Tsunami littéraire ou nouvelle vague.
Souvenez-vous de la mi-février. On commençait à entrevoir les reportages de l’après catastrophe en Asie. Les premiers bilans économiques poussaient vers la sortie du JT les images mille fois digérées des amas de corps et des marres de boue. Et puis tout doucement, on a fini par ne plus rien voir du tout, et même plus en entendre parler. L’Asie du Sud Est avait assez profité de notre deuil comme ça, il fallait bien qu’on passe à autre chose…
Et pour le cataclysme dû à la publication de Pogrom, il y a plus de 2 mois, qu’en est il aujourd’hui? Des rescapés, des survivants? Que font les ONG du livre? Souvenez-vous en, on avait parlé du sacré devoir de l'édition, du fondamental droit de l'auteur... Ca causait américain.
Objet du raz de marée d'encre journalistique: «Pogrom», par Eric Bénier-Bürckel, Flammarion, 248 p., 18 euros
Alors, je ne vais pas ici recommencer à étaler les déclarations des uns ou des autres et nettoyer l'écume sur les cadavres d'arguments post catastrophe; vous vous souvenez de ce qui a été dit, en gros, et à quel point cela a éclaboussé le monde du livre . Certains se sont offusqués au nom de la sainte morale, d’autre ont brandi l’étendard de la liberté de parole en tentant de ne pas trop boire la tasse: amalgame avec Houellebecq et ses musulmans ou Dantec et ses fachos, coup de fils de pub de Beigbeder ou rancœur d’anciens de chez Flammarion… On a eu le droit à tout et surtout n’importe quoi. Et puis finalement, un grand silence... et le retour à une mer calme et aux cris des mouettes.
Mon avis non politique et non polémique de simple pêcheur (puisqu’elle est morte la polémique quand on a oublié le livre comme tout le monde au bout de 2 mois), c’est que Pogrom mérite un gilet de sauvetage. C'est un livre assez intéressant par son nihilisme extrème, pour son écriture également (entre les injures, et dans les injures aussi, on trouve des choses remarquables ) et pour son auteur, à suivre du coin de l'oeil. Aller regarder "Un prof bien sous tout rapport" ou "Maniac" n'est sans doute pas une mauvaise idée. Le reste, c’est du bruit autour qui ne sert pas plus à le vendre qu’à l’interdire. Il vaut ce qu’il est : un troisième roman d’un jeune auteur un peu trash ou maladroit mais certainement pas idiot. Pas de quoi je pense convoquer le conseil constitutionnel. La sanction est tombée: des ventes bien mais pas top, un peu comme pour un roman bien, mais pas top non plus.
Pour la petite histoire :
Le départ de l’enflammade par Laurent Joffrin de l'Obs
Rolin et Comment qui s’indignent au Monde.
la plus belle casse, par Jean Claude Poizat du Littéraire.com
Les deux seuls papiers que j’ai trouvés intéressants :
Un article intelligent d’Elisabeth Flory« Du Coq à l’Ane »
Une brève dans Chronic’art
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