Dans l'attente d'un arrivage tout frais de romans tout beaux et jolis et récents, on lit un peu de Romain Gary avec ses mangeurs d'étoiles, croyant qu'on a la vie devant soit et qu'elle se termine pas au Pérou... Mais entre deux, on tente une percée de muraille vers les vertes plaines de Manchourie.
Aujourd'hui, on prend ses baguettes et on déguste. On nehm qu'avec le coeur...
C'est le moment idéal pour un apéro nouvelle cuisine et découvrir avec joie et allégresse l'onctuosité et la fraîcheur de la littéarture contemporaine chinoise. Et on commence par un court roman de MO YAN, qui n'est pas n'importe quel pékin...
Éditeur : Seuil (4 mars 2005)
Collection : Cadre Vert Format : Broché - 107 pages
L'auteur:
Mo Yan est né en 1956 dans une famille de paysans pauvres du Shandong. Il a commencé à écrire en1981 et est entré en 1984 à l'Institut des arts de l'Armée de libération. Mo Yan est désormais largement connu et reconnu, tant en Chine qu'en Occident ; ainsi, après Les Treize Pas, Le Pays de l'alcool et les nouvelles Enfant de fer, Beaux seins belles fesses (Seuil, 2004) a confirmé de manière éclatante son génie singulier.
L'histoire:
Lorsque Lao Ding, à l'âge de soixante ans, est licencié de l'usine Étoile rouge pour cause de faillite, c'est un monde qui s'effondre. Mais une nouvelle Chine est en train de naître, fondée sur l'initiative privée, où se déploient tout ensemble l'ingéniosité du petit peuple, la corruption des cadres, la solidarité des générations et le chacun-pour-soi... Maître Ding retrouve l'enthousiasme et la vigueur grâce à une idée géniale, bien audacieuse, et à l'infaillible soutien de son fidèle apprenti devenu conducteur de tricycle. Il ne sait pas qu'au début de l'hiver, une nuit de terreur l'attend...
Mon avis:
Il est toujours difficile de savoir à quelle part on doit la forme et le rythme d'un roman traduit, s'il est à l'origine ou si le traducteur l'a bonifié de quelque manière que ce soit. Toujours est-il que mes compétences en Chinoiseries s'arrêtant là, je me rabats sur l'édition française et en tire des conclusions sur son auteur originel.
Le décor de ce court roman nous plonge dans une Chine en transformation, entre archaisme et progrès, en mettant en scène un vestige de l'ère Révolutionnaire, notre Grand Oncle Lao Ding. Même son nom ne veut plus rien dire dans le merdier actuel. On balaie l'ancien et ses traditions pleines de naphtaline. Débris préhistorique licensié d'une ancienne usine agricole relookée en entreprise à faire des canettes en alu, notre héros est un stigmate de la course au lifting capitaliste dans laquelle se lance le pays tout entier. Inadapté, il doit évoluer ou mourrir. Et dans l'Empire du milieu, la mafia n'est jamais bien loin de toutes forme de profit rapide et salutaire quand ils poussent sur la misère... Il a le génie d'aménager un vieux bus pourri, tombé en carcasse ferraillante près un lac, en une tendre couche nuptiale pour amoureux libertins souhaitant se dégourdir les muscles en fin d'après midi. Une mane sans fin, jusqu'au drame... un happening de sa conscience...
Par des mots simples et des situtations nettes, l'auteur pose un regard décapant sur la société chinoise contemporaine. Un très bon roman, qu'on aimerait plus long pour être plus complet. Plein de tendresse et d'humour, ce petit roman laisse présager une fuite de votre servieur vers le rayon Littérature Asiatique dès la semaine prochaine...
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