Car si le précédent opus "Au nom de nos pères" réussissait à poser des questions pleines de sens sur les notions d'identité autant que de patriotisme, on pouvait logiquement s'attendre à ce que dans ce fim mirroir, on aille secouer un peu les fantomes planqués dans les placards des samouraïs. Vous me direz que c'est moins essentiel ou important, de proposer des pistes de débat depuis les thèmes de la seconde guerre sous un angle japonais, que la situation du pays et sa représentation internationnale ne nécessite pas plus que cela qu'on s'y arrête et que la question d'un vaincu est logiquement torchée bien plus vite que celle d'un vainqueur... Et vous avez tort. Mais ce n'est pas grave, je vous aime quand même. Pourquoi? Parce qu'un des fondement de la société nippone fut la soumission à l'autorité, collée à la notion de culpabilité qui lui est associée, lourde de morale traditionnelle et autres yakuzas à petits doigts raccourcis. Et qu'aujourd'hui, tout ça a pris une sévère gueule de bois. Que depuis l'après guerre, l'identité proper ou disons simplement l'idée fourmillesque de la personne japonnaise noyée dans la foule, a subi un sacré lifting, justement parce que le modèle des parents soumis s'est crashé. Bref, y a pas mal de chose à dire sur tout ça, les conséquences de la chute, l'émancipation, l'ouverture vers les autres pays... le Japon a sacrément muté après 45 et continue de s'embourber dans des problèmes loin d'être résolus.
Un très bon livre, où justement, les japonais sont vus par l'oeil japonais. Où la hierarchie de papa en prend un coup dans les gencives. Les décors sont magnifiques, on suit notre héros pendant sa fuite de la ville à la campagne, dans les iles... Les personnages bien que forts sont écrasés par la misère, la honte et l'incompréhension. C'est étonnant et très riche. Pour les amateurs de manga, sachez que je n'ai pu que faire des parallèles évidents avec "Le tombeau des lucioles" ... vous trouverez même une histoire de vers luisants autour de la 200ème page. Plus loin, c'est un chateau en flamme qui vous évoquera les scènes d'incendie de "Princesse Mononoké".
Bref, un excellent roman pour qui veut bien chausser les tongues d'un japonais dans les années 50. Je vous colle un bout de l'animé, parce que j'aime ça et un lien sur une critique du roman assez fine.
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