24.6.05

Mon livre de l'été

LES MILLE ET UNE NUITS, trad. de l'arabe par Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel. TOME I : Nuits 1 à 327, 1312 pages. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 515), Gallimard -nouv. 57,50 €



Parce qu'un livre de l'été doit vous tenir plus qu'un après midi de soleil.
Parce que rêvasser ne se fait pas mieux qu'au contact des contes.
Parce que le voyage en Orient à si peu de frais allongé sur une plage du Pas de Calais, ça ne se refuse pas,
Parce qu'on croit souvent connaître l'histoire alors qu'on n'en égratigne simplement que la conclusion...
Et enfin parce que retraduire une oeuvre séculaire permet toujours un lifting contemporain bienfaiteur...
Il y a des occasions à ne pas manquer... "Les Mille et une nuits" en Pléaïde font partie de cela...


Résumé des épisodes précédents
...pour ceux qui n'ont pas eu de grands parents amoureux des contes à faire dormir...
Un roi, trompé par son épouse, décide de tuer chaque matin la compagne, toujours renouvelée, de sa nuit. Le royaume est en émoi. Une jeune fille, Shahrâzâd, tente le tout pour le tout. Elle raconte au roi de passionnantes histoires, et elle s'arrange pour que l'apparition de l'aube ne coïncide jamais avec la fin d'un récit. Ainsi, la curiosité du roi est tenue en haleine. Au bout de mille et une nuits, Shahrâzâd se voit reconnaître comme épouse légitime, mère et reine.

L'histoire dans l'histoire
Sur la naissance du recueil plane le plus épais mystère. Le premier témoignage connu date du Xe siècle de notre ère. Une chose est sûre : pour les Arabes, le livre est étranger. L'Inde a eu sa part dans l'affaire, et l'Iran semble avoir joué le rôle décisif. Le recueil est anonyme : les Nuits sont une œuvre de compilation. Leur histoire est donc celle d'une acclimatation assez réussie pour que ces contes puissent figurer dans la panoplie culturelle de l'honnête homme. Au début du XVIIIe siècle, Antoine Galland découvre le conte de Sindbâd de la Mer. Il apprend qu'il appartient à un ensemble plus vaste et finit par recevoir de Syrie un manuscrit qu'il va traduire à partir de 1704. C'est le texte fondateur de la carrière universelle des Nuits. Le succès est immédiat, considérable, constant. Trois cent et un ans après Galland, Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel proposent une traduction nouvelle, intégrale, appelée à faire date. Elle comptera trois volumes.

Donc vous l'avez compris, ce sera le feuileton de l'été. On est soulagé, ça permet de zapper Intervilles, ça permet surtout de rejetter Marc Levy d'où il vient (D'ailleurs à ce propos, un papier très rigolo de Libé, en résumé un gros 'Dommage qu'il arrive après la fête des Mères' à lire ici)
On rajoute juste, comme il a été écrit plus bas, que le "lifting" opéré nous permet d'approcher des bouts de textes qui à l'époque s'étaient fait sérieusement ratiboiser... Et ça rend les choses assez actuelles, de fait.
On rajoute enfin, que ce recueil aux allures niaiseuses ou bon enfant, à quand même inspiré pas mal de plumes, et pas des plus ringardes.
La lecture s'impose!
Mon chéri, comment appelles-tu ça ?", dit-elle en montrant son sexe (...) ­ Ta fente !, s'écrie-t-il. ­Non ! Autrement ! ­ Ton con ! ­ Autrement ! ­ Ta guêpe ! Elle le bat si fort qu'il en a le cou et la nuque défaits (...) ­ Et comment dire, alors ? ­ C'est, répondit-elle, le pur grain de sésame."

Les petits plus

Un peu d’Histoire et un peu d’histoires aussi, ici
L’éloge de
Libé
Un article de RFI

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