2.1.08

Granta n°100

Avant de passer complètement à 2008, un petit clin d'œil en forme d'hommage à ce qui se fait de meilleur en revue littéraire (ou presque, histoire de ne froisser aucun égo).
C'est le 100ème numéro de Granta et comme souvent, cela semble être un petit bijou. Un bon bout de chemin parcouru, comme on dirait si on écrivait au Parisien. Alors pour ceux qui ne savent pas trop à quoi Granta ressemble, et ce que cette revue à de spécial, un petit flashback est nécessaire.

(Voix off de Philippe Manoeuvre) On est en 1889, à Cambridge, et les étudiants en lettre s'emmerdent en attendant le rock'n roll. Ils lancent entre deux cours de latin un périodique fourre tout, où on retrouve des edito politiques autant que des bouts de nouvelles ou des morceaux choisis de courrier du coeur. Pas de quoi fouetter un chat, me direz vous, fut-il english. Et vous avez tort les petits clous. Parce que même sous cette forme un peu brouillon et austère, on découvrira les premières phrases de futurs noms de la littérature brittone, comme Frayn, Simpson ou Smith. Mais là n'est pas la question, puisque ça, c'était le passé et que Granta va mourir de sa belle mort presque un siècle après, sous l'effet lent mais irrémédiable des acides des années 70. Fatiguée et en fin de vie financière, ça sent méchamment le sapin. Mais, comme dans toutes les bonnes histoires, c'est lorsque tout est foutu et qu'il ne reste pas grand chose d'autre qu'un esprit fantomatique historique, qu'une poignée de gens bizarres se retroussent les manches en disant " Non, c'est pas possible, on peut pas laisser mourir Granta comme ça, à cause de la mollesse de ces beatniks fumeurs de beuh. Steve, rallume les rotatives, on va tout faire péter*". (* ndlr traduction approximative pour cause de reste de champagne). Et c'est donc en 1979, que renait de ces cendres la revue littéraire, mais ce coup ci, avec une ligne éditoriale clairement orientée "nouvelle écriture". En british, ça veut dire "ferme les yeux Mamie, ça va couper la moutarde". Et depuis 79, on peut dire que Granta a sacrément fait du chemin (clin d'œil au Parisien, wesh) puisque de petite revue moribonde en rééducation poussive, elle s'est vite retrouvée première dénicheuse de pépites et a même maintenant après 27 ans de travail acharné, un statut très digne de baromètre autant que de jury du roman anglo-saxon, en Angleterre aussi bien qu'Outre Atlantique. La référence des références. Un Granta award c'est grosso modo la grosse classe quoi. Moi j'y ai lu mes premiers morceaux de Zadie Smith ou de Safran Foer. Alors quoi de plus normal que de voir pour ce numéro anniversaire les noms de Boyd, Amis, Rushdie ou McEwan...

Cela ne vous donne toujours pas vraiment une idée ce qu'il y a dedans. Je laisse la parole à Simon Garfield, du Guardian: What's Granta? I could have given him the usual: about how it was a river in Cambridge, or the upper part of one, and its name spawned a student magazine that began in 1889 and was revived in the late 1970s. I could have said that this magazine became home to some of the best writing in the English language, and was edited for half its life by a man, Bill Buford, described to me as 'a crazy, inspiring, absolutely absurd lunatic'. But instead I said: 'It's a literary magazine, but it looks like a book.'



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