19.2.07

WWII d'hier, WII d'aujourd'hui

On est mercredi, jour des sorties. Et avant d'aller me jetter sur Jewboy, dans quelques jours (faîtes comme moi, foncez-y vite! je suis sur que ça tue!), j'aimerai vous dire à quel point j'ai peur de me taper une croute sans saveur avec le dernier Eastwood, Les lettres D'Iwo Jima. Et pourtant, et ... pourtant.
Car si le précédent opus "Au nom de nos pères" réussissait à poser des questions pleines de sens sur les notions d'identité autant que de patriotisme, on pouvait logiquement s'attendre à ce que dans ce fim mirroir, on aille secouer un peu les fantomes planqués dans les placards des samouraïs. Vous me direz que c'est moins essentiel ou important, de proposer des pistes de débat depuis les thèmes de la seconde guerre sous un angle japonais, que la situation du pays et sa représentation internationnale ne nécessite pas plus que cela qu'on s'y arrête et que la question d'un vaincu est logiquement torchée bien plus vite que celle d'un vainqueur... Et vous avez tort. Mais ce n'est pas grave, je vous aime quand même. Pourquoi? Parce qu'un des fondement de la société nippone fut la soumission à l'autorité, collée à la notion de culpabilité qui lui est associée, lourde de morale traditionnelle et autres yakuzas à petits doigts raccourcis. Et qu'aujourd'hui, tout ça a pris une sévère gueule de bois. Que depuis l'après guerre, l'identité proper ou disons simplement l'idée fourmillesque de la personne japonnaise noyée dans la foule, a subi un sacré lifting, justement parce que le modèle des parents soumis s'est crashé. Bref, y a pas mal de chose à dire sur tout ça, les conséquences de la chute, l'émancipation, l'ouverture vers les autres pays... le Japon a sacrément muté après 45 et continue de s'embourber dans des problèmes loin d'être résolus.
Et j'ai bien peur de ma manger un film américain, tendre et bien foutu... où les personnages auraient juste les yeux un peu plus en amande qu'à la normale... saupoudrée d'une pincette d'honneur et de fierté kamikaze, de cérémonie du thé et autre cliché.. et point barre.
Bref, on verra bien.



Lettres d'Iwo Jima
envoyé par thebones666

Mais pour ce qui est de l'après, justement, des cendres, de la culpabilité, de la bétise de la guerre, du tri des morts et des gentils et de la relance de la machine, il y a peut être plus simple ou plus direct. Un bon bouquin.




La Guerre des jours lointains
d'Akira Yoshimura
Actes Sud

21 euros/288 pages
Traduit par Rose-Marie Makino-Fayolle

Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans une île au sud du Japon, le lieutenant Takuya, affecté au bureau d'information des forces armées, est chargé de surveiller sur les écrans radars l'avancée des bombardiers américains. Le jour de la défaite japonaise, le 15 août 1945, on lui ordonne d'abattre au plus vite tous les prisonniers américains. Quelques semaines plus tard, il apprend par un ami qu'il figure sur la liste des condamnés à mort pour crime de guerre. Une longue fuite commence, une errance infinie à travers un pays dévasté, affamé et appauvri où Takuya tente de se fondre dans l'anonymat de la population vaincue.

Un très bon livre, où justement, les japonais sont vus par l'oeil japonais. Où la hierarchie de papa en prend un coup dans les gencives. Les décors sont magnifiques, on suit notre héros pendant sa fuite de la ville à la campagne, dans les iles... Les personnages bien que forts sont écrasés par la misère, la honte et l'incompréhension. C'est étonnant et très riche. Pour les amateurs de manga, sachez que je n'ai pu que faire des parallèles évidents avec "Le tombeau des lucioles" ... vous trouverez même une histoire de vers luisants autour de la 200ème page. Plus loin, c'est un chateau en flamme qui vous évoquera les scènes d'incendie de "Princesse Mononoké".

Bref, un excellent roman pour qui veut bien chausser les tongues d'un japonais dans les années 50. Je vous colle un bout de l'animé, parce que j'aime ça et un lien sur une critique du roman assez fine.




Hotaru no haka / Le tombeau des lucioles
envoyé par HinaNeji


chronique d'Arts Livres

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