23.4.06

En Ballade au Japon, part 1

Cette semaine sera japonaise. C'est comme ça. Plutôt que de faire n'importe quoi autour de rien, on se fait une thématique: ça ne change rien à l'affaire, mais ça fait quand même mieux présenté, plus chic. Donc aujourd'hui, Tokyo. Demain, Nagano et le Shikoku en général et enfin vendredi, retour à Tokyo, mais un autre Tokyo, plus centré autour du Shibuya. En gros quoi...

Allez, c'est parti...


TOKYO DÉCIBELS
Hitonari Tsuji
Date de publication : 15/9/2005
Editeur : Naïve
192 Pages
22€
Traduit du japonais par Corinne Atlan

L'auteur:
Hitonari Tsuji est un romancier de 46 ans, qui s'est établi depuis quelques années à Paris, où visiblement il se plait bien. L'homme n'est pas que romancier, il est aussi poète, fût également chanteur de rock, et vous lui trouverez même la paternité de quelques films ou séries de photo... En fait, de manière générale, il incarne au Japon une certaine idée de la modernité artistique: touche à tout de talent, il vit en contact avec le monde et en restitue sa partition sous formes variables, evoluant elles aussi avec son auteur. -Il est cool, quoi-. Chez nous, on le connait bien: il a sorti moultes romans, tous traduits par la talentueuse Corinne Atlan (change rien Corinne, tu déchires), dont le plus récompensé d'entre eux, 'Le Bouddha blanc', fût ici Lauréat 1999 du prix Fémina étranger. L'autre chose à retenir à mon sens, à part deux autres très bons romans, 'L'Arbre du voyageur' et 'En attendant le soleil', c'était en 1999, lorsqu'il écrivit une histoire d'amour à 4 mains avec Ekuni Kaori: lui relatant l'histoire par le personnage-narrateur masculin et elle, en un récit inverse, mais étonnament disymétrique, par le point de vue du personnage féminin. Ce livre a été adapté au cinéma ( avec un titre à la con, hélas: "Entre calme et passion", à mon sens beaucoup moins vendeur que l'original: Reisei to jônetsu no aida). Voilà. Après, on ne va pas en faire des kilomètres, je vous engage à lire ce que le monsieur a produit, c'est assez joli. On va s'arreter là pour l'auteur et parler sans tarder du roman...

L'Histoire:
Nous sommes à Tokyo, c'est le printemps et Arata, un jeune trentenaire sorti de l'école depuis 6 ou 7 ans de petites galères, est aujourd'hui est employé municipal. C'est moins glamour que son amour pour la guitare et les soirées entre copains mais son métier insolite - être chargé par la mairie de contrôler les nuisances sonores de son quartier- lui permet tout de même une solitude et un rapport au monde par le son tout à fait particulier. Son métier est un peu chiant mais personne ne l'emmerde. Son appareil à mesurer les décibels en main, il parcourt Tokyo en tant que médiateur entre les responsables de nuisances sonores et les habitants victimes de ces mêmes nuisances.
Coté personnel, ça ne va pas fort. Fumi semble de plus en plus distante et de moins en moins atteignable. Il ne va plus qu'une fois par semaine chez elle, et c'est limite s'il ne se trouve pas à dormir sur le canapé... Alors il s'attarde de plus en plus fréquemment chez Mariko, au sourire qui fait tout oublier. Bref, il se plonge dans le boulot, du heavy métal plein les oreilles et mesure les decibels dans différents quartiers de Tokyo. Et puis la révélation. Il enlève son casque et arrête de traiter les bruits pour commencer à sentir les sons... Très vite se fait jour en lui l'étrange projet d'établir une carte sonore de son quartier, qui lui apparaît alors sous un jour nouveau, puis de la mégalopole tout entière. Il sera aidé par un ancien camarade de classe rencontré par hasard en pleine déchéance entre alcoolisme, divorce et abandon de son fils... Arata, ballotté entre Fumi, qui s'éloigne de lui et qu'il finira par mettre sur écoute, et Mariko, autrefois maîtresse et bientôt thérapeute érotique qui répond au téléphone rose, notre personnage cartographie et donne forme à son trouble dans une ville devenue chambre d'échos de ses dissonances intérieures. Avec ce roman singulier et vibrant, Hitonari Tsuji, ancien membre du groupe "Echoes" (paye ta vanne), nous fait découvrir un Tokyo nouveau entre brouhaha modernes, sons traditionnels et resonnances personnelles de ces habitants.

Moi j'ai beaucoup aimé. On se reconnait facilement dans certains passages... entre le bruit des autres, et sa propre voix, c'est parfois loin d'être facile de rester à l'écoute... [j'arrête là les vannes nases]. Le roman sur fond de bande son rock... sans trop de début ni de fin... Un bon roman, juste trop court. Play again.

photo narimania


Bande son:
Stereo Total- Tas de tôle
Boris Vian- Je suis snob
The Chalets- Love Punch
Tiger Lilies- 25 Minutes

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