Je vais parler aujourd'hui de Paperboy, le roman de Pete Dexter publié chez L'Olivier, et qui sort en poche là, depuis le mois de mars. Je vous ai déjà évoqué cet auteur et son style ici, pour la sortie de Train. Là, je remonte un peu dans le temps, pour aller à son 4ème roman, et vous allez voir qu'on va pas faire le voyage pour rien.
Je mets l'accent sur l'histoire, pour le reste, je vous fais confiance pour aller fouiner.
L'histoire:
Hillary Van Wetter croupit dans une cellule de la prison de Moat County, en Floride, et attend la mort. Il est accusé d'avoir assassiné - ou plus exactement éventré - le shérif local pour vengé son cousin, rossé à mort. Ce vieux shérif de campagne est un peu spécial, à moitié fou, à moitié pourri et surtout complètement ancré dans les traditions de la région, c'est à dire 100% raciste. Pendant ce temps, une certaine Charlotte Bless adresse une lettre au Miami Times, expliquant que le condamné va être exécuté pour un crime qu'il n'a pas commis. Flairant une affaire juteuse, le journal décide d'envoyer ses deux meilleurs reporters, James et Acheman, enquêter sur place. Deux journalistes au tempérements opposés et qui ne s'aiment pas. James est sérieux, classiquement à la recherche de faits et de preuves. Vieille école nous dirons. Acheman lui, écrit plus qu'il ne fait véritablement du journalisme: il brode et tricote pour aller vers ce qu'il appel le nouveau journalisme, très en vogue à cette époque, dans les années 70. Reste une dernière personne dans le récit, le petit frère de James, qui après s'être fait virer de l'université accompagne son frangin en expédition et a la part belle dans ce roman, puisqu'il en est le narrateur.
Rajouter à ce contexte violent une bonne dose de misère de l'Amérique profonde, un peu de sexe (Charlotte va se fiancer avec le condamné, tant elle le trouve sexy et dangereux, puis forcément, l'enquête avançant, va commencer une partie de chaises musicales), et une grosse louchée de dépit des passionnés et d'enthousiasme des tricheurs... bref, un monde pourri jusque dans le fond, qui a les odeurs du décor, celui des marécages de Floride.
Avis:
Sous des dehors de roman noir classique, Dexter nous emmène dans une dissection de l'Amérique, en ce qu'elle a de plus extrème et de plus fort: l'exemple... le plus précis et le plus fin possible, les détails d'une dérive. Mais au-delà de cela, ce roman est avant d'être une histoire d'enquête, une satire du journalisme (c'était le métier de départ de Dexter) à tout prix, de la chasse au scsoop propice au Pulitzer. Et c'est en ceci que le personnage de James devient assez vite central et essentiel, puisque lui, l'intègre et le désabusé, est face aux choix moraux et professionnels que d'autres refusent. C'est alors que la relation avec le petit frère prend toute la place: on s'aperçoit alors bien vite c'est avant tou une histoire de famille, de force et de société avant d'être une simple histoire de meutre...
Les décors, l'époque, les dialogues... tout fonctionne. On dirait l'antithèse d'un Erin Brokowitch, saupoudré d'un soupçon d'A l'est D'Eden.
Et forcément, ça ne peut finir que mal.
Tant mieux.
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