28.2.06

Black Mic Mac




Un fusil dans la main, un poème dans la poche
de Emmanuel DONGALA
Auteur : Emmanuel Dongala
Editions: Serpent à Plumes

396 pages
Note de l'éditeur :
Premier roman d'Emmanuel Dongala, Un fusil dans la main, un poème dans la poche est le récit des Indépendances de l'Afrique, à travers le personnage de Mayéla dia Mayéla. De la lutte intellectuelle puis armée dans les maquis d'Afrique australe, jusqu'au sommet du pouvoir, Mayéla incarne oh combien ce rêve porté par les Fanon, Cabral et Lumumba. Ce rêve aura été celui d'un continent libéré du colonialisme mais qui, en réalité, n'aura fait que changer de maître, remplaçant le colon Blanc par le despote par le despote Noir.
Un roman magnifique, emblème d'une génération perdue.


Voilà en gros le décor est planté. C'est assez simple dit comme ça, mais le livre est plus interessant par ses autres aspects. Sa construction déjà. Un livre assemblé comme un bombe à retardement puisque notre héros malgré lui, Mayéla dia Mayéla, raconte le roman par flash backs alors qu' croupit au fond de sa cellule et qu'il entend le bruit des sentinelles venant le chercher pour l'exécuter à l'aube -deux cent quatre-vingt-quatre pages plus loin. De même que le véritable nom du pays en question, la République Populaire et Démocratique d'Ankiza, qui n'apparaît à la page 164, tout est vissé à l'envers et dévoilé peu à peu, avec comme toile de fond la menace omniprésente de la mort de Mayéla. Le récit n'en est que plus lourd, plus urgent. On lit donc le parcours atypique d'un étudiant, plein de rêves, désireux de retrouver l'Afrique véritable, originelle, qui passera de la lutte armée (et sanglante, attention ça tache, c'est de la vraie guerre) au pouvoir, et qui après cinq années à la tête du pays, sera destitué par un putsch militaire mené par celui qu'il a nommé, deux ans plus tôt, chef de la police, Mario Mouyabi.
Un seul regret: si on reconnait bien 'le fusil dans la main', le coté philosophique ou sociologique insinué par 'le poème dans la poche', de ces jeunes noirs venus des Etats Unis ou nés de l'Afrique même, et nourris des discours de Luther King ou Malcom X, il disparait assez vite pour laisser la place à tout autre chose. C'est aussi cela que j'ai aimé: tout comme les personnages, on ne comprend pas ce continent à la lecture de ce livre... On se contente d'essayer. Et c'est déjà pas facile.
A lire donc, pour les curieux de ces années 70 version rumble in the jungle.
Roman foutraque, façon brouillon d'émotions, où on sort secoué sans savoir si on a lu un roman d'aventure, un essai politique, une nouvelle folklorique ou un récit de guerilla... tout ça à la fois... bordélique... très certainement comme la situation là-bas.

Je vous ai mis un lien sur la bio de Dongala, elle vaut le coup également.

Aucun commentaire: