6.6.05

La Ballade de Jim

La vraie poésie ne veut rien dire, elle ne fait que révéler les possibles. Elle ouvre toutes les portes. A vous de franchir celle qui vous convient.


"THE DOORS / JIM MORRISON"
(c) Günter Zint / K&K
Flughafen Hamburg


A l'affiche du 26 mai au 26 juin 2005
Je suis un homme de mots
Pièce de Jim Morrison

Montée par Laurent Sauvage
Avec Olivier Dupuy , Charline Grand , Nathalie Royer
Théâtre Molière - Maison de la Poésie- Passage Molière 157, rue Saint Martin75003 Paris
Métro : Rambuteau

L’ensemble des écrits de Jim Morrison traduits en français à ce jour est publié aux Éditions Christian Bourgois, dans Écrits (édition bilingue, 1996) : Seigneurs et Nouvelles créatures (Lords and the new creatures), Une prière américaine (An american prayer), Wilderness (Wilderness), La nuit américaine (The american night), Arden lointain (Far Arden).

L’écriture de Jim Morrison, encore peu connue en France, est d’une puissance, d’une qualité rare. Elle n’a jamais, à ma connaissance, été entendue sur une scène de théâtre. Artiste engagé, allergique à la guerre, aux conventions, aux théories de mœurs, il crie sa révolte contre cette schizophrénie arrogante de l’Amérique prêchant la liberté et opprimant ses minorités.
Au lycée, alors que ses camarades de classe idolâtraient des chanteurs, des acteurs et des sportifs, les héros de Morrison se trouvaient sur les rayons des bibliothèques : Blake, Baudelaire, Rimbaud, Sartre, Céline, Genet, Maïakovski, Kerouac, Nietzsche, Kafka… Les énormes références littéraires dont il s'est doté très tôt allaient modeler toutes ses créations par la suite.
Pour lui, une chanson est avant tout un poème mis en musique. Il voulait être écrivain et poète dès son plus jeune âge. Il répéta souvent qu’il se mit à la musique pour que ses textes soient écoutés par le public le plus vaste possible.
Le 8 décembre 1970, à l’occasion de son 27ème (et dernier) anniversaire, Jim Morrison s’offrit un cadeau particulier : il loua un studio à Village Recorders à Los Angeles pour enregistrer ses poèmes. Puis il quitte brutalement les Etats-Unis pour vivre à Paris et tenter de trouver un semblant d’anonymat afin de se consacrer à l’écriture. Son dernier enregistrement aura lieu à Paris, un CD pirate Jim Morrison, The last Paris Tapes, disque extraordinaire où Morrison déclame sa poésie sans musique si ce n’est deux ou trois notes de piano de temps en temps…
Pour Jim Morrison, la poésie était une nécessité. Certains diront de lui qu’il a été une rock star par accident. Il a écrit plus de deux milles pages sans compter celles égarées, jetées…
J’ai découvert ses textes il y a une quinzaine d’années et depuis, ils ne cessent de m’accompagner. Je désire faire entendre son écriture, ses mots, faire découvrir au public non pas le chanteur des Doors qu’il connaît déjà, mais l’écrivain, le poète, James Douglas Morrison.
Mon travail, ma recherche, la forme du spectacle, se construisent autour de la phrase de William Blake : « Si les portes de la perception s’ouvraient, toute chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est, c'est-à-dire infinie » ; et de celle de Jim Morrison : « Il y a le connu, il y a l’inconnu, entre les deux se trouvent les portes », avec comme objet central les mots de Jim Morrison portés par une équipe artistique avec qui j’ai déjà une forte complicité de travail.
Laurent Sauvage

Extrait de « Wilderness »

Les acteurs doivent nous faire croire
à leur réalité
Nos amis ne doivent pas
nous donner l'impression que nous jouons la comédie

Les voici, pourtant, dans la lenteur
du Temps

Mes mots fous
glissent en fusion
et risquent de perdre
contact avec le sol

Alors étranger, deviens
plus fou encore

Explore les Hautes Terres


... C'est la raison pour laquelle je suis tellement attiré par la poésie, elle est si éternelle. Tant qu'il y aura des hommes, ils pourront se souvenir des mots et de leurs combinaisons. Seules la poésie et les chansons peuvent survivre à un holocauste. Personne ne peut mémoriser un roman entier, un film, une sculpture ou une peinture. Mais, tant qu'il y aura des êtres humains, les chansons et la poésie pourront se perpétuer.
Si ma poésie a un but, c'est de libérer les gens de leurs œillères, de démultiplier leurs sens.

Jim Morrison. Los Angeles, 1969-70

Aucun commentaire: