html

bref, tout ça pour dire et c'est ça l'actu les enfants, que Calamity Piano à Bretelles Marjo est au Point Vigule dimanche, point final!

Tourlist
> Paris (75)
Point Virgule 3 juillet 2005 19h
> Beynes (78)
Barbacane 23 septembre 2005 ouverture de saison
> Saint Denis (93)
Café culturel le 21 octobre 2005 (en solo)
> Saint Denis (93)
Café culturel 21 octobre 2005 en solo avec Charlotte etc
> Paris (75)
Lavoir Moderne Parisien octobre 2005 (à confirmer)
> Palaiseau (91)
Maison Audiberti le 27 janvier 2006
> Palaiseau (91)
Théâtre des 3 Vallées 24 février 2006 avec Françoiz Breut

Le flyer de l'Olympia
Extrait:

Il parait qu'elles sont arrogantes
Les filles qui ont de la poitrine
La remarque est bien peu galante
Envers mes parties féminines

J'aurais voulu être un garçon
Me raser les poils et les tifs
Au lieu de ça j'ai des tampons
Des cheveux longs et des soutifs

Pourquoi venir en rajouter
Avec des rires et des fantasmes
Il est moins grand mon décolleté
Que la bêtise de vos sarcasmes

D'ailleurs quand on parle à quelqu'un
On le regarde dans les yeux
Ceux qui ne parlent qu'avec des seins
Ne peuvent penser qu'avec leur.....

Youbidoubidoubida
... Aï Aï Aï

Pardon si je deviens vulgaire
Ce n'est pas pour être aguicheuse
Mon seul but est humanitaire
Ma cause est disons généreuse

Je voudrais marcher dans la rue
Sans rencontrer à chaque pas
Les sourires les plus malotrus
Des yeux qui touchent avec les doigts !
Une voiture passe et me klaxonne
Les mecs visez cette carrosserie
Ouahla la meuf, qu'est ce qu'elle est bonne
Fais pas la gueule et dis merci

Il faudrait se sentir flattée
Le prendre juste comme une blague
Ils n'ont pas voulu m'insulter
Ceux qui m'ont appelée ... Airbag

Youbidoubidoubida
Aï Aï Aï...

Chacun de nous porte sa croix
La mienne n'est pas un supplice
Pas de racisme contre ça
Plutôt même quelques bénéfices

Et je sais qu'un jour vieille et moche
Je regretterai peut être ces gentils cons
Qui se mettaient tous dans ma poche
En se mettant à mon balcon


Zik


Extrait de Narcisse

Extrait de Les Seins

Extrait de Calamity Marjo

26.6.05

Best part of Gonzo

Gonzo Highway : Correspondance de Hunter S. Thompson
de Hunter-S Thompson, Nicolas Richard (Traduction) chez Robert Laffont 22,00€/472 pages

Je n'ai pas lu... mais je vais me racheter...



Présentation de l'éditeur
Le 21 février 2005, Hunter S. Thompson se tirait une balle dans la tête. Une mort en accord avec la vie qu'il avait choisie - et un point final mis à l'œuvre la plus délirante et la plus féroce de la littérature américaine. Inventeur du journalisme " gonzo ", un style de reportage unique dont le reporter est à la fois auteur et héros, Thompson était reconnu depuis peu comme un écrivain de grande classe. Gonzo Highway, recueil de lettres et de papiers divers, livre la quintessence de son univers : explosif et comique, sur fond d'autodérision et de saine colère. " J'ai l'impression que les gens préfèrent mes lettres à mes articles ", écrivait Thompson. Une chose est sûre : il s'y montre à son meilleur, cancre surdoué et hyperactif, trublion politique et voyageur lucide, portant haut sa haine et sa fascination du rêve américain - qu'il prolonge en s'acharnant à le détruire.
Biographie de l'auteur
Hunter S. Thompson est né en 1937 ou 1939 à Louisville, dans le Kentucky. Arrêté en 1956 pour vol, il échappe à la prison en entrant dans l'Air Force. En 1959, il part pour Porto Rico, où il devient chroniqueur sportif. Il collabore ensuite à plusieurs journaux, notamment à Rolling Stone. Installé dans le Colorado, il se fait connaître avec Hell's Angels, puis publie, entre autres, Las Vegas Parano, La Grande Chasse aux requins, Le Nouveau Testament gonzo. Hell's Angels et Rhum Express, son roman de jeunesse, ont paru en 2000 chez Robert Laffont.
à voir aussi
  • Rhum express de Hunter S. Thompson
  • Acid test de Tom Wolfe
  • Hell's Angels de Hunter S. Thompson
  • Extraits:



    En mars 1959, Hunter S. Thompson s’adresse à William Faulkner depuis sa cabane perdue dans les Catskills, région de l’État de New York:
    «...si, suite à cette lettre, vous éprouvez le désir de m’envoyer un chèque hebdomadaire, ne vous en privez pas. Ma tolérance à la corruption a été mise à rude épreuve, et j’ai toujours su rester droit. Je suis le seul gars du Sud, dans tous les Catskills, qui arrive à voler des poulets, écrire un roman, conduire une Jaguar de collection, vivre dans une cabane non chauffée, et dont la majeure partie de l’allocation chômage passe en essence.»


    À un ami:
    «J’ai découvert le secret pour écrire de la fiction. J’appelle ça du journalisme impressionniste et je le vends aux gens qui veulent “quelque chose de rafraîchissant”. J’en viens d’en pondre pour l’ «Observer» sur la Beat Generation. Ç’a m’a pris une heure; ça repose sur une vague rumeur historique, et ils adorent. Je vais continuer.»


    Au dentiste d’Aspen, en 1968:
    «L’idée que je puisse vous envoyer $ 277 frise la folie pure… J’ai lu aujourd’hui dans «Underground Press» que l’inhalation fréquente de fumée de marijuana prévenait et guérissait les caries, en plus de faire briller les dents et d’engendrer un sourire de l’âme.»


    À l’association des Vétérans & Blessés de Guerre, en mai 1969:
    «Il n’existe pas de mots – ni de moi ni de personne – pour dire l’ahurissante et atroce boucherie du Vietnam. La seule chose qui soit plus atroce et plus ahurissante que ladite boucherie est qu’une organisation comme la vôtre soutienne la guerre.»


    En août 1971, il interroge l’image de John Wayne. N’est-elle pas l’incarnation de l’Amérique d’avant 1970?:
    «Le dernier symbole avarié de tout ce qui a foiré dans le Rêve américain – il est notre monstre de Frankenstein, un héros pour des millions d’individus. Wayne est l’ultime “Américain” - voire l’Américain final. Il bousille tout ce qu’il ne pige pas. Les ondes cérébrales du “Duke” sont les mêmes que celles qui parcourent le cerveau du requin marteau – une bestiole si stupide et si vicieuse que les scientifiques ont abandonné tout espoir de la comprendre, si ce n’est pour la décrire comme un “archaïsme” inexplicable. Le Requin marteau, garder le cap disent-ils, n’a pas évolué depuis un million d’années. C’est une bête sans pitié et sans intelligence, qui ne sait faire qu’une seule chose : attaquer, blesser, mutiler & tuer.»


    Surtout, ne pas croire que le langage de Hunter S. Thompson est le fruit de la facilité. Le niveau d’exigence qu’il s’impose à lui-même, il l’attend des autres. Le 17 août 1973, il met en garde l’auteur d’«Orange mécanique»:
    «Cher M. Burgess, Herr Wenner m’a fait suivre votre lettre minable envoyée de Rome au Bureau des affaires intérieures pour que je l’examine et/ou y réponde. Malheureusement, nous n’avons pas de Bureau du charabia international, sinon c’est là que votre lettre aurait atterri.»


    En retour, il arrive que des personnalités de marque se mettent au diapason. Jimmy Carter, le futur président des États-Unis, écrit en novembre 1975 à HST:
    «Quand j’ai entendu dire que vous entriez dans la course, j’ai envisagé de me retirer.»

    24.6.05

    Mon livre de l'été

    LES MILLE ET UNE NUITS, trad. de l'arabe par Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel. TOME I : Nuits 1 à 327, 1312 pages. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 515), Gallimard -nouv. 57,50 €



    Parce qu'un livre de l'été doit vous tenir plus qu'un après midi de soleil.
    Parce que rêvasser ne se fait pas mieux qu'au contact des contes.
    Parce que le voyage en Orient à si peu de frais allongé sur une plage du Pas de Calais, ça ne se refuse pas,
    Parce qu'on croit souvent connaître l'histoire alors qu'on n'en égratigne simplement que la conclusion...
    Et enfin parce que retraduire une oeuvre séculaire permet toujours un lifting contemporain bienfaiteur...
    Il y a des occasions à ne pas manquer... "Les Mille et une nuits" en Pléaïde font partie de cela...


    Résumé des épisodes précédents
    ...pour ceux qui n'ont pas eu de grands parents amoureux des contes à faire dormir...
    Un roi, trompé par son épouse, décide de tuer chaque matin la compagne, toujours renouvelée, de sa nuit. Le royaume est en émoi. Une jeune fille, Shahrâzâd, tente le tout pour le tout. Elle raconte au roi de passionnantes histoires, et elle s'arrange pour que l'apparition de l'aube ne coïncide jamais avec la fin d'un récit. Ainsi, la curiosité du roi est tenue en haleine. Au bout de mille et une nuits, Shahrâzâd se voit reconnaître comme épouse légitime, mère et reine.

    L'histoire dans l'histoire
    Sur la naissance du recueil plane le plus épais mystère. Le premier témoignage connu date du Xe siècle de notre ère. Une chose est sûre : pour les Arabes, le livre est étranger. L'Inde a eu sa part dans l'affaire, et l'Iran semble avoir joué le rôle décisif. Le recueil est anonyme : les Nuits sont une œuvre de compilation. Leur histoire est donc celle d'une acclimatation assez réussie pour que ces contes puissent figurer dans la panoplie culturelle de l'honnête homme. Au début du XVIIIe siècle, Antoine Galland découvre le conte de Sindbâd de la Mer. Il apprend qu'il appartient à un ensemble plus vaste et finit par recevoir de Syrie un manuscrit qu'il va traduire à partir de 1704. C'est le texte fondateur de la carrière universelle des Nuits. Le succès est immédiat, considérable, constant. Trois cent et un ans après Galland, Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel proposent une traduction nouvelle, intégrale, appelée à faire date. Elle comptera trois volumes.

    Donc vous l'avez compris, ce sera le feuileton de l'été. On est soulagé, ça permet de zapper Intervilles, ça permet surtout de rejetter Marc Levy d'où il vient (D'ailleurs à ce propos, un papier très rigolo de Libé, en résumé un gros 'Dommage qu'il arrive après la fête des Mères' à lire ici)
    On rajoute juste, comme il a été écrit plus bas, que le "lifting" opéré nous permet d'approcher des bouts de textes qui à l'époque s'étaient fait sérieusement ratiboiser... Et ça rend les choses assez actuelles, de fait.
    On rajoute enfin, que ce recueil aux allures niaiseuses ou bon enfant, à quand même inspiré pas mal de plumes, et pas des plus ringardes.
    La lecture s'impose!
    Mon chéri, comment appelles-tu ça ?", dit-elle en montrant son sexe (...) ­ Ta fente !, s'écrie-t-il. ­Non ! Autrement ! ­ Ton con ! ­ Autrement ! ­ Ta guêpe ! Elle le bat si fort qu'il en a le cou et la nuque défaits (...) ­ Et comment dire, alors ? ­ C'est, répondit-elle, le pur grain de sésame."

    Les petits plus

    Un peu d’Histoire et un peu d’histoires aussi, ici
    L’éloge de
    Libé
    Un article de RFI

    22.6.05

    Mick Mac et imposture

    UN DÉMOCRATE : MICK JAGGER 1960-1969
    de François BÉGAUDEAU chez Naïve 124pages pour 10€


    L'auteur:

    FRANÇOIS BEGAUDEAU est né en 1971, dans l'ouest de la France, où il a fait l'école "par les deux bouts" : élève pendant quinze ans, puis professeur depuis sept ans. Idem avec le rock, qu'il a longtemps écouté avant d'en jouer à son tour, avec le groupe punk nantais "Zabriskie Point". Aujourd'hui rédacteur aux Cahiers du cinéma, son premier roman, Jouer juste (Verticales), a connu un beau succès critique et publique lors de sa parution en 2003. Auteur d'un deuxième roman chez Verticales, Dans la diagonale, il consacre ici un bel essai à Mick Jagger, Un démocrate, Mick Jagger (1960-1969), chez Naïve, qu'il lira accompagné d'un film inédit et exceptionnel sur les Rolling Stones.
    "La vérité, c'est que Mick Jagger est né au printemps 60, et mort le 6 décembre 69. Et je dirai comment. C'est précis, c'est daté, c'est du document, ça se vérifie dans mes registres. Sur Mick Jagger je sais tout. Rien lu rien étudié, compulsé nulle archive, dépoussiérée, nul cadastre déterré, nulle relique, je sais tout".
    PUB de l'éditeur:
    Avec une écriture serrée, brillammant mise en valeur, François Bégaudeau nous conduit de la naissance des Stones à leur mort, un jour de 1969 où Mick Jagger, qui appartenait tout entier à la foule, décida de ne plus offrir de lui-même qu'une rock star opportuniste... Amenée à la manière des tragédies grecques, annoncée dès le départ, la "mort" de Mick Jagger interpelle le lecteur, lui rappelant ses plus intimes trahisons, résonnant comme la fin d'une époque.
    Le Livre:
    On a pu dire ici et là que François Bégaudeau avait changé de camp en abandonnant le punk rock et Zabriskie Point pour se consacrer à une carrière littéraire. On a pu lire là et ici que François Bégaudeau avait renié son passé de punk rockeur et qu’il était devenu un bobo parisien à la pointe de la hype.

    On vous a menti.

    François Bégaudeau n’a jamais abandonné le rock. François Bégaudeau était branché avant d’habiter à Paris. François Bégaudeau a toujours eu du talent et il le prouve une énième fois en écrivant le meilleur livre du monde sur le plus grand rockeur du monde.

    Car là est la force de François Bégaudeau. Arriver à convaincre que Mick Jagger est un rockeur est déjà un tour de force. Parvenir à admettre à la lecture de ce livre qu’il est le plus grand, ça relève de l’exploit. Et pourtant, on a qu’une envie, le livre fini, c’est de se jeter sur les albums décrits comme "les meilleurs albums du monde" contenant les "meilleures chansons du monde". Il faut dire qu’on est loin de la biographie officielle, redondante, sirupeuse, convenue et dans-le-sens-du-poil. Pour résumer, François Bégaudeau nous explique que Mick Jagger est né en 1960 à 17 ans, sur le quai d’une gare, de l’accouplement d’un train et de la foule. Après avoir écrit les plus grandes chansons du woken woll, Mick Jagger meurt sur scène un soir de décembre en Californie. Telle est la version de François Bégaudeau. On ne peut que le croire, nous qui ne connaissons finalement que la période où Mick est déjà décédé.

    Bilan : François Bégaudeau donne envie de découvrir les vrais Rolling Stones, ceux de la décénie 60’s, et surtout d’oublier les pathétiques ombres qui squattent stades et radios depuis plus de 35 ans. Et surtout, après deux romans édités par Verticales, François Bégaudeau montre qu’il sait capter un lectorat de plus en plus vaste tout en conservant son style inimitable et en imposant ses idées avec une assurance rare.
    source: Damien de chez http://www.rokenrol.fr/

    20.6.05

    Week end musical

    Manu DA SILVA

    PUB: A moins de 30 ans, ce jeune auteur compositeur interprète breton (d'adoption) nous livre un premier album au printemps 2005 chez ‘Tôt ou Tard


    Après de multiples collaborations entre 1994 et 2001 avec des groupes comme Punishment Park, Tambours du Bronx, Venus Coma ou Mitsu, en tant que guitariste chanteur, DA SILVA nous présente un nouveau répertoire tourné vers la chanson.
    Réalisé par Renaud Letang (Feist, Gonzales, Manu Chao, Albin de la Simone) et Dominique Ledudal (Rita Mitsouko, Les innocents, JP Nataf, Thomas Fersen, Jeanne cherhal…), cet album sort chez Tot ou Tard. Son passé rock, punk à sentir à travers la scène partagée avec Stéphane ANTOINE en multi instrumentiste et Raphaël CHEVALIER au violon.




    Concert au Théatre Mery, Vendredi soir



    Vendredi soir, j'ai profité de l'invitation de Tôt ou Tard pour aller écouter le petit bonhomme. On pourra remarquer plusieurs choses à cette invitation un peu spéciale. D'abord que le lancement a été visiblement massif. Entre les copains venus le voir et les gens qui payaient pas, je ne sais pas combien sont venus spontanément se délivrer de 19,5€... Et pourquoi autant de pub pour un artiste qui a l'habitude de la scène et déjà pas mal de références? Peut être tout simplement parce qu'il ne colle pas vraiment à l'image delermienne d'un label qui ratisse de plus en plus large et qui, il faut bien le dire, n'a plus rien de l'image de petit regroupement spontanné de chanteurs bien sous tous rapports, mais devenu de manière visible une bonne grosse maison surfant sur le lancement de son double CD de duos. Et vendre un ancien keh'pon c'est assez délicat pour qui ne connait pas l'évolution de l'artiste. Ensuite, le peu de dates du monsieur (une seule encore à Paname, le 25 juin au Théatre Le Méry) et l'absence d'album dans les bacs. Une collaboration sur ce fameux album de duos à titre publicitaire, certes...

    Pour le concert en lui même, j'ai découvert un petit chanteur fort sympathique, avec de bons textes, des idées assez fines sur des sujets somme toute classiques. L'abum à paraître sera très certainement à écouter attentivement. Pour la mise en place et la prestation, disons que la fraîcheur et la spontannéité étaient les deux axes définis: arrivé en retard, avec un petit quart d'heure de balance seulement, une fatigue visible bien que sans conséquence aucune sur le tour de chant.

    On regrettera que malgré de très bons rythmes et des sonnorités agréables, le démoulage soit un peu brouillon. La fin de tous les morceaux était en particulier assez bordélique. C'est dommage, car un enchainement musical simple sur la transition et les petits textes d'intro du chanteur auraient suffi à produire quelque chose de tout à fait bien léché de très bonne qualité. L'impression d'essuyer les plâtres. Et de ne pas avoir la complaisance des copains du monsieur.

    Pour finir, je fais resortir ce qui m'a plu le plus, parce que j'ai quand même passé un très bon moment et ne voudrais pas vous laisser une mauvaise impression: le duo- par enregistrement- très sympathique avec ze Françoiz Breut, qui m'a beaucoup fait rire, le batteur au métronome, les pieds qui gigotent sur le clavier, la complicité avec Stéphane le buveur de cidre, l'ambiance camping fin de soirée copain et le coup de rouge au public à la fin...
    Da Silva, petit mais costaud...

    Wladimir ANSELME

    PUB: Wladimir Anselme est auteur – compositeur – interprète. Il a 28 ans et vit à Paris.
    Il donne son premier concert en 1991 au Théâtre Clavel, " armé d’une guitare en bois et d’une détermination aveugle ".

    Influencé par Thiéfaine, Ferré, Guidoni et par les poètes surréalistes, il soigne particulièrement les textes de ses chansons ; ce qui le conduit à chanter régulièrement au cabaret Le Club des Poètes. Il multiplie les concerts sur les petites scènes parisiennes (Clavel, Balle au bond,Théâtre de Nesle) en menant de front d’ardues études de Mathématiques Pures (restées depuis inachevées). En 1995, il rencontre Alain Aurenche au Festival d’Artigues, qui lui offre ses premières parties, ses débuts à la radio (sur Radio Libertaire) et l’invite à venir chanter au Trianon lors des soirées Salut Léo en hommage à Léo Ferré, soirées dont il deviendra un habitué (galas 95, 2000, 2001 et 2003). En 1997, il commence à chanter dans le circuit des cabarets du renouveau, tels l’Ailleurs et Le Limonaire, dans la belle émulation d’une famille qui se crée avec d’autres jeunes chanteurs : Stéphane Cadé, Agnès Bihl, Travis Bürki, Loïc Lantoine, La Rue Ketanou… Parmi eux, Dikes et Bonzom reprennent ses chansons. En 1999, il sort son premier album Mauvaises Herbes chez le Loup du Faubourg et le présente en concert à l’Européen. Il s’entoure pour cela de musiciens de free jazz, sous la houlette de Bernard Struber : Benjamin Moussay, Frédéric Norel, Luc Isenmann et Arnault Cuisinier. Une intense collaboration artistique commence avec ce quartet.
    En 2001, le groupe sort un cd 2 titres Les Trains, et joue en première partie d’Hubert Félix Thiéfaine, ainsi qu’à Austin (Texas, USA) au festival South by South West. La chanson La pluie pour moi est reprise sur la compilation Chansons du bord de zinc 2 (où figurent Brigitte Fontaine, Les Têtes Raides, Juliette, Desjardin…). Concerts au Théâtre Trévise, au Théâtre du Renard, en province...
    En 2003, Wladimir Anselme écrit le livret du Projet Wayne Shorter pour chœur et Big Band orchestré par Bernard Struber, participe à l’élaboration du nouveau spectacle de Bonzom à la Cité de la Musique, tourne un duo de poésie et de musique improvisée avec le violoniste Frédéric Norel et enregistre deuxième round – dont il a réalisé les nombreux dessins du livret
    .

    Des titres en extrait de "Deuxième Round"
    Les Anatoles [1]
    Les mauvaises intentions [1]
    La Marelle [1]

    Concert au Limonaire, samedi 18 juin

    Après Stéphane CADET, dont le voyage m'a assez plu (mais il a voyagé tout seul, j'ai préféré finir mon croustillant de colin) à la suite d'Eloïse DECAZE, dont la jolie voix ne m'a pas plus que cela transporté non plus (bien que secondée par un Romain au violoncelle qui valait bien un set à lui tout seul) est enfin arrivé celui qui m'a mis la claque de la soirée... L'homme de punch, le costaud de la guitare losrqu'on vieut bien la lui accorder...Wladimir ANSELME.


    Une introduction à vous mettre K.O.
    Un extrait de la conférence donnée par Ali avec son combat avec Foreman en 74, The Jungle Rumble comme l'avait vendu le tout jeune Don King à l'époque. Epoustoufflant...

    Ensuite, sur un rythme qui vous ferait s'essoufler un courreur de fond, ce gentil chanteur de gauche à m'a déboulonné à coups de chansons, balancé des mélodies douces en pleine figure... Une pause, un répis, c'était pour prendre un poème en plein dans la machoîre. J'ai le maxilaire qui triraille encore un peu, savoir maintenant si j'ai vraiment pris des coups ou si j'ai gardé la bouche ouverte bêtement pendant une heure, je ne saurai dire... Une chose de sûre, l'album "Deuxième Round" va squatter ma platine jusqu'à ce que je me fasse compter.

    En extrait, des morceaux de l'abum précédent,"Mauvaises Herbes" piqués sur http://www.leloupdufaubourg.com//

    PlageTitreDuréeExtrait
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    1La pluie pour moi4'05
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    2Tout finit bien (ne va pas cependant mettre le feu à ton quartier)3'53
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    3Les enfants nucléaires3'11
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    4Poésifiez-moi3'03
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    5Portrait d'une journée passante1'52
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    6Aujourd'hui nous4'40
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    7Désespoir et poireaux5'09
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    8Les mouvements d'été3'55
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    9Age des moelles3'55
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    10Opéra bouffe7'22
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

    Le mieux reste d'aller voir son self made site par ici http://round2.free.fr/

    18.6.05

    Axes, laissez le charme agir...

    Hier soir, c'était Da Silva au Théatre Mery, j'y reviendrai lundi... c'était pas mal du tout... Pour l'heure...

    Electrelane - Axes Too Pure/Beggars




    Un album que j'aime beaucoup et dont d'autres parlent bien mieux que moi...

    Ca y est c’est reparti pour un tour ! Et c’est franchement pas nous qui allons faire la fine bouche. Moins d’un an après la sortie de power out (salué par votre serviteur au panthéon des groupes disposant d’un album majeur publié en 2004), les filles de Brighton remettent le couvert. Une première écoute de l’album suffit pour comprendre : pas ici de concession au succès d’estime acquis l’an dernier. On reprend les mêmes, on recommence, oui…. Mais… Electrelane a décidé de se remettre en danger, de battre un autre fer chaud sur l’enclume du rock and roll. Les filles approfondissent la démarche, s’astreignent à encore plus d’ascèse lyrique, et à piquer plus profond la veine malmenée.

    Rock. Et tenter le mariage, contre nature, d’un genre balisé, tronçonné, élimé, usé ; avec un amant toujours plus radical, toujours plus passionné. Un lover avec toujours moins de morale, plus de tripes, moins de pop…. Et des instruments toujours plus détonants en guise d’enfants de chœur.
    Une guitare déchaînée, enragée, indomptable et rocailleuse est d’ailleurs le premier présent sur la liste des cadeaux de noces. Une guitare, des guitares, qui ont bien potassé leur Thurston Moore et bien avisé les dérives intellos du post rock, pour mieux les éviter. En découle un jeu déraisonnable , tout en disto et en sueur, avec courbes de croissance et final en rupture de rythmes. Tout en accrochages hargneux avec les bidouillages/ arrangement de ces « compressions » façon sculpture de César, qui font office de plage de l’album.
    Mais ce n’est pas le seul cadeau nuptial inventé par les Brightonoises. Pour décorer la chambre du couple, elles ont imaginé décorer l’alcôve de leurs ébats, avec des cordes survoltées et un accordéon cocaïné, jetés de ci- de là entre les dents de scie rythmiques.

    L’auditeur, emporté entre lampions et tables du banquet de ce nocturne hyménée , voit s’y côtoyer de très stricts et charmants professeurs d’anglais propres sur eux, et des gaillards en Perfecto enquillant bière sur bière. Puis l’auditeur conquis cède à l’ivresse de ce tourbillon surréaliste de folie créatrice.
    On jubile. Au sens physique du terme. Avec excitation palpable et battements de pied irréfrénables. Vive les mariés. Wow !

    Denis Verloes

    source: http://www.benzinemag.net/ un webzine de qualité

    Les concerts en France:

    01-07-05 - ELECTRELANE à Belfort (90) SITE DE MALSAUCY à 16h00 39€ -
    15-07-05 - ELECTRELANE à Dour (99) PLEIN AIR A DOUR


    Plus d'info:

    une critique Ici

    http://www.toopure.com/
    http://www.electrelane.com/

    16.6.05

    Une Blonde bien fraîche...

    "Blonde abrasive", de Christophe Paviot, 430 pages / 20€ HACHETTE LITTERATURES



    L'auteur:


    Christophe Paviot est né à Rennes en 1967. Windsurfer, il vit entre Paris et la Bretagne. Il a déjà publié au Serpent à Plumes : Les villes sont trop petites (1999), Le ciel n'aime pas le bleu (2000) et Missiles. Et souvenirs cardiaques (2002). Et ça, c'est la version officielle, très short cutisée...


    La vérité, c'est que sous des aspects d'écrivain tendance plus que branchouille, c'est un gentil garçon sain et la tête bien sur les épaules. Le wind surf, c'est pas des blagues. De la Bretagne, en passant par L'Amérique du Sud, il a laissé traîner sa planche sur plusieurs centaines de mètres cube d'écume. Il s'en explique d'ailleurs sur son site. "[...] je découvre le windsurf en 1979, cette nouvelle forme de glisse change d'emblée ma perception des choses, mes rapports aux autres, à la nature, aux éléments. Le premier flash remonte à cette fin d'après-midi, où deux types tiraient des bords entre la jetée de Portivy (Morbihan) et un caillou au large, dans le soleil couchant. Ce jour-là, j'ai été électrisé. Peu de temps après, je monte à mon tour sur un de ces paquebots , sans le savoir, je vis un des plus grands bouleversements de mon existence. Aujourd'hui, je navigue entre Kerhilio et Quiberon, tout dépend d'où vient le vent." Un écrivain hors du cercle Saint-Germanique, et qui depuis son premier boulot Parisien de Pubbeur, s'amuse même de ces clichés..."l'avion m'a mollement ramené à Paris, et tout est allé très vite. Les filles, les mecs, les drogues, les médicaments, l'alcool, Saint-Germain. Non, n'importe quoi. Il ne s'est rien passé, j'ai continué ma petite vie casanière, entre les disques et les livres, ne sortant de chez moi que pour les concerts (beaucoup de concerts) et les courses de bouffe." Un bon breton...
    Le livre:
    Il y a de stars qui méritent les plus belles éloges, les biographies les plus détaillées ou la reconnaissance de maître absolu dans la discipline qu’elles occupent. Et puis il y a les autres, celles qui sont tellement au dessus de tout cela, qu’on peine à commenter leur vie ou leur destin, tant ils transcendent leurs personnages propres. Lorsque l’on parle de Marilyn Monroe, on ne parle pas d’étoile du cinéma au parcours tragique… on parle de l’Amérique, des fondements d’une société, de la représentation d’un monde, d’une époque.
    Martina Kannberg, bien que fictive jusqu’au bout de ses ongles manucurés, est une de ces stars. Christophe Paviot la fait reposer aux cotés de Mick Jagger ou de Marilyn au Panthéon des intouchables. La cinquantième étoile du drapeau américain est sensée être Hawaï : pas du tout, c’est Martina, la Blonde Abrasive.
    Mais ce n’est pas son coup d’essai avec les stars. Mr. Paviot surfe sur une vague prise il y a déjà un moment… Après nous avoir fait ressortir du placard des stars improbables, en collant des crimes monstrueux dans les pattes de Paul Michael Glazer, alias feu Strasky avec Tous les Geckos ne s'appellent pas Jimmy, où en travestissant une Catherine Deneuve calculatrice qui joue un rôle insoupçonnable dans 23327 ou encore en bombardant le fils de Brian Jones dans un mélo incestueux (This is for Brian). Avec Blonde Abrasive, Christophe Paviot monte d’un cran, il passe de la star au mythe, de la vedette à la base du modèle sociétal américain.

    Le livre est une sorte de puzzle spacio-temporel dont les morceaux s’agglutinent peu à peu, de l’enfance de Martina dans la poussière paysanne de la crise de 29, jusqu’aux fêtes psychédéliques des années soixante-dix, en passant par le crash de Challenger ou l’assassinat de Kennedy… On traverse le temps, avec en toile de fond, un lien, un personnage, une référence à la blonde magnifique. Elle n’est tantôt qu’un corps nu sur un calendrier d’un garage-station service, tantôt qu’une simple citoyenne militant pour ses droits sur une photo aux bras de Luther King. Du début à la fin, le lecteur va picorer des petits bouts du personnage pour finalement en venir à dessiner l’histoire d’un pays. On notera l’abondance de références rock et les clins d’œil aux stars, elles existantes. Paviot ne s’en cache pas : fan de la musique pour ce qu’elle transmet, il fait ici le plein étalage de ses goûts. « Si j'avais eu le choix, j'aurais préféré jouer de la musique, ça déchire tout le reste, c'est plus universel, pas de traduction, pas la peine de savoir lire, pas la peine de regarder d'où ça sort. » Vous croiserez donc Mick, Keith, Buddy Holly, Richie Valens ou Roy Orbison. Coté écriture, il y en a trop pour vous en citer … Je me premets juste de donner le nom de mon préféré, John Fante, qu’on voit arriver aux Studios de la Century Fox en 54…

    Seulement, ne l’oublions pas, au travers de la fresque incroyable et du destin magnifique, il y a une femme. Et c’est aussi là la force du livre. Permettre de passer d’une peinture d’une époque aux détails de la vie d’une femme, d’abord choyée, adulée, puis battue, délaissée par son fils Scott, malgré tout aimante, mais perdue, et puis enfin seule et aigrie… bref, la vie qu’on aurait pu imaginer à Marilyn, si elle n’avait connu la fin que l’on sait.(D’ailleurs les deux stars se croiseront dans la première trentaine de pages).

    On ne regrettera qu’une seule petite chose à ce joli roman inventif et plein de style, c’est l’essoufflement qu’il provoque au quelconque lecteur trop pressé. Le lecteur qui n’aurait pas compris que le personnage principal, ce n’est pas Martina, mais bel et bien l’Amérique…
    Pour aller plus loin:

    14.6.05

    Monsieur Propre

    Aujourd'hui, c'est musique en attendant Jeudi, où je vous parlerai de la blondeur abrasive de Martina Kannberg...

    HYPERCLEAN- POP Z

    Présentation


    L'univers d'Hyperclean est un drôle d'inventaire de personnages improbables et d'animaux divers. Les chansons sont sujettes à évoquer le ronronnement du chat, une tante sadique, un papi ressuscité, des cigarettes fugueuses, les singes de Tarascon, les côtes de porc et autres poulets ou lapins.
    Hyperclean c'est l'univers détraqué, rose et noir, tout droit sorti de l'esprit de Frédéric Jean, toulousain, qui s'est mis à composer dès 1994. Après un passage par le théâtre et quelques concerts en solo, il fonde Hyperclean en 2001 avec son frère Ludovic Dulac (Fender Rhodes) et Julien Barbagallo (Batterie). Julien Gasc (Guitare) et Benjamin Glibert (basse) viennent par la suite grossir les rangs et Hyperclean trouve alors sa formation définitive.
    En contrepoids de textes emplis de références farfelues, de personnages hormonaux et de confessions intimes, le groupe compose une musique en tout point maîtrisée et des mélodies fulgurantes. Hyperclean est un peu l'héritier des trublions yé-yé (Jacques Dutronc, Nino Ferrer, Gainsbourg...) des années 60 qui ont injecté une sérieuse dose de mauvais-esprit, de soul et de rock anglo-saxon dans la chanson française acidulée. Il suffit de voir la dégaine sixties d'Hyperclean, ses costars dépareillés et ses instruments d'un autre age pour s'en convaincre.
    Mais Hyperclean tire plus que tout profit du large horizon musical de ses membres. Julien Gasc a fondé Momotte et sa bossa triturée. Frédéric Jean et Benjamin Glibert font partie du collectif "Tortoisien", Ueh qui a tourné aux Etats-Unis en août 2004, parrainé par le groupe japonais Acid Mothers Temple. Julien Berbagallo s'est lui lancé dans son projet solo Lecube (signé sur le label belge Top 5 Records), auteur d'un folk délicat. Et il serait trop long de parler du garage rock de Ray Vasco and the Crocoldiles ou du jazz de Wiedervereiningung, autres groupes des membres d'Hyperclean. Chacun semble à diverses doses se retrouver dans les chansons d'Hyperclean, irréductibles donc à un seul genre.


    Sur scène Hyperclean explose. Au devant d'un groupe virtuose, Frédéric Jean improvise chaque soir un nouveau spectacle où le public hésite entre la frayeur et le rire. Tour à tour déchaînés ou intimistes, grandiloquents ou acoustiques, les concerts d'Hyperclean sont des shows en perpétuelle réinvention qui évoluent au gré des personnages inventés par son chanteur.
    Fort de son succès en live, le groupe a pu multiplier depuis quatre ans les tournées, les festivals (Printemps de Bourges 2004, Summer Festival...) et a eu l'opportunité d'ouvrir les concerts de Brigitte Fontaine, Jacques Higelin, Magyd Cherfi ou JP Nataf. C'est d'ailleurs grâce à la scène que le groupe commence à drainer un public de fidèles et qu'il a séduit Microbe.
    En 2004, le groupe entre dans les studios du label sous la direction d'Eric "Mr" Neveux. D'un répertoire déjà étoffé, une poignée de chansons a été sélectionnée pour donner naissance à "Pop Z", le premier album du groupe. Elles dévoilent donc cet univers à l'inventaire surréaliste.

    2004 Selection du Printemps de Bourges 2004

    2004 Tournée avec Brigitte Fontaine durant tout le mois d'octobre
    puis passages à La Guinguette, au réservoir, à Montauban pour le Festival "Alors Chante"... bref..
    2005 SORTIE DU PREMIER ALBUM CHEZ MICROBE => LE 23 MAI 2005 DANS LES BACS

    Tournée
    19/8/2005 Aux Mediterranéennes d'Argelès
    13/8/2005 Festival aux Champs CHANTEIX (19)
    21/7/2005 Festival Toulouse d'été
    9/7/2005 Au festival Pause Guitare - Monesties (81)
    21/6/2005 Fête de la musique ALTKIRCH (68)
    20/6/2005 Festival le bus
    18/6/2005 Théâtre le Mery (place clichy-Paris) 21h00

    C'est décalé, c'est surtout assez énergique et bien n'importe quoi. A voir sur scène, car c'est surtout un groupe de scène. Croisé à l'Elysée Montmartre... et conquis...

    Ecouter: O ma chérie
    Ecouter: Hyperclean
    Ecouter: Pistolet

    Pour plus d'infos, le site de Microbe Records
    et le site du studio...

    à lire absolument (j'étais passé à coté), le dossier de Foutraque...ici

    12.6.05

    Bloodsport

    Une thématique aujourd'hui, sur la violence, le sport et aussi la violence.
    "Aux couleurs de l'Angleterre" John KING chez L’ OLIVIER 384 pages 21 € - Sortie : 20/05/2005




    L'auteur:
    Un ovni. Un vrai de vrai pas pareil. Né en 1960, John King occupe aujourd'hui une place à part dans la littérature anglaise. Un écrivain punk: son refus de l'establishment littéraire londonien est légendaire, de même que son "populisme" hérité d'Orwell et de la tradition anarchiste. Ont paru, aux Éditions de l'Olivier: La Meute (2000), Human Punk (2003) et Football Factory (2004) pour les plus connus de ses travaux.

    Biographie détaillée:

    The Football Factory (1996)
    Headhunters (1997)
    England Away (1998)
    Human Punk (2000)
    White Trash (2001)
    The Prison House (2004)
    Skinheads (2005)

    L'histoire:
    (on situe le contexte, c'est le tome 3 de la Football Factory, mais cette fois on sort d'Angleterre)

    Unis dans le même élan patriotique, «100 % Anglais, 100 % Chelsea», ils sont en guerre. Au pub de l'Unity, leur QG, Harry et sa bande ont mis au point leur programme. Prendre le ferry pour Amsterdam, beuveries, drogues, bagarres et coucheries, puis rejoindre en train Berlin pour assister au match Angleterre-Allemagne et défendre leurs couleurs à n'importe quel prix. Berlin est à feu et à sang mais la réputation anglaise est sauve. Bill Farrell, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui connaît bien Harry et les autres - ils fréquentent le même pub -, est horrifié par ces hooligans et par le discours des journalistes présentant leurs bagarres comme une «guerre». Qu'ont-ils à voir avec le jeune soldat débarqué sur la côte normande en juin 1944 pour défendre fièrement la bannière de son pays?Aux couleurs de l'Angleterre, dernier volet d'une trilogie entamée avec le mythique Football Factory, raconte deux traversées de la Manche à cinquante ans d'intervalle et dresse un parallèle percutant entre guerre et hooliganisme. Cru, tantôt burlesque ou tragique, ce roman résolument politique dénonce la violence gratuite et l'opportunisme des médias.
    Le ton est donné.

    Mon avis:

    Oui, ça parle football. Oui, si on croit qu'Aston Villa c'est de la musique, ben on est s'est gourré de bouquin... Il faut un petit bagage de sport à crampons pour suivre tout ça sans avoir le nez dans le dernier volets des Cahiers du Football. Il n'empêche que si on se donne la peine de se pencher sur ce qui est pour beaucoup un sport de beauf, y a des vérités sociales qui sautent à la tronche. Et King réussit là un très joli morceau, en mêlant dans ce décor, des histoires de gros cons bourrés à la bière, certes, mais aussi des histoires d'amour, des histoires d'honneur, des histoires de tristesse de peur ou d'ennui. On est bien loin des clichés, on est dans la photo. Et entre débarquement de 44 et déboulé de hooligans sur Berlin pour le mondial, il y a des choses bien trouvées.
    Après, il faut aimer les dialogues à la hache et supporter les destins creux des accidentés de la vie. Il n'y a aucun jugement, aucun parti pris. Les choses sont montrées, posées, et c'est au lecteur d'y apporter un regard critique. En aucun cas, ce livre ne fait l'apologie de la violence ou ne tente de coller une étiquette sur ces néo-nazillons. Justement parce que ces brutes ne sont pas des xénophobes ou des racistes. Le racisme est inter-quartier, la haine est celle qu'on a contre soi-même autant que contre les autres. Pas non plus croire que King voudrait couper ces bêtes monstrueuses d'une partie de la population football... Ils sont là et comptent bien rester. On comprend au bout de quelques pages, que le foot en soi n'est pas un prétexte ou un alibi. Il est un lien, comme aurait pu l'être tout autre passion, pour exprimer l'identité, l'amitié et la recherche de de la peur et de la sensation d'être vivant...
    J'ai véritablement adoré.
    Des descriptions des quartiers chauds d'Amsterdam, de la ville de Berlin, jusqu'aux histoires de batailles à coups de rail de chemin fer... Le style cogne. L'histoire aussi.
    Un livre pour qui aime bien se prendre des marrons. Dans la lignée de Human Punk ou de la Meute...

    EXTRAIT de Football Factory

    – Comment ça, elle est en cloque ?
    – Eh bien voilà, mon grand. Les gars, tu sais, ont un bout de viande entre les jambes, et il se remplit de sang quand il renifle de la chatte. Du coup, la fille commence à mouiller, en voyant ça. Alors le gars, il met son bout de viande tout raide dans le trou entre les jambes de la fille, il remue d’avant en arrière pendant un moment, pour toi, deux ou trois secondes, et balance cette espèce de liquide blanc, épais comme du produit à vaisselle. Neuf mois plus tard, si tout se passe bien, un grafron sort en braillant, et le connard en question devra casquer pour lui pendant seize ans.
    – Tu parles sérieusement ?
    – ça marche comme ça, Mark. Je te mentirais pas. Pas sur des choses aussi importantes. Tu trouveras ça dans tous les livres de médecine, et dans presque tous les programmes de télé, même s’ils ne montrent pas tous les détails. C’est comme les abeilles et les oiseaux.
    […]
    – Tu pourras lui acheter un maillot de Chelsea et l’emmener aux matches. Mais on ne te verrait plus beaucoup, hein ? Tu ne vas pas rentrer dans le chou des mecs de Tottenham avec un gamin sur les épaules.
    Je me mets à rire. Rod me jette un coup d’œil mauvais et me demande ce qu’il y a de si drôle. Je lui réponds que je l’imagine en train de latter la gueule d’un Spur avec un môme sur les épaules pour diriger les opérations. Il pourrait devenir la mascotte de la bande. Non, il ne voit pas l’idée. Il secoue la tête. Moi, elle me plaît de plus en plus, mais je me tais. Il finira comme un de ces mecs qu’on voit le samedi dans Fulham Broadway, avec les cheveux gris tout décoiffés, et qui s’assoit dans la tribune familiale, entouré de chiards, pendant que les copains prennent du bon temps. Si Rod finit comme un de ces cons, je prends mon flingue et je le bute, pour le soulager de sa misère. Question de correction, comme le véto qui achève un pauvre animal. Sinon, il rejoindra le troupeau des morts-vivants.
    ici: critique fluctuante de la Football Factory


    Docu film

    Arte, Mardi 7, 20 h 45. «Putains de hooligans !», un documentaire de Christophe Weber.


    Un ciel si gris qu’on ne peut lui pardonner. Un ciel si bas qu’il fait la castagne. Manchester, Burnley, Liverpool. Décors à la Ken Loach. Le rouge des briques et le vert du gazon miteux. Des gosses qui jouent au foot dans la rue. Le foot, ce sport qui fait courir les uns et se massacrer les autres ? La question est évacuée dès le début du documentaire « Putains de hooligans ! » (à 20h40) par Andrew. C’est l’un des chefs de fil des Suicide Squads, un groupe de hooligans aux initiales qui font froid dans le dos. « The Firm » , comme ils disent. Une petite entreprise qui ne connaît pas la crise. Tant qu’il y aura des bières et de l’adrénaline pour faire voler en éclats, le temps d’une baston, des existences en cul-de-sac. Andrew, la boule à zéro et le regard crâne, le reconnaît volontiers : le foot, ça ne l’a « jamais vraiment intéressé ». Il n’a pas dû « regarder un seul match en entier de sa vie ». Lui, il regardait du côté où ça cogne et où ça saigne. Sage comme une image au fond du canapé familial, son fils l’écoute raconter cet amour de la violence « qu’on a en soi ou pas » , cette nécessité de défendre son « territoire », de faire la « guerre ». Christophe Weber, le réalisateur, progresse au cœur de cette violence comme on descend au cœur de la mine. Pour en extraire une vérité sociale, psychologique, philosophique. « Je suis parfaitement fou et, en même temps, je peux être un type adorable. Alors, où places-tu la limite ? », interroge un hooligan. Les mots cognent. Fort. Plus encore quand le commentaire, un peu trop écrit et trop présent au début, s’estompe au profit de ces uppercuts balancés face caméra. « Les supporters sont-ils insupportables ? », pour « Putains de hooligans ! », la réponse est dans la question. Mais le deuxième docu de la soirée, « Rugby attitude » (à 21h30), réalisé par Claire Denavarre et produit, comme le premier, par Doc en stock, est censé panser nos plaies et nos bosses. Bienvenue dans le monde merveilleux du ballon ovale. Là, les supporters du club de Biarritz coiffent les bérets et agitent les foulards rouges du pays. Ambiance bon enfant, voire carrément angélique. Sous le charme, la voix off ne retient plus sa tendresse pour ces supporters qui envahissent « gentiment » le terrain à la fin des matchs. Ici, pas question de faire mordre la poussière à l’adversaire. Tout au plus, « quelques noms d’oiseaux » échappent-ils aux uns et aux autres. Le rugby ? Un sport de voyou pratiqué par des gentlemen. Au final, une soirée un poil manichéenne, comme un match entre méchants hooligans et gentils amateurs de mêlée

    l'avis de Libé sur cette soirée

    10.6.05

    Raffarin is not dead!

    Depuis l'autre dimanche soir, vous vous posiez la question....

    Raffarin is Not Dead !, ou 25 minutes de plutôt bonne musique agrémentée de "vrais" morceaux de Raffarin dedans... Une compilation réunissant 10 artistes, pour 10 titres aussi décoiffants et déconcertants que les désormais fameuses raffarinades... Le projet est né il y a quelques temps dans l'esprit du Vieux Thorax, jamais à court d'idées lorsqu'on peut combiner rock'n'roll, humour, détournements en tout genre et discours "politiques" (rappellons qu'il est l'auteur du déjà très célèbre Sarkozy du disque, un morceau mettant en sons l'inénarrable Pascal Nègre). Il n'a pas eu grand mal à réunir rapidement autour de lui 9 groupes ou artistes autour de ce projet. Une seule consigne donnée : un morceau court avec du Raffarin dedans !!! Et voilà le résultat (en à peine trois mois) : la compilation sort alors que l'actualité "raffarinesque" est au plus haut ! Partira-partira pas ? [Mise à jour... là il est parti là] (sans même parler de sa récente intervention chirurgicale...). En tout cas, une chose est sûre : Raffarin will never die !!!


    1. Le Vieux thorax
    2. Les Beaux Bizarres (Citoyen Lambda & Telstar Mouvement)
    3. Giscard Le Survivant (Victor Hams)
    4. Le Pierre Tornade Sound System (ex-D. Rick)
    5. Kid Chocolat (Suisse)
    6. Gamover (Fédak)
    7. Brodé Tango (Dorian Feller)
    8. Les Boum Bomo’s (de Bob Morlock)
    9. Franky Froc


    Vous pouvez dores et déjà écouter un premier morceau :
    L'ennemi public n°1 par davduf
    Second titre extrait de la compil :
    Jean-Pierre dans les étoiles, par Les Beaux Bizarres
    2 nouveaux titres à écouter :
    Un contrat, certes, mais un contrat France 2005 !!! de Giscard le Survivant (avec en prime une jolie photo de Raffarin avec une magnifique chemise)
    Raf en bas (short dub) de Gamover




    Dans la même veine, on avait déjà le WU MP clan, dispo sur la toile
    http://wu-m-p.org/







    Exprimez WU!
    bIG bOOTIN 808.
    MP3 256 kbps
    Besoin de WU!
    Jean-Pierre *RZAFFARIN*par 808.
    MP3 128 kbps
    Tolérance Zéro
    Wu-M-P Feat. Miss Héliumpar 808.
    MP3 128 kbps

    Vivre en sécurité
    Old Dirty Chirac par lafrousse.
    MP3 256 kbps
    iMPUnité
    Old Dirty Chirac par Temto.
    MP3 192 kbps

    Voilà, c'es tout pour aujourd'hui, bon week end!!!

    8.6.05

    Décapsule !

    "Mots de tête" Robert Olen BUTLER 144 pages RIVAGES Étrangers 12 €


    « Après une étude approfondie et mûre réflexion, il est de mon opinion que la tête demeure consciente pendant une minute et demie à la suite de la décapitation. » (Dr Dassy d’Estaing, 1883)

    Sachant que dans un état de vive émotion nous parlons à la vitesse de 160 mots par minute, Robert Olen Butler a écrit 62 textes, de 240 mots très précisément, correspondant aux décapités qu’il a choisi de faire parler. Sa façon de se glisser dans la tête tranchée de personnages fort célèbres (Jean-Baptiste, Messaline, Anne Boleyn, Marie-Antoinette, André Chénier…) ou anonymes est stupéfiante. Ici, il capte le dernier filet de vie, là, la petite musique d’un être, les images fortes qui défilent avant de s’éteindre, les ultimes sursauts de l’activité cérébrale.

    Classées par ordre chronologique, ces 62 têtes s’échelonnent de 1794 à 2008. Mythiques, historiques, anecdotiques ou politiques (certaines têtes appartiennent à des Américains décapités en Irak) elles pulvérisent les catégories habituelles de la conscience pour nous introduire dans un lieu doux et défait, sans espace et sans temps. Une nouvelle fois, l’écrivain américain s’adonne à l’un de ces exercices de style préférés : se mettre dans la peau de l’autre ou plutôt dans les mots de l’autre. Du coq à l'âne.
    Un très bon livre assurément, mais tellement court et tellement peu marrant... Dommage car le sujet était vraiment bien trouvé. Alors j'ai fouiné. Et je suis tombé sur une soirée thématique de France Cu, et sur la booking list qui allait avec.

    Et marrant et même délirant, il y a! Seulement, encore une fois, il faut passer l'Oural


    "La Tête de Gogol" de Anatoli KOROLIOV/ Calmann-Levy


    L’Histoire avance sur le billot. Que l’on préfère le couteau de boucher ou son pendant démocratique, la guillotine, les têtes roulent toujours dans le sens des vents séculaires qui ont poussé leurs corps vers la décollation. Décapiter, c’est amputer l’homme de ses pensées et le ramener à un pantin de chairs flasques que la conscience a fuit par son nouvel orifice. Décapiter, c’est tuer le symbole. Les révolutionnaires, séditieux et frondeurs de tous rangs l’ont bien compris. Anatoli Koriolov aussi, lui qui nous propose dans « la tête de Gogol » un précis fantasque des occiputs les plus célèbres de tous les temps : pêle-mêle, Hitler, Robespierre, Gogol, Nicolas II… Tous récoltés à la même fosse commune légendaire. De la Seine à l’Oural. Porté par l’irrespect, Anatoli Koriolov fait endosser au satiriste Gogol le plus beau des rôles : par-delà la mort, revenir hanter à sa manière acerbe et distanciée les couloirs de l’Histoire. Entre fantasme et « surrealpolitik », trois siècles défilent. On y voit la future madame Tussaud fuir Paris pendant la Révolution, ses têtes en cire sous le bras et la jeune Katia, traductrice de l’Armée rouge, rapporter de Berlin au « communiste n°1», l’encéphale calciné du « fasciste n°1 ». Koriolov en un style quantique, fait emprunter à Gogol les « trous de vers » qui parsèment les trames de l’Histoire. Dos à dos, les rouges et les bleus-blancs-rouges se confondent, les révolutions françaises et russes ne font plus qu’une.Dans le mouroir des sièclesEt pour plus de transcendance, Satan est de la partie. Tant pis pour la véracité. Ce que le récit perd en clarté, il le gagne en folle justesse : « C’est à moi que vous dites ça, s’étonne le diable, moi le premier révolutionnaire sur Terre ? ». « La tête de Gogol » vous laissera,comme le disait le docteur Guillotin, « une légère sensation de fraicheur dans le cou ». Récit artériel, oxygéné jusqu’à l’euphorie et giclant d’un coup jusqu’à un final hanté, cette longue hallucination a tout du conte philosophique, la cruauté et l’érudition en plus. Alors, si vous supportez qu’un animal vous fasse la leçon : « qui a dit la conscience était un instinct de l’âme ? ‘Rousseau’, fit le caniche ventriloque », tendez le cou, ce livre est pour vous.

    de Laurent Simon

    et pour tout bien comprendre, et garder la tête froide après tant de fabulations,


    "Décapitations" d'Antonio DOMINGUEZ LEIVA/ PUF


    Présentation de l'éditeur

    À travers l'image gore de la décapitation, s'esquisse une généalogie du supplice et du macabre qui ouvre sur une histoire des rapports entre violence et représentation en accident. Trois grands moments historiques se dégagent, inaugurés par l'éclat des supplices comme économie de pouvoir - paradigme qui va du sacrifice antique jusqu'au théâtre de la cruauté à l'âge baroque. C'est alors que s'instaure une érotisation progressive des décollations qui hantera toute la sexualité occidentale. L'explosion baroque des têtes coupées est suivie par le contrôle des corps et de leurs représentations qui culmine dans le rêve des sociétés carcérales, transformant la logique du supplice jusqu'à aboutir à la figure paradoxale de la guillotine. Enfin l'économie symbolique de la société disciplinaire entre en crise au sein de la postmodernité : la décapitation est alors hantée à la fois par l'inflation de la violence spectaculaire et par l'érection de la mort en tabou.

    Antonio Dominguez Leiva est maître de conférences en littérature comparée à l'Université de Bourgogne. Il est l'auteur de Laberinto imaginario de Jan Potocki (UNED/Visor). Il prépare actuellement un essai sur La vie comme songe, du chamanisme à Matrix.

    6.6.05

    La Ballade de Jim

    La vraie poésie ne veut rien dire, elle ne fait que révéler les possibles. Elle ouvre toutes les portes. A vous de franchir celle qui vous convient.


    "THE DOORS / JIM MORRISON"
    (c) Günter Zint / K&K
    Flughafen Hamburg


    A l'affiche du 26 mai au 26 juin 2005
    Je suis un homme de mots
    Pièce de Jim Morrison

    Montée par Laurent Sauvage
    Avec Olivier Dupuy , Charline Grand , Nathalie Royer
    Théâtre Molière - Maison de la Poésie- Passage Molière 157, rue Saint Martin75003 Paris
    Métro : Rambuteau

    L’ensemble des écrits de Jim Morrison traduits en français à ce jour est publié aux Éditions Christian Bourgois, dans Écrits (édition bilingue, 1996) : Seigneurs et Nouvelles créatures (Lords and the new creatures), Une prière américaine (An american prayer), Wilderness (Wilderness), La nuit américaine (The american night), Arden lointain (Far Arden).

    L’écriture de Jim Morrison, encore peu connue en France, est d’une puissance, d’une qualité rare. Elle n’a jamais, à ma connaissance, été entendue sur une scène de théâtre. Artiste engagé, allergique à la guerre, aux conventions, aux théories de mœurs, il crie sa révolte contre cette schizophrénie arrogante de l’Amérique prêchant la liberté et opprimant ses minorités.
    Au lycée, alors que ses camarades de classe idolâtraient des chanteurs, des acteurs et des sportifs, les héros de Morrison se trouvaient sur les rayons des bibliothèques : Blake, Baudelaire, Rimbaud, Sartre, Céline, Genet, Maïakovski, Kerouac, Nietzsche, Kafka… Les énormes références littéraires dont il s'est doté très tôt allaient modeler toutes ses créations par la suite.
    Pour lui, une chanson est avant tout un poème mis en musique. Il voulait être écrivain et poète dès son plus jeune âge. Il répéta souvent qu’il se mit à la musique pour que ses textes soient écoutés par le public le plus vaste possible.
    Le 8 décembre 1970, à l’occasion de son 27ème (et dernier) anniversaire, Jim Morrison s’offrit un cadeau particulier : il loua un studio à Village Recorders à Los Angeles pour enregistrer ses poèmes. Puis il quitte brutalement les Etats-Unis pour vivre à Paris et tenter de trouver un semblant d’anonymat afin de se consacrer à l’écriture. Son dernier enregistrement aura lieu à Paris, un CD pirate Jim Morrison, The last Paris Tapes, disque extraordinaire où Morrison déclame sa poésie sans musique si ce n’est deux ou trois notes de piano de temps en temps…
    Pour Jim Morrison, la poésie était une nécessité. Certains diront de lui qu’il a été une rock star par accident. Il a écrit plus de deux milles pages sans compter celles égarées, jetées…
    J’ai découvert ses textes il y a une quinzaine d’années et depuis, ils ne cessent de m’accompagner. Je désire faire entendre son écriture, ses mots, faire découvrir au public non pas le chanteur des Doors qu’il connaît déjà, mais l’écrivain, le poète, James Douglas Morrison.
    Mon travail, ma recherche, la forme du spectacle, se construisent autour de la phrase de William Blake : « Si les portes de la perception s’ouvraient, toute chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est, c'est-à-dire infinie » ; et de celle de Jim Morrison : « Il y a le connu, il y a l’inconnu, entre les deux se trouvent les portes », avec comme objet central les mots de Jim Morrison portés par une équipe artistique avec qui j’ai déjà une forte complicité de travail.
    Laurent Sauvage

    Extrait de « Wilderness »

    Les acteurs doivent nous faire croire
    à leur réalité
    Nos amis ne doivent pas
    nous donner l'impression que nous jouons la comédie

    Les voici, pourtant, dans la lenteur
    du Temps

    Mes mots fous
    glissent en fusion
    et risquent de perdre
    contact avec le sol

    Alors étranger, deviens
    plus fou encore

    Explore les Hautes Terres


    ... C'est la raison pour laquelle je suis tellement attiré par la poésie, elle est si éternelle. Tant qu'il y aura des hommes, ils pourront se souvenir des mots et de leurs combinaisons. Seules la poésie et les chansons peuvent survivre à un holocauste. Personne ne peut mémoriser un roman entier, un film, une sculpture ou une peinture. Mais, tant qu'il y aura des êtres humains, les chansons et la poésie pourront se perpétuer.
    Si ma poésie a un but, c'est de libérer les gens de leurs œillères, de démultiplier leurs sens.

    Jim Morrison. Los Angeles, 1969-70

    4.6.05

    Agendash

    Ce soir, c'est la folie: anniv de dash et coquiilages.

    Et le mois qui vient s'annonce plein de promesses et de plaisirs lui aussi; Un premier jet d'agendash...

    Zik:
    AS DRAGON: Concert Rock, Le 07 juin 2005
    British Hawaii: Concert Rock, Le 08 juin 2005
    Metric: Concert Rock, Le 09 juin 2005
    ou
    Musique rock : collège animé par Frédéric Lecomte: Débat Le 09 juin 2005
    Dresden Dolls: Concert Rock, Le 21 juin 2005
    Klub des Loosers: Concert Hip Hop, Le 22 juin 2005


    Book1:
    "Aux Couleurs de l'Angleterre" de John King
    "Blonde abrasive" de Christophe Paviot
    "Mots de tête" de Robert Olen Butler
    "La Théorie des nuages" de Stéphane Audeguy
    "Correspondance Générale I" de Michael Pakenham et surtout Paul Verlaine
    "Vous descendez ? " de Nick Hornby
    "Les sept peurs" de Laurent Maréchaux

    2.6.05

    L'appel du Grand Nord

    La Poétique de l'égorgeur, de Philippe SEGUR , chez Buchet Chastel, 238p/16€



    L'auteur:

    Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Perpignan, Philippe Ségur a déjà publié 'Métaphysique du chien' pour lequel il a reçu en 2002 le Prix Renaudot des Lycéens ainsi que le Prix Edmée de La Rochefoucauld en 2003 pour le même roman. Il a aussi sorti 'Autoportrait à l'ouvre-boîte' en 2003.

    L'histoire:

    Nils Immarskjöld Dugay, universitaire, mène une vie tranquille. Le soir, il raconte des histoires à ses filles pour les endormir. Mais à travers ces récits, il traduit ses angoisses. L'univers entier l'inquiète et cette terreur se manifeste sous le personnage de Yagudin, un criminel maléfique qui épouvante les foules en ravissant les épouses et en éliminant les enfants. Un jour, pourtant, Nid va être débordé par le produit de son imagination: Yagudin, apparaît dans sa vie et entreprend de la saborder.

    Mon avis:
    Philippe Ségur est Nils Immarskjöld Dugay, aka N.I.D., un universitaire plein d’imagination, à en déborder du cadre de sa petite vie conformiste de français du sud ouest. Tellement de choses à dire et à vivre que le costume trop petit de professeur de droit va véritablement exploser. Donc roman auto-biographico-fictif à vertu sinon cathartique, disons tout au moins ‘sportive’, pour le dépassement de soi, ou l’amour du geste pourrait-on dire, si on voulait dire des conneries.

    Si Philippe Ségur arrive à éviter la frustration par l’écriture, son héros, lui, peine profondément.
    Noyé dans une habitude qui le conforte et l’adoucit, cet homme fuit devant l’inattendu ou le non planifié. Il se protège en s’enfonçant encore plus dans la pâleur du devoir de professeur, jusqu’à se pousser vers l’excellence, dans l’unique but d’être soulagé des tracas qu’imposeraient l’à peu près ou le moyen. NID est brillant, il réussit tout, mais sans joie ni enthousiasme. Professeur vénéré, il scrute les amphis à la recherche des ‘bactéries’ poseuses de questions, individus nuisibles qui pourraient émerger de la lourde masse des ‘amibes’ qu’il amène au diplôme, comme on amène un cheval à l’abattoir : sans haine, mais sans espoir non plus.

    Mais, malgré l’écrasante tristesse raisonnable qui l’assomme, au fond de ce caractère pétri d’envies, se loge un doux rêve : celui d’écrire. D’écrire comme on vit, quand on a du courage, c’est à dire dans la grandeur, la passion ou l’échec, ce que l’on veut, mais avec du sang, du combat et de l’audace. Il rêve d’épopée, de chevalerie, d'adultère ou de fierté scandinave. Et c’est cela qu’il ressort à ses filles le soir, pour les endormir mis en forme sous les traits d'un conte noir, une légende nordique, dure mais pure, sur un assassin qui se nourrit de vengeance, un nommé YAGUDIN…

    Et tout s’équilibre tant bien que mal, entre l’impossibilité d’écrire, les contes qu'il invente, et la paix du conformisme que confère son poste à Toulouse. Grâce à ses histoires, N.I.D. extériorise ses craintes, ses angoisses secrètes le soir dans l’intimité de la chambre à coucher d’Emeline et Marnie, respectivement 4 et 9 ans. Jusqu’au jour où son imaginaire le rattrape et où Yagudin le menace lui et sa famille. Réel ou irréel, début de paranoïa ou intrusion du fantastique dans la vie morne de N.I.D. descendant des plus grands guerriers de Norvège, trop morne pour ne pas éveiller la colère les Dieux Scandinaves. En quelques jours à peine, il va tout perdre.

    Ce roman est véritablement mon coup de cœur de la semaine. Un style propre et vif, des personnages attachants de tendresse. La monté en puissance de l’intrigue, la vitesse des catastrophes de la descente aux enfers de ce monsieur tout le monde, tout cela est magnifiquement orchestré. La fin est haletante et la pirouette de conclusion vous clouera sur place. Ce livre, aux antipodes d’une SF merdique, est un vrai bon cliché actuel sur les envies, les besoins de tous dans un décor stérilisant et difficilement ouvert aux passions. Un argumentaire limpide à cet adage : pour autant que l’on est intelligent et bien assis dans la vie, on n’en est pas moins sûr d’être heureux.

    A moins, bien sûr, d'arriver à tuer son Yagudin...