21.1.07

Ta gueule et marche!

Vous aimez ça, la transpiration, la chaleur de l'animal, les veines gonflées et la perle salée de sueur qui picotte lorsqu'elle se mêle au gout métallique du sang... hein? Vous aimez? Non? Vous avez raison, la violence c'est moche.
Mais que faire, lorsqu'on se fait emmerder, qu'on veut nous dicter le chemin à suivre et que, qui plus est, ce chemin est pavé de gnons et d'idiotie crasse? On se rebelle, on crie, puis on se calme et on oublie. On baisse la tête et les épaules en dedans, on se dit que ce n'était pas si important, finalement.

Fais pas çi, fais pas ça. Et nous on moufte pas...

Le déserteur
Maurienne
Editions L'Epopée.

Maurienne est le pseudonyme de Jean-Louis Hurst, instituteur alsacien, officier pendant la Guerre d'Algérie avant de déserter, membre du réseau Jeanson et de Jeune résistance, animateur de chantiers de jeunes puis professeur en Algérie indépendante. Le Déserteur relate l'itinéraire intellectuel et affectif d'un « refus » pendant la guerre d'Algérie. Fils de résistant, l'auteur n'accepte pas d'être partie prenante dans l'oppression d'un autre peuple. Ce livre est emblématique parce qu'il fut le premier à expliquer et à justifier la désertion pendant la guerre d'Algérie. Publié aux Éditions de Minuit en 1960, il fut aussitôt interdit et saisi, avant d'écoper d'un procès. Mais le milieu étudiant le diffusa largement sous le manteau. Cet ouvrage participa au développement du mouvement Jeune Résistance qui engendra par la suite ce qu'on appellera « le gauchisme ». Il est à la charnière du « trahir les traîtres » (thème de Nizan très brûlant à l'époque) et de l'espoir tiers-mondiste (reconverti aujourd'hui en « altermondialisme »).
L'histoire est celle de 3 amis ballottés dans une Algérie sanglante, sur le chemin du questionnement, de la conscience, face à ce qui ne sera jamais reconnu comme une guerre, si ce n'est contre nous mêmes. Monsieur le Président, Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre, Pour tuer des pauvres gens...


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un article de l'Huma


Les Brutes
Dupuy, Berberian et Jaenada
Éditions Scali, 2006.

Le service militaire, c'est une chose que nous ne connaitrons plus - encore que Sargolène et Sékosy, les potentiels sur sièges electables soient visiblement friands d'un retour à l'ordre et au pli sur le pantalon-. Toutefois, cette période de corvée de chiottes et bites au cirage a marqué des générations, plus comme première confrontation avec les hommes à front bas, large voix et muscles secs que comme véritable baptème du feu patriotique. Et c'est en ce sens justement, que l'exercice de Jaenada est aussi joussif qu'utile: nous rappeler que dire non aux cons, ça reste quelque chose d'assez important.
Le texte, comme toujours, est fin et fluide, les images vraies et la langue facile. On retrouve notre Mr Sanz timide, maladroit mais jamais lache, devant un des premiers dilemnes de son existence. Courber l'échine ou montrer les dents? Question peu évidente, qu'on pense presque idiote lorsqu'on a 20 ans, mais qui prend bien du volume lorsqu'on réalise plus tard que le pli est si vite pris, et cela dès le premier shoot. Le livre est réhaussé de dessins sympathiques, où on reconnait le turfiste qu'on aime. Un homme qui aime les chevaux, les filles, l'alcool et les super 5 ne peut pas être mauvais. c'est encore une fois vérifié. Une belle idée qu'a eu le Patrick de mettre ces gens là tous ensemble. Un extrait et je vous laisse l'acheter:

"Je suis entouré de plusieurs types au regard dur, grands ou trapus, des brutes épaisses tout en muscles qui n’ont qu’un but en tête : m’écraser. Ils ne s’en cachent pas, ils veulent me coincer, m’empêcher de vivre normalement, me soumettre à leur volonté par la force, m’humilier puis m’aplatir, m’étouffer, me broyer, me détruire (les brutes). Je ne suis pas la seule proie de ces monstres froids et déterminés. Heureusement, nous sommes nombreux, même, encerclés et serrés les uns contre les autres – plus nombreux qu’eux, nous sommes jeunes, souples et débordants d’avenir. C’est bon, on va pouvoir se défendre.
Mais en regardant plus attentivement autour de moi, je m’aperçois consterné que tous mes compagnons sont des moutons effarés, qui ont compris que l’heure du massacre avait sonné. A droite, à gauche : je suis au milieu de moutons, de cochons effarés. Les moins émotifs sont simplement résignés, tristes, veaux, prêts à se laisser enchaîner. Qu’est-ce que c’est que ces compagnons ? "

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le site de Phillippe Jaenada
l'émission d'Inter, Noctiluque, avec Jaenada en invité.
Le toujours formidable blog du Buzz Littéraire, qui fait une très belle note sur l'ouvrage.


Parce qu'on se la raconte rebelle, on cherchera toute cette semaine à dire non, à ne pas se faire marcher dessus, limite on filera un ou deux bourre pifs, un peu comme Mohamed Ali lorsqu'il refusa de partir pour le Vietnam, toute brute qu'il était, n'ayant rien contre les Vietcongs... Il perdit ainsi son titre et dû cravacher pour le reprendre... Entre ça et le nouveau Rocky, une thématique castagne cette semaine les gens! Banzaï !!!

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