1.6.07

Un K.O. dans les cordes


José Carlos SOMOZA
La Théorie des cordes
Actes Sud
Traduit de l' espagnol par Marianne Millon
430 pages / 23,00 €

Dans cette ère du tout technologique, de l'OGM roi et de la science loi supérieure en tout, le mot de "précaution" est devenu un synonyme poli pour "comportement rétrograde d'un individu timoré nuisant au bon développement de l'espèce humaine". Parce qu'il est comme ça, l'être humain, il n'a pas besoin de souffler les bougies des 20 ans de Tchernobyl pour regarder d'un sourire bienveillant l'Iran s'équiper en joujoux nucléaires. Il est tellement décomplexé, bien dans ses baskets et sur de ses croyances qu'il imagine déjà la victoire de la France face à l'Ukraine en match qualificatif pour l'Euro.
Pauvre fou! Il ne se rend compte de rien!

Votre serviteur étant passionné de bouquins, amateur de lois mécaniques (fussent elles quantiques) et pratiquant assidu de corde à sauter à ses moments perdus, je me devais de lire ce pavé de 500 pages d'Actes Sud... Et vous savez quoi? Ben j'ai rudement bien fait!!!
C'est un thriller haletant, rebondissant de pages en pages, de flash back en flash back... Les personnages sont extrèmement riches, et même plus importants que l'intrigue; Somoza s'attache à chercher les fondements des sentiments, les vérités intérieur. Ainsi il les ouvre en deux et voit ce qu'ils pensent lorsque la terreur s'est enfin dissipée... C'est un vrai bon livre à mi-chemin entre l'anticipation, le thriller techno et l'essai religio-bogdanov...

Mais là, je vous vois déjà pantelant, les yeux ronds et la bave aux lèvres. Hey, doucement coquelicot!! Je te raconte un peu le début, tu vas voir, même si tu suivais rien en cours de physique, tu vas planer à 300 000 pieds. Bienvenue à bord de la Testarossa de Stephen Hawking lancée à 320 km/h en conduite vocale.... ça va saigner!!!

Isolée sur un atoll de l'océan Indien, la fine fleur de la physique mondiale est en quête du Graal: la première mise en pratique d'une conséquence des hypothèses d'Einstein, à savoir, la théorie des cordes. Elle œuvre à un ambitieux projet fondé sur le manipulation de cette théorie des cordes, qui permettrait en quelques sorte "d'ouvrir le temps".

Si ce groupe hétéroclyte de gentils fous parvient à des résultats incroyables, tous scientifiques dans la Lune qu'ils puissent être, ils perçoivent rapidement que ce programme, financé par de mystérieux fonds privés, pourrait connaître des applications moins angéliques.
Lorsque finalement un drame sanglant conduit à la suspension immédiate des recherches, dispersant aux quatre vents les apprentis sorciers... (ça fout les choquotes, hein?).

Dix ans plus tard, dans une université de Madrid, Elisa Robledo déplie un journal pour étayer une thèse de physique théorique. Une fraction de seconde lui suffit à comprendre qu'elle est en danger de mort. (voir l'extrait !). Aux côtés d'un confrère, depuis toujours intrigué par la modestie de la séduisante physicienne, Elisa et ses anciens confrères auront-ils le courage de retourner aux origines de la tragédie, sur cet îlot maudit où ils avaient ouvert la boite de Pandore...? Hein? Lis et tu sauras...
Je ne vous dirais pas comment cela finit -même si on peut logiquement penser :"pas top glamour pour les scientifiques trop curieux". Chacun tire les conclusions qu'il souhaite. Pour avoir entendu lors d'une signature, l'auteur expliquer sa vision pessimiste du futur et sa crainte d'une apocalypse avant la fin de la saison régulière de NBA, on peut penser que la dernière phrase du roman est lourde de sens...
Un bon bouquin plein de suspens, spécial vacances et voyage en train, option n'espère-pas-te-coucher-avant-3h-du-mat.
Pour les fans de physique quantique:

Extrait de la Théorie des Cordes


Madrid, 11 mars 2015, 11 h 12.

Exactement six minutes et treize secondes avant que sa vie ne fît une culbute horrible et définitive, Elisa Robledo se livrait à une activité banale : elle donnait à quinze élèves ingénieurs de deuxième année un cours facultatif sur les théories modernes de la physique. Elle ne se doutait absolument pas de ce qui allait lui arriver, car, à la différence de tant d’étudiants et de plus d’un professeur, à qui ces lieux pouvaient sembler redoutables, Elisa se sentait plus en sécurité dans une salle de classe qu’à son propre domicile. Il en allait de même dans le vieux lycée où elle avait préparé le bac et dans la salle nue de la faculté. Elle travaillait maintenant dans les installations modernes et lumineuses de l’Ecole supérieure d’ingénieurs de l’université Alighieri de Madrid, un luxueux centre privé dont les salles de cours bénéficiaient de larges baies vitrées, d’une belle vue sur le campus, d’une acoustique splendide et d’une odeur de bois nobles. Elisa aurait pu vivre là. De façon inconsciente, elle supposait que rien de mauvais ne pouvait lui arriver dans un endroit tel que celui-là.
Elle se trompait lourdement, et il lui restait à peine plus de six minutes avant de le constater.
Elisa était une enseignante brillante entourée d’une certaine auréole. Dans les universités, il existe des professeurs et des élèves sur lesquels on bâtit des légendes, et l’énigmatique figure d’Elisa Robledo avait créé un mystère que tous souhaitaient percer.
D’une certaine façon, la naissance du “mystère Elisa” était inévitable : une femme jeune et solitaire, à la longue chevelure noire ondulée, dotée d’un visage et d’un corps qui n’auraient pas détonné sur la couverture d’un magazine de mode, mais qui possédait en même temps un esprit analytique et une prodigieuse capacité de calcul et d’abstraction, qualités tellement nécessaires dans le monde froid de la physique théorique, où règnent les princes de la science. On regardait les physiciens théoriciens avec respect, voire révérence. D’Einstein à Stephen Hawking, ils étaient l’image acceptée et bénie de la physique pour le grand public. Même si les sujets auxquels ils se consacraient étaient abscons et peu accessibles à la grande majorité, ils faisaient sensation. Les gens les considéraient souvent comme les prototypes du génie froid et farouche.
Il n’y avait toutefois aucune froideur chez Elisa Robledo : elle avait la passion d’enseigner, et cela captivait ses élèves. Pour couronner le tout, c’était un excellent professeur, aimable et solidaire, toujours prête à aider un collègue en difficulté. En apparence, il n’y avait rien d’étrange en elle.
C’était ça le plus étrange.
De l’avis général, Elisa était trop parfaite. Trop intelligente et d’une trop grande valeur, par exemple, pour travailler dans un insignifiant département de physique dont la matière était considérée comme accessoire pour les étudiants d’Alighieri. Ses collègues étaient persuadés qu’elle aurait pu obtenir bien mieux : un siège au Conseil supérieur des recherches scientifiques, une chaire dans une université publique ou un poste important dans un centre prestigieux à l’étranger. A Alighieri, Elisa semblait sous-employée. Par ailleurs, aucune théorie – et les physiciens y sont très enclins – ne parvenait à expliquer de façon satisfaisante le fait qu’à trente-deux ans, presque trente-trois – elle les aurait le mois suivant, en avril –, Elisa fût seule, sans grandes amitiés, en apparence heureuse, comme si elle avait obtenu ce qu’elle désirait le plus dans la vie. On ne lui connaissait pas de fiancés – ni de fiancées – et ses amitiés se limitaient à ses collègues de travail, mais elle ne partageait jamais ses loisirs avec eux. Elle n’était pas prétentieuse, ni même vaniteuse, malgré son pouvoir de séduction, qu’elle renforçait par une curieuse gamme de vêtements de créateurs qui lui conféraient une image assez provocante. Mais, sur elle, ces tenues ne semblaient pas destinées à éveiller l’attention ou à attirer la cohorte d’hommes qui se retournaient sur son passage. Elle ne parlait que de son métier ; polie, elle avait toujours le sourire. Le “mystère Elisa” était insondable.

Elisa s’efforçait de fournir des exemples attrayants aux esprits ternes des enfants de bonne famille qui constituaient son public. Aucun d’eux ne se spécialiserait en physique théorique, et elle le savait. Ce qu’ils voulaient, c’était passer à toute vitesse par-dessus les concepts abstraits pour réussir leurs examens et partir en courant avec sous le bras un diplôme qui leur permettrait d’accéder aux postes privilégiés de l’industrie et de la technologie. Peu leur importaient les pourquoi et les comment qui avaient constitué les énigmes fondamentales de la science depuis que le cerveau humain l’avait inaugurée sur la Terre : ils voulaient des résultats, des conclusions, des difficultés à affronter pour obtenir des points. Elisa tentait de modifier tout cela en leur apprenant à réfléchir aux causes, aux inconnues.
En cet instant, elle essayait de faire visualiser à ses élèves l’extraordinaire phénomène qui veut que la réalité possède plus de trois dimensions, peut-être beaucoup plus que le “longueur-largeur-hauteur” visible à l’œil nu. La théorie de la relativité d’Einstein avait démontré que le temps est une quatrième dimension, et la complexe “théorie des cordes”, dont les dérivés constituaient un défi pour la physique actuelle, affirmait qu’il existait au moins neuf dimensions supplémentaires dans l’espace, chose inconcevable pour l’esprit humain.
[...]Elle commença par un exemple facile et amusant. Elle plaça sur le rétroprojecteur un transparent sur lequel elle avait dessiné une silhouette humaine et un carré.

— Ce monsieur, expliqua-t-elle en désignant la silhouette de l’index, vit dans un monde qui ne comporte que deux dimensions, la longueur et la largeur. Il a travaillé très dur toute sa vie et il a gagné une fortune : un euro… – Elle entendit quelques rires et sut qu’elle était parvenue à capter l’attention de plusieurs de ces quinze paires d’yeux blasés. – Pour que personne ne le lui vole, il décide de le déposer à la banque la plus sûre dans son monde : un carré. Ce carré possède une seule ouverture sur un côté, par laquelle notre ami introduit l’euro, mais personne d’autre que lui ne pourra l’ouvrir à nouveau. D’un geste rapide, Elisa sortit de la poche de son jean une pièce de un euro, qu’elle avait préparée, et la déposa sur le carré du transparent.

— Notre ami est tranquille avec ses économies dans cette banque : personne, absolument personne, ne peut pénétrer nulle part dans le carré… C’est-à-dire, personne de son monde. Mais moi, je peux le voler facilement à travers une troisième dimension, invisible pour les habitants de cet univers plan : la hauteur. – Tout en parlant, Elisa ôta la pièce de monnaie et remplaça le transparent par un autre qui montrait un dessin différent. – Vous pouvez imaginer la réaction de ce pauvre homme quand il ouvre le carré et constate que ses économies ont disparu… Comment a-t-on pu le voler, puisque le carré est resté fermé tout le temps ?

— Quel manque de bol, murmura un jeune homme au premier rang, aux cheveux en brosse et aux montures de lunettes en couleurs, provoquant des rires. Ces rires et le manque apparent de concentration ne dérangeaient pas Elisa : elle savait qu’il s’agissait d’un exemple très simple, dérisoire pour des étudiants de haut niveau, mais c’était précisément ce qu’elle désirait. Elle voulait ouvrir le plus possible la porte d’entrée, parce qu’elle savait qu’ensuite seuls certains d’entre eux atteindraient la sortie. Elle fit taire les rires en parlant sur un autre ton beaucoup plus doux.
— Tout comme ce monsieur ne peut même pas imaginer comment on a volé son argent, nous ne concevons pas non plus l’existence de plus de trois dimensions autour de nous. Maintenant, ajouta-t-elle, accentuant chaque mot, cet exemple montre de quelle manière ces dimensions peuvent nous affecter, voire provoquer des événements que nous n’hésiterions pas à qualifier de “surnaturels”… – Les commentaires étouffèrent ses paroles. Elisa savait ce qui leur arrivait. Ils croient que j’enjolive le cours par des touches de science-fiction. Ce sont des étudiants de physique, ils savent que je parle de la réalité, mais ils ne peuvent pas le croire. Dans la forêt de bras levés, elle en choisit un. – Oui, Yolanda ? Celle qui levait la main était l’un des rares éléments féminins de cette classe où le genre masculin dominait, une fille aux longs cheveux blonds et aux grands yeux. Elisa lui fut reconnaissante d’être la première à intervenir sérieusement.
— Mais cet exemple comporte une astuce, dit Yolanda, la pièce est tridimensionnelle, elle possède une certaine hauteur, même si elle est très faible. Si elle avait été dessinée sur le papier, comme elle aurait dû l’être, tu n’aurais pas pu la voler.
Une vague de murmures s’éleva. Elisa, qui avait déjà préparé une réponse, feignit une certaine surprise pour ne pas décevoir l’indubitable perspicacité de l’étudiante.
— Bonne observation, Yolanda. Et tout à fait exacte. La science se fait avec ce genre d’observations : simples en apparence, mais très subtiles. Cependant, si la pièce avait été dessinée sur le papier, de même que l’homme et le carré… j’aurais pu l’effacer. – Les rires l’empêchèrent de poursuivre pendant quelques secondes, cinq exactement.
Sans qu’elle le sût, il ne restait que douze secondes avant que sa vie tout entière volât en éclats.
La grosse pendule murale placée face au tableau marquait la course implacable du temps. Elisa l’observa avec indifférence, sans se douter que la grande aiguille qui balayait le cercle horaire avait commencé le compte à rebours pour détruire à jamais son présent et son futur.
A jamais. Irrévocablement.
— Ce que je veux, poursuivit-elle, modérant les rires d’un geste, étrangère à tout ce qui n’aurait pas été l’harmonie qu’elle avait établie avec ses élèves, c’est vous faire comprendre que les différentes dimensions peuvent être liées les unes aux autres, peu importe comment. Je vais vous donner un autre exemple.
En préparant son cours, elle avait tout d’abord songé à tracer un dessin au tableau. Mais elle aperçut le journal plié sur la table installée sur l’estrade. Quand elle travaillait, elle l’achetait au kiosque situé à l’entrée de la faculté et le lisait après avoir fini, à la cafétéria. Elle pensa que les élèves comprendraient peut-être mieux le nouvel exemple, relativement plus difficile, si elle utilisait un objet. Elle ouvrit le journal à la page centrale, au hasard, et le lissa.
— Imaginez que cette feuille est un plan dans l’espace…
Elle baissa la tête pour séparer la feuille des autres sans abîmer le journal.
Et elle le vit.
L’horreur est très rapide. Nous sommes capables d’être effrayés avant même d’en avoir conscience. Nous ignorons encore pourquoi, et déjà nos mains tremblent, notre visage pâlit ou notre estomac rétrécit comme un ballon dégonflé. Le regard d’Elisa s’était posé sur l’un des gros titres dans l’angle supérieur droit de la feuille et, avant même de vraiment comprendre ce que cela signifiait, une brutale décharge d’adrénaline la paralysa. Elle lut l’essentiel de l’article en quelques secondes. Mais ce furent des secondes éternelles pendant lesquelles elle eut tout juste conscience que ses élèves s’étaient tus en attendant la suite, et ils commençaient à s’apercevoir qu’une chose étrange se produisait : il y avait des coups de coude, des raclements de gorge, des têtes qui se retournaient pour interroger leurs camarades…
Une nouvelle Elisa leva les yeux et affronta l’attente silencieuse qu’elle avait provoquée.
— Euh… Imaginons que je plie le plan par là, poursuivit-elle sans trembler, de la voix atone d’un pilote automatique.
Elle ne sut pas comment, mais elle poursuivit ses explications. Elle écrivit des équations au tableau, les développa sans erreur, posa des questions et prit d’autres exemples. Ce fut une prouesse intime et surhumaine que personne ne sembla déceler. Ou si ? Elle se demandait si l’attentive Yolanda, qui la scrutait au premier rang, avait capté un reste de la panique qui la saisissait d’effroi.
— Nous allons nous arrêter là, dit-elle, cinq minutes avant la fin du cours. Et elle ajouta, frissonnant devant l’ironie de ses paroles : Je vous préviens qu’à partir d’aujourd’hui tout sera beaucoup plus compliqué.

Certaines peurs sont comme des morts sans profil, des ébauches de morts qui nous dépouillent momentanément de la voix, du regard, des fonctions vitales, pendant lesquelles nous ne respirons pas, nous ne pouvons pas penser, notre cœur ne bat pas. Elisa connut l’un de ces terribles moments. Elle comprit soudain ce qu’elle devait faire. Elle referma le journal, le mit dans son sac, et finit son cours.
Avant toute chose, elle devait rester en vie.
José Carlos SOMOZA

24.5.07

Opéra des Dieux - Emission #16 - Culture Jeune

Emission #16 - Culture Jeune
TELECHARGER L'EMISSION
-------------------- INTERVIEW --------------------
de Benoît SABATIER
pour la sortie de son livre
"Nous sommes jeunes Nous sommes fiers
La Culure jeune d'Elvis à Myspace"
(Hachette Litt)

-------------------- Playlist --------------------
par Benoît SABATIER


Dites le fort (Nous sommes jeunes Nous sommes fiers) de Taxi Girl, The Radio Song de Dillard & Clark , Grocer Jack (Teenage Opera) de Mark Wirtz, Paris de Taxi Girl, I want more de Can, Il est plus facile des Boots, Partyline des Stockholm Monsters, Fred Vrom Jupiter de Die Doraus, Freak de LFO, La Maman et la Putain de Diabologum
sur le site de l'émission: L'Opéra Des Dieux

21.5.07

Marjolaine et Remi sont passés ceinture noire

De bonnes nouvelles du Front de la Chanson française poétique de combat: la variet garage a pris les armes et compte foutre une sévère dérouillée à qui se trouvera sur son chemin. Marjolaine et Rémi ont pris place à bord de leur BabySideCar et ça envoyer du steack.

La première simulation de combat à balles réelles est prévue pour le 29 mai au Studio de l'Ermitage.
Ci joint, la video du camp d'entrainement du Babysidecar.



Pour mémoire le précédent clip, tout aussi poignant, dans un registre différent, relatait la violence quotidienne et l'envie de rebellion suite aux écoutes répétées des analyses économiques d'Europe1. Celui ci est plus Mercurien.



Les dates de concert à venir

15.5.07

Lettre à un ami


Voilà, je l'ai fini et je l'envoie en Normandie (ouech!). C'est étonnant comme on y trouve mélangé ma vie professionnelle bordélique de microserf, autant que mes rêves spychédéliques d'après hyperglycémie. (Pour les rêves, lisez et vous verrez que c'est bien barré).
Là, je vous colle le moment de basculage à mon sens: le moment à partir duquel vous ne pouvez plus raconter le roman à personne sans passer pour un débile léger. Une cassure très Girlfriend in the Coma avec un penchant LunarPark-iste d'Ellis.

Un bon roman, qui donne envie de se relire Generation X et Microserf. Mieux, moins bien, juste passable... chacun son avis. Je dirai que de toute façon, Generation X a une place à part, enrobée de nostalgie et de musique grunge. JPod ne pourra jamais rivaliser. Mais on a ici un bel essai et quelques rires grimaçants suffisants pour ne pas laisser pointer l'amertume du "mieux avant". Note pour plus tard: penser à chercher s'il existe des travaux sur la socio du groupe son rapport à la technologie traitées par le roman...







Site Officiel de JPod

9.5.07

30 ans plus tard, on prend les mêmes et on recommence

Toute ressemblance avec le Mouvement Démocrate de F. Bayrou n'est pas forcément fortuite...




Le reste ici... par Jon SAVAGE

4.5.07

David Bowie s'en mord les doigts

Un petit mot quand même en ce début de semaine, sur ce qui s'est passé depuis notre dernier entretien webbique: la France a basculé, elle qui tanguait déjà avec un sérieux penchant. La chose n'est pas en elle même gravissime, ce sont les éclaboussures et conséquences de tout cela, l'affiche assumée des valeurs et la décomplexation des partisants autant que la non remise en question d'une opposition mauribonde depuis maintenant 15 ans, qui elles, puent sérieusement du cul...
Une bonne nouvelle tout de même: on risque à notre niveau de voir ressurgir de nouveaux petits frères de Parabellum ou des Berus, ou au moins, un vif intéret pour ce qui fut le mouvement contestataire des grands frères...

Soit... on se consolera avec ça, en évitant le piège du dilemne action-rejet, puisque de toute façon, y croire, c'est perdre et perdre c'est forcément gagner... Alors, on tentera le coup, parce qu'on est comme ça, au fond...

... des loosers romantiques


En attendant, il nous reste 5 ans avant la fin du monde... Une petite cover pour la route.


The Arcade Fire - Five Years


18.4.07

Dimanche de Fête

On a passé un bon dimanche, McCarthy a gagné le Pulitzer et on a pris le soleil du Morbihan. Que demande le peuple? Savoir où il va..., tiens pour commencer...

9.4.07

White Folks, arnaqueur blanc et "fils de passes"


Après le très troublant et autobiographique Pimp, que j'avais beaucoup aimé, la collection Soul Fiction des Editions de l’Olivier avait publié un deuxième roman d’Iceberg Slim, Trick Baby, que je n'avais toujours pas lu. (Merci Tibo de me le filer...)
Plutot que de vous en faire un résumé moyen, comme j'ai trouvé quelqu'un qui en parle très bien voici les mots d'un autre, Olivier Cathus
La traduction de Pimp était l’occasion de découvrir en français un livre-culte, rien moins que le livre de chevet de nombreux rappeurs américains s’indentifiant au personnage du mac, véritable héros urbain au sein de la communauté noire, symbole du type qui avait compris combien un cul noir pouvait faire cracher leur argent aux michetons blancs.
C’est alors qu’il était en prison, en train d’envisager sa reconversion dans un autre bizness que le proxénétisme, qu’Iceberg Slim rencontra White Folks (pour les amis), alias Trick Baby (pour les autres). Un grand gaillard, sosie d’Errol Flynn. Pourtant il ne faut pas se fier aux apparences, malgré sa peau blanche et ses yeux bleus, White Folks était noir, noir en dedans.
Iceberg Slim le connaissait de réputation, en équipe avec Blue Howard, White Folks ("arnaqueur blanc") était un des plus fameux arnaqueurs noirs de Chicago. Durant leurs quelques jours de cellule en commun, White Folks raconta son histoire à Iceberg Slim qui nous la livre à son tour.
Comme dans Pimp, l’écriture d’Iceberg Slim ne s’embarasse pas de fioritures, c’est l’expérience de la rue mise en mots de la façon la plus brute et directe qui soit. Comme dans Pimp pour le métier de proxénète,à travers un destin particulier situé avec précision dans son contexte socio-historique, nous avons ici le récit d’un apprentissage du métier d’arnaqueur. Vécu de l’intérieur, on découvre les techniques de la combine, ses différents tours… Mais, au-delà de cet aspect qui pourrait passer pour simple folklore, les romans d’Iceberg Slim prennent toute leur intensité par le rendu du contexte, le Chicago et ses cloisonnements raciaux.
Johnny O’Brien est né dans les années 20 d’une mère noire et d’un père blanc. Ce dernier disparut très rapidement du foyer. Ainsi grandit le petit Johnny, seul avec une mère dévorée par l’alcoolisme et s’effeuillant dans un club minable. Un enfant quelque peu livré à lui-même et que les gamins de son entourage, ne pouvant imaginer d’autres types d’union mixte, appelaient Trick Baby, "fils de passe"… La vie était ainsi faite que pour le jeune garçon il était difficile de trouver sa place dans la société américaine ainsi partagée.
Pourtant sa peau blanche devint un avantage dès qu’il se mit en équipe avec Blue Howard qui l’adopta, presque comme un père adoptif, lui appris tous les trucs du métier et lui donna son surnom de White Folks, un oxymore en quelque sorte car un type se faisant appeler "arnaqueur blanc" ne pouvait être que noir. Ensemble, ils allaient pouvoir gruger aussi bien les pigeons noirs que blancs, le bon plan.
Ensemble, ils vivaient bien, dans une certaine opulence mais rien ne va jamais de soi, rien n’est jamais acquis. La vie a ses hauts et ses bas, ses grandeurs et ses décadences. On se retrouve toujours confronté à divers dangers : ne pas empiéter sur les plates-bandes de la Maffia, se méfier des trahisons, des femmes, de l’alcool et des drogues…
Autant dire de suite, que nos deux compère se virent confrontés à un redoutable panaché de ces trois menaces. Pour White Folks, l’amour prit les traits d’une riche et belle femme blanche qu’il appelait la Déesse. Leur union était impossible, elle raciste déclarée, lui poussé à lui révéler le secret de sa négritude. Et "cette garce de Déesse et sa chatte internationale ineffablement brûlante"(p.306) manquèrent de le conduire au fond du trou, au fond de la bouteille, intoxiqué par l’alcool du dépit. La blessure ne se referma jamais complètement mais il compris ensuite qu’ il était plus malin de louer la carosserie d’une gonzesse que de jouer les jolis cœurs"(p.311). Véritables récits de vie, les romans d’Iceberg Slim combinent l’éducation sentimentale du personnage à ses interrogations sur un possible déterminisme social dont il serait autant l’acteur que la victime (une victime qui, en tout cas, ne s’appitoierait surtout pas sur son sort).
Côté sentimental, si l’on constate à quel point l’amour tarifé fait partie intégrante du quotidien, on s’amusera par contre des découvertes de White Folks quand il comprit, en voyant un couple de lesbiennes faire l’amour, l’importance du cunnilingus dans le plaisir féminin : "voilà pourquoi ces lesbiennes n’ont pas besoin d’un zob pour envoyer une fille en l’air. Ces tordues ont une technique diabolique"(p.146). Il se précipitera pour la mettre en pratique avec succès sur la première femme venue, Jackie, une femme mariée qu’il convint moyennant finance de passer au lit avec lui. Résultat concluant : "Je me faisais du souci pour le mari de Jackie : au lit il allait passer pour un nul ! La technique lesbienne avait éveillé la cochonne qui sommeillait en Jackie"(p.149)…
Mais si l’intrigue se retrousse sur ces passages distrayants, le déchirement du personnage semble aussi insoluble que la question raciale aux Etats-Unis. Qu’il reste avec des Noirs et on l’appelera toujours Trick Baby, qu’il aille arnaquer des Blancs, il devra garder pour lui son secret sous peine d’être rejeté tout de go…! Dans Trick Baby, Iceberg Slim nous livre une nouvelle fois un témoignage bouleversant et sans concessions. Iceberg Slim ne juge pas ses personnages, il essaie de nous faire comprendre leur destin souvent tragique. "Je comprends pourquoi le peuple noir doit pour s’en sortir, voler, mais je n’arrive toujours pas à croire que le crime est une solution viable. L’énergie et le talent exigés pour devenir un délinquant de réelle envergure pourraient être utilisés de manière bien plus positive. Si un maquereau parvient à contrôler neuf femmes, il peut tout aussi bien faire autre chose".
Olivier Cathus


Des liens:
Iceberg Slim sur Wikipédia
les livres d'Iceberg Slim

8.4.07

Opéra des Dieux- Emission #14 - VF

Emission #14 - VF de l'Opéra des Dieux
Pour télécharger l'émission, clic droit sur le hamster suicidaire

J'aime pas la Chanson Française

de LUZ (Hoëbeke)



----------------- Anti-BO du livre -----------------

Jezebel d'Edith Piaf
Sur une Nappe de Restaurant de Jacques Dutronc
Tu fais partie du Passé de Zouzou
Connais-tu l'Animal qui inventa le Calcul Intégral d'Evariste
Contact de Brigitte Bardot
Psychose de Messieurs Richard de Bordeaux & Daniel Beretta
Comme à la Radio de Brigitte Fontaine
Le Papyvore des Papyvores
La Mélodie de Christophe
Une Espèce de Lolita... toute verte d'Alain Kan
Bijou Bijou d'Alain Bashung
Pretty Day de Marie Möör
Synchro de Charles De Goal
Je t'écris d'un Pays des Visiteurs du Soir
Le Courage des Oiseaux de Dominique A
Gris Métal de Bertrand Burgalat
Au Matin d'Etienne Charry
Les Plages de Berk de La Position du Tireur Couché
Amoureux Solitaires par Jenny Goes Dirty
Les Matins de Paris de Teki Latex & Lio

7.4.07

Travis est superbe, il est grand.

Il est des concerts que l'on devine être des virages, des étapes marquantes pour l'artiste que l'on aime. Je suis persuadé que ce concert du 5 avril est de ceux là: une grande fête, où Travis Bürki, visiblement heureux, semblait prendre du plaisir à jouer, à l'aise devant un public convaincu, plus en forme et drole que jamais.

Le costume rouge flamboyant à imprimé floral mauve n'aura je pense jamais été porté avec autant de classe... Le sentiment qu'on changeait de division, qu'on franchissait un cap en troquant la minuscule scène du Limonaire pour les flashs stroboscopiques du Zèbre de Belleville. Comme dans la chanson, comme si on s'était interdit trop de choses trop longtemps: Aujourd'hui je suis fatigué j'ai trop attendu je voudrais collectionner les papillons...
Le clin d'oeil aux amis, aux proches et même aux producteurs sur le chemin parcouru... Avec le grand dénument: le retournement de veste.

" Alors quand ils ont débarqués le mercredi en 8, des projets plein leur attachés cases, je leur ai dit, "Messieurs il est grand temps que ma création s'ébruite, mon annonymat me pèse." Ils m'ont demandé de signer au bas de la page me faisant miroiter des liasses et des voyages... et j'ai dit OUI AUX MILLIONS, TOURNEE GENERALE!!!"








3.4.07

Western et Temps de parole



Le débat aura lieu sur Internet ou ne sera pas. Le règlement de compte se fera en zone de non droit. Les porte flingues enchaînent les bains de bouche au Dextril. Ca pique plus que les lèvres en sang badigeonnées à la sauce samouraï d'un kebab mal controlé. Bref, ça va être violent et les mots vont voler aussi bas que le niveau de cette campagne. Pour se mettre dans le mood ‘monde moche- vulgarité- bassesses’, il n'est pas idiot de se fourrer la tête dans un bon western au fond duquel on ne pourra plus décoller les spaghettis.
Cette semaine, on lit Cormac McCarty. Et on aime ça.




Comme la majorité des livres de McCarthy, le pitch est propre et simple : dépouillé au point de foutre la trouille. Un roman résumable en 2 lignes implique obstination, endurance, et esthétique. Cette fois ci encore, on débarque en plein pulp-western.

Voici le début prometteur :
" Il abaisse les jumelles et examine le terrain tout autour. Puis il les relève. On dirait qu'il y a des hommes allongés par terre. Il enfonce ses bottes dans la rocaille et règle les jumelles. Les véhicules sont des camionnettes à quatre roues motrices ou des Bronco avec de gros pneus tout-terrain et des treuils et des rampes de projecteurs sur le toit. Les hommes ont l'air d'être morts. Il abaisse les jumelles. Puis il les relève. Puis il les abaisse et reste assis là où il est. Rien ne bouge. Il reste ainsi un bon moment. " Moss se rapproche, et ne rencontre que des morts et un agonisant demandant de l’eau. Ayant aperçu des traces de sang dans l'argile, il remonte la piste jusqu'à un nouveau macchabée. Il y a une lourde serviette contre le genou de l'homme mort. Quand il se décide enfin à la ramasser, Moss découvre qu'elle est pleine à ras bord de coupures de cent dollars, rangées par paquets entourés de rubans à billets, chaque paquet étant marqué d'un tampon indiquant un montant de dix mille dollars. " Sa vie tout entière est là devant lui. Jour après jour du matin au soir jusqu'à sa mort. Toute sa vie réduite à vingt kilos de papier dans une sacoche. "

Ce que l’extrait ne vous révèle pas, c'est qu’après s’être barré à toute vitesse avec le pognon Moss va revenir sur les lieux sachant, bien sûr, que c’est la pire des conneries… juste pour apporter de l’eau au mourant… Bien sur, il sera attendu. De la réplique qui cogne, encore. Des virages terribles et des scènes bien lourdes… Un champion du livre pop corn ce McCarthy

Mais c’est loin d’être son coup d’essai. Une trilogie terrible avait déjà bien fait du bruit…'De si jolis chevaux', 'Le Grand Passage', et 'Des villes dans la plaine'. Les histoires d'un changement de temps, entre l'Amérique des John Wayne rhumatisants et celle des Raisins de la colère teintés prohibition.



"1949. Parce que les choix de l'Amérique moderne condamnent leurs rêves d'aventure, John Grady Cole et Lacey Rawlins quittent le Texas et chevauchent vers le Mexique. Ils iront vivre ailleurs, au royaume des chevaux, pour célébrer avec une nature intacte des noces éternelles." Dit comme ça, on sent un « Brokeback Mountain » nous tomber dessus… et on a tort forcément, car tout est beaucoup plus violent… quand on déboule dans le Mexique de McCarthy.


'Des villes dans les plaines' (le seul que j'ai lu des trois en fait ;-)) clôt la Trilogie des confins commencée avec De si jolis chevaux et Le Grand passage. Cormac McCarthy remet en scène les deux jeunes cowboys, Billy Parham et John Grady, l'as du rodéo avec winchesters, lassos, chevaux, grands espaces et sierras du Nouveau Mexique. Une amitié fraternelle unit les deux hommes, que neuf ans séparent. Le roman commence en 1952, alors que les deux héros travaillent comme vaqueros dans un ranch de la région. L'exploitation est cernée au nord par Alamogordo et ses terrains militaires qui menacent toujours de s'étendre, et au sud par les montagnes du Mexique. Inéluctablement, le monde des cowboys est grignoté par les transformations de la société. Billy et John, poursuivant les troupeaux égarés, sentent cette disparition graduelle et les changements à venir. Ils rêvent d'un ailleurs, le Mexique. Ils traînent dans les bars et les bordels. Puis John Grady s'éprend d'une jeune prostituée mexicaine et épileptique, Magdalena. (La scène de la rencontre ferait rêver n'importe quel cinéphile). Il décide de la kidnapper et déclenche alors la tragédie.

Je vous parle rapidos du Méridien de sang qui lui est pas mal du tout, même bien plus judicieux à lire en ce moment, si on en regarde l'actualité du droit d'ingérence en Irak et tout le reste... Bref, on ne s'épenche pas politique, mais l'idée c'est qu'on veut le bien de tout le monde et qu'on flingue à tour de bras au nom de la morale... Ce roman se passe juste après la guerre entre le Mexique et les Etats-Unis entre les déserts du Texas et les rives du Pacifique. Le héros est un garçon de quatorze ans, qu'on appelle le Gamin. Il a des trous dans les bottes et les pieds qui puent et ça c’est important pour le coté western. Il a laissé sa famille dans le Tennessee pour rejoindre une bande d'irréguliers qui traquent les Indiens pour le compte du gouverneur de l'état mexicain du Chihuahua, comme la chanson de l’été. Cette bande de soldats pillent, brûlent et tuent. Et c'est assez costaud niveau scènes de viande. Mais quand ils arrivent dans le Colorado, ils se font massacrer par les survivants des Indiens yumas. En gros, tout le monde tue tout le monde, et les règlements de comptes s’enchaînent sans que les protagonistes ne choisissent vraiment d’y prendre part. Le gamin et le chef s’en veulent méchamment. Leur interminable poursuite débute au milieu des dunes de la Vallée de la Mort et se terminera vingt ans plus tard de manière grotesque et tragique dans le bordel d'une petite ville du Texas.
Une de mes phrases préférées, proférée par un vieil ivrogne:
"Y a quatre choses qui peuvent détruire le monde, dit-il: les femmes, le whisky, l'argent et les nègres..."

Revenons au duel de mots de nos cow-boys présidents à nous. Je repense au flow de Ségolène et je rigole. Car pour d'autres, les mots sont des balles qui se collent entre les deux oreilles des non croyants. Délit de grande vitesse pour Cyanure. Il sera flashé près de Lyon à 210 mots minutes. Bernard Pivot s'est fait virer de sa dictée pour moins que ça.