15.11.06

Choisis tes amis pour faire la fête

En pleine rédaction d'un petit moment joli de rock'n roll, je me ballade et tombe là dessus.

Que celui qui n'a jamais fait de moustaches à Mahmood, ou qui n'a jamais eu honte en feuilletant les album photos post-pacs, jette la première pierre à JUSTICE vs SIMIAN des toujours prolifiques ED BANGER RECORDS



la video et le reste des titres dispo ici

15.10.06

Haut les flingues

L'été est définitivement mort et on n'a pas vu naitre l'automne que l'hiver déboule déjà. Alors quitte à se les geler, autant carrément partir vers les pays des glaces et des esquimaux. On revient sur un livre qui a beaucoup plu, "Les Fusils" de William VOLLMANN.

Les Fusils
William T. VOLLMANN
Le Cherche Midi
21€/408 pages

Pour l'histoire, j'en avais déjà parlé
ici

L'auteur: William T. Vollmann est né à Los Angeles en 1959. Il a fait ses études à l'Université Cornell en littérature comparée. En 1982, il a voyagé au coeur de l'Afghanistan avec des commandos islamiques puis a passé quelques années à San Francisco. Il a reçu en 1988 le Whiting Award et le Shiva Naipaul Memorial Award en 1989. « Dès son premier livre traduit, on a su que William T. Vollmann n'était pas un écrivain américain de plus mais une sorte d'Ovni incandescent, de rejeton surdoué issu de la famille des génies sulfureux, les William Burroughs, Thomas Pynchon et autres Hubert Selby Jr. L'homme est fascinant, d'une intelligence rare, insaisissable. » Bruno Corty - Figaro Littéraire Une bibligraphie rapide par ici



1845 : le continent américain a été cartographié à l'est, à l’ouest, au sud. Les explorateurs qui espèrent découvrir le passage du Nord-Ouest ne rencontrent que la glace et la mort. Sir John Franklin tente à son tour l’aventure, avant de disparaître tragiquement avec tout son équipage. Fin du XXe siècle : le capitaine Subzéro, obsédé par la blancheur apocalyptique du Grand Nord et par le destin de Franklin, son alter ego, tente à son tour de percer le secret du monde arctique. Au même moment, William T. Vollmann, désireux d’approcher au plus près l’état d’esprit de ces hommes et ces femmes isolés dans des conditions extrêmes, s’enferme dans une station météo abandonnée au cœur de l’Arctique, au péril de sa vie.
J'en suis à la relecture par petites bouchées apéritives. J'ai fait le tour et, comme j'ai beaucoup aimé, et bien j'ai repris un ticket. Après avoir relu les passages tendres, les paysages d'aquarelle, l'horreur du froid et les dialogues sur la corde sur lesquels s'écrase le silence. J'en arrive à ressentir des frissons lorsque Franklin monte sur le pont, à trouver que les joues de Reepah rosissent de plus en plus quand elle rit, et quand Subzéro propose ses biscuits aux enfants, c'est moi qui époussette les miettes tout en chassant les moustiques.
Mais plus que le mélange des récits, les apparitions fantômatiques des uns et des autres, c'est la montée en puissance de la fatalité, de l'horreur, ce maelstrom qui va venir broyer tous ces hommes et toutes ces envies de liberté dans un décor si grand qu'il réduit tout et tout le monde à l'essence même de ce que nous sommes tous: à savoir pas bezef quand on est contraint à manger nos chaussures.

Il claque ce livre. Il renvoie à ce qui a été -moche-, ce qui est -pas terrible- et donne une idée de ce qui sera - pas brillant-. L'auteur est incroyable: jusque-boutiste, talentueux et poétique à mort. On pense écologie, développement, et droit des armes. On pense aussi aventure façon Agaguk ou Frison Roche. Bref, on ne s'ennuie pas une minute. C'est aéré, riche culturellement et tellement bien écrit que la suite logique est d'aller voir le reste des volets consacrés à la naissance de l'Amérique.
Je vous mets ici un bout d'entretien, où il était question des armes, de leur utilité et du droit constitutionnel lorsqu'il confronté à la responsabilité.
You know, I've had some sad things in my past, and that doesn't mean that I'm not responsible for the decisions that I make. I've been thinking about this a lot because I'm a gun owner, and I'm pretty sure that by the time my little girl is my age, handguns are going to be, in practice, banned in this country. When you look at the issue of guns, there are two visions you can have. One thing you can say is, and this is what I believe, that the second amendment is really wonderful. Unlike in other countries, our country trusts us to have guns. It's in our constitution -- we have the right to defend ourselves against others, or even against our own government if it becomes a bad government, and I think that's amazing and wonderful. If that's the case, if I allowed to have a gun and I ever misuse that gun, then I deserve some serious punishment. If I take my gun and shoot the next door neighbors or rob a bank, I should be put in jail for the rest of my life or maybe killed. That's what I believe.

The other way to look at guns is that we should cut people as much slack as we possibly can and try to be kind, and that if someone makes a mistake, then that person should not be held completely responsible and we should try and help that person and protect him from the consequences of his mistake.








=> des liens:
Un petit morceau d'histoire avec les explorations dans le Nord Canadien ici
La note de Topo avec un entretien de Vollman ici
L'alphabet esquimau ici

6.10.06

Vous reprendrez bien une Wurst ?

Comme tous les ans, les frustrés de la Porte de Versailles peuvent assoiffer leur boulimie de livres grâce aux Teutons. Le plus gros, le plus gras, le plus pointu des rendez-vous commercialo-littéraire est maintenant en direct sur ZDF les enfants, et c’est le Buchmesse de Frankfurt bien sûr!
Pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir le satellite, il reste le streaming pour mater les Schriftsteller sur le canapé bleu…

5.10.06

Un petit prix qui sort du lot

Un prix étonnant, qui avait consacré Mongiève l'an dernier, et qui "cherchant à remettre la littérature au centre par un système tournant, [...] tentera de dissiper une certaine confusion dans l'échelle des valeurs littéraires, et de redonner aux textes de grands écrivains parfois esseulés dans un système ne consacrant que le chiffre, le goût de fruit défendu... Il privilégiera des styles, des écritures, des mots comme on n'en trouve plus que rarement sur le marché des mots."
Le prix Wepler-Fondation La Poste est doté d'une somme de 10 000 euros et d'une somme de 3 000 euros pour la mention spéciale qui récompense "une audace, un excès, une singularité résolument en dehors de toute visée commerciale". Un rêve quoi! En plus, il est composé d'un jury tournant :"des journalistes, des libraires, des lecteurs passionnés venant de tous les horizons, ainsi qu'une détenue de longue peine".

Sélection 2006 :
- Sylvie Aymard, Courir dans les bois sans désemparer, Maurice Nadeau
- Véronique Bergen, Kaspar Hauser ou la phrase préférée du vent, Denoël
- Alain Defossé, Chien de cendres, Panama
- Vincent Delecroix, Ce qui est perdu, Gallimard
- Jean-Hubert Gailliot, Bambi Frankenstein, Editions de l'Olivier
- Pierre Guyotat, Coma, Mercure de France
- Pavel Hak, Trans, Seuil
- Jacques Jouet, l'Amour comme on l'apprend à l'Ecole hôtelière, P.O.L.
- Jean-Louis Magnan, Les îles éparses, Verticales
- Héléna Marienské, Rhésus, P.O.L.
- Michel Schneider, Marilyn dernières séances,Grasset
Cet automne, l'idée de jury tournant paraît alimenter de vives polémiques... Je crains qu'elles ne soient suivies de peu d'effet en raison d'une constellation de privilèges ouvertement assumés auxquels beaucoup ne sont pas près de renoncer. Et on les comprend d'une certaine façon. Mais combien d'auteurs, d'éditeurs sont ainsi délibérément et fatalement écartés de cette fabuleuse dynamique des rentrées littéraires dont les prix sont un des enjeux importants ? Et quelle pénalisation de notre vie intellectuelle ! Et quel discrédit par rapport aux jurys de pays étrangers qui ont des pratiques tout autres et brillantes ! Sur ce plan-là, nous sommes loin d'être l'exception culturelle. Cette idée de jury tournant, minorée parce qu'elle dérange, ne se réduit pourtant pas à un jeu de chaises musicales comme dans ces vieux mariages de province. Elle a une dimension esthétique, politique, éthique. Ayant créé dans un appel d'air le Prix Wepler-Fondation La Poste, dont le fondement est un système de jury tournant, je peux témoigner, après cinq ans, de sa valeur et son excellent fonctionnement. L'engagement désintéressé de lecteurs et de professionnels qui n'envisagent pas une carrière de sociétaire des Lettres - et qui, par miracle, acceptent de laisser leur siège au bout d'un an !- garantit une fraîcheur, une liberté dans la prospection des livres, une sincérité de jugement, et la surprise du résultat. Le renouvellement du jury favorise, d'années en années, un principe évident de liberté et de diversité du goût, et permet d'échapper à la sclérose du groupe qui, sur la durée, comme dans les vieilles familles, finit par attribuer à chacun un rôle.
En remettant la littérature au centre du débat, ce sont de nouveaux livres qui s'imposent, de nouveaux éditeurs, et non pas des jurés peu affranchis d'une logique de réseau.
Ce système de jury tournant n'est finalement qu'une question de volonté, bien sûr. C'est recréer les conditions de l'aventure littéraire. C'est se redonner, une fois encore, la chance de l'Inconnu. Allez Messieurs les jurés, lâchez prise !
Article de Marie-Rose Guarniéri

Contacts :
Librairie des Abbesses
30 rue Yvonne Le Tac
75 018 Paris
01 46 06 84 30

Prix[at]wepler.com

2.10.06

Bang bang, he shot me down

Je viens de commencer. J'ai juste eu le temps de mettre des moufles, de changer les piles de ma torche, de rêver à Poncahontas en après-skis sexy sur un traineau plus de poissons brillants et de replier correctement mon sac de couchage (c'est toujours un supplice que de rouler la chose, en extirper l'air et garder un semblant de plis malgré cette matière glissante et aérée, et qui sent tellement trop moi. Note pour plus tard:"Penser à acheter un sarcophasme, ça a l'air tellement agréable").

Toujours est-il que j'entame la chose. Que je suis déjà ébahi. Que c'est tellement bon que je fais durer. Bref. C'est le pied! (J'ai hésité un What the phoque!!, un peu trop vulgos à mon goût quoi que fort drôle...)

extrait pour toi mec!:

Mais tu n'avais toujours pas retenu ta leçon. Tu pensais savoir t'orienter. Il y avait de la neige partout à présent, une neige légère qui dévoilait la texture caillouteuse du sol comme du poil ras et parsemait la crête de l'autre côté de la rivière d'écaillés blanches. Le ciel était nuageux, bien qu'il y eût encore des taches de bleu, et un vent glacial soufflait. La température était juste au-dessous de zéro. Tu pus traverser la rivière et escalader une des crêtes, et soudain tu te retrouvas sur une plaque ronde et élevée qui s'étendait aussi loin que tu pouvais voir dans toutes les directions, et immédiatement la rivière d'où tu venais et toutes les autres rivières disparurent dans les ondulations indistinctes de cette plaine, et les nuages composèrent une autre plaque, grise au-dessus de ta tête ; mais au sud un bas monticule de gravier se détachait du tapis de gravier, tu marchas dans sa direction et au bout d'un quart d'heure tu l'atteignis. Parce qu'il ne faisait que six mètres de haut (en le voyant pour la première fois tu crus qu'il en faisait trente), tu l'escaladas, et alors soudain tu pus voir des baies d'un bleu suintant au sud et à l'est, des vallées enneigées, des traces de rivière, les falaises bleues d'un cap saupoudré de neige, et au loin des nuages violets ; et ce fut grâce à ce monticule que tu vis ces choses, mais tu étais déconcerté ; ce centre des choses n'était pas ce à quoi tu t'attendais. Rien ne clochait, mais tu étais incapable de te situer. Tout était en dessous de toi et dans la mauvaise direction. Le vent soufflait un air froid qui engourdissait, et un brouillard se mit à sourdre de la plaine et tu vis que si tu restais ici très longtemps tu serais bel et bien perdu, et alors tu pourrais mourir, aussi tu décidas de retourner à ta rivière tant que tu pouvais encore la localiser et tu descendis, dupé, effrayé...

25.9.06

Saving Private Cercas

"Ce n'est pas la recherche du bonheur qui est le grand mobile des actions des hommes, mais le souhait inhérent à chacun de ses actes : Ne pas être celui que je suis."
Et c'est loin d'être faux...
Ce n'est pas de moi (moi je suis loin de cette qualité d'aphorimses limpides, c'est de Fabrice Melquiot, l'auteur de Percolateur Blues, pièce que je vous engage à voir dès que possible aux Déchargeurs... Parce que la mise en scène, les textes, les acteurs et même la musique... bref, c'est assez génial...)
Toujours est-il que pour l’auteur du jour, cela convient plutôt bien : Cercas est l’auteur, et /ou l’habile narrateur de ce roman où se mêlent intelligemment son histoire vécue, son histoire fantasmée et celle imaginée par le lecteur… sa fuite, celle de son héros et la rédemption que jamais z’il ne trouvit… même au bout de la 288ème page.
Tel un Œdipe moderne, chargé du poids du succès qu’il lui sait impossible de ne pas chercher, l’écrivain subira les conséquences d’un destin que tous pourraient croire enviable et heureux. Perdu, le succès, c’est la mort.
Et le Vietnam de Cercas, c’est de devoir vivre après son roman best seller, les Soldats des Salamides



Javier CERCAS
A la Vitesse de la lumière
Actes Sud
Traduit de l' espagnol
par Aleksandar Grujicic
et Elisabeth Beyer
288 pages/21€

l’éditeur raconte…
Dans une université américaine, un écrivain débutant, qui pourrait s'appeler Cerças (j'adore!), se lie d'amitié avec un vétéran du Vietnam anéanti par le poids de son passé.
A son retour en Espagne, le succès de l'un de ses romans le propulse soudain au firmament et, gorgé de suffisance, il ne sait pas voir qu'il a perdu son âme. Un drame se produit auquel, peut-être, il faudrait survivre. Aux portes de l'enfer, qui s'ouvrent béantes sur le mépris de soi et le désir de mort, il unit son destin à celui de l'ami américain. Dans une impunité souveraine, l'un a ressenti la jouissance de tuer sans raison, l'autre a connu le vertige d'abuser de son piètre pouvoir. A la vitesse de la lumière, ils se sont pris pour des dieux pour se retrouver, brisés, dans ce sentiment archaïque et latent qu'est la culpabilité.


C’est plus premier degrés que cela, tout au moins au début : la rencontre d’un étudiant un peu paumé avec un vrai accidenté de la vie, Rodney. On apprend peu à peu, on fait tomber les préjugés du jeune écrivaillon à commencer ceux qu’il possède sur son propre pays. Le premier tiers du livre est très Erasmus des années 80. L’isolement de la petit citée américaine aidant. Puis au fur et à mesure, on s’intéresse à Rodney. On découvre comme lui que le passé ne s’oublie pas, que l’horreur est humaine… Mais toujours et c’est important, sans rien dire. Il ne s’agit que de regards, d’allusions, de discours brefs à mots couverts. La deuxième partie du roman est espagnole, retour sur le présent, puis le cheminement qui a amené Cercas au succès, entre la nostalgie, l’interrogation, le refus. C’est très bien fait, et surtout pas prétentieux ou timoré. Puis la fin du roman, qui vous cueille comme un fruit mûr, où toutes les explications tombent, où tous les personnages font le travail de mise à plat, et dressent les comptes de résultat.

Un très bon roman, justement de par ce jeu de la fiction rendue réelle, de la thérapie qu’on devine semi fantasmée, mais aussi et surtout par le ton, intelligent, et le texte, espagnol pur jus. C’est idiot, mais je n’avais pas lu de roman hispanophone depuis fort longtemps et j’ai redécouvert cette construction de phrase avec plaisir (car la traduction est menée avec assez de talent pour rendre respirable la tonalité originale du livre).
Bref, c’est ma claque de la semaine dernière…

Extraits :

Le temps a passé. Je commençais à oublier Urbana. En revanche, je n'ai pas pu oublier (ou pas tout à fait) les amis d'Urbana, surtout parce que, de temps à autre et sans que j'y sois pour rien, ils continuaient à me donner de leurs nouvelles. Le seul qui était encore à Urbana était John Borgheson, que j'ai revu à plusieurs reprises lors de ses rares visites à Barcelone et dont l'allure professorale me paraissait chaque fois plus vénérable et plus britannique. Felipe Vieri avait terminé ses études à l'université de New York, où il avait réussi à décrocher un poste de professeur, et vivait à Greenwich Village, ayant réalisé son rêve de toujours : être un New-Yorkais jusqu'au bout des ongles. La vie de Lura Burns était plus turbulente et variée : elle avait terminée son doctorat à Urbana, s'était mariée avec un ingénieur informaticien de Hawaii, avait divorcé et, après être passée par différentes universités de la côte ouest, avait atterri à Oklahoma City où elle s'était remariée, cette fois avec un homme d'affaires qui lui avait fait quitter son travail et l'obligeait à vivre à cheval entre Oklahoma et Mexico.
Chapitre : La porte en pierre - Page : 139 -

Mais tandis que je m'approchais de Rodney tout en dépassant l'extrémité d'une baie qui m'empêchait d'avoir une vision complète du gazon, je me suis rendu compte que mon ami n'était pas en train de prendre un bain de soleil mais de contempler un groupe d'enfants qui jouaient devant lui. [... ]. Et alors que je traversais la rue pour aller saluer Rodney, je me suis arrêté. Je ne sais pas avec certitude pourquoi mais je crois que la raison en était que j'avais noté quelque chose de bizarre chez mon ami, quelque chose qui m'avait paru dissuasif ou peut-être de menaçant, comme une certaine rigidité dans sa posture, une tension douloureuse, presque insupportable, dans sa façon d'être assis et de regarder les enfants jouer.
Chapitre : Tous les chemins - Page : 45 -


Je vous engage à lire la critique des Inrocks, qui fait une belle double page et qui pour une fois est tres bien ficellée. Ainsi que celle de Chronic’art, que pour le coup, je vous ai mis là. Achetez ce livre. Ou écrivez moi et je vous l’offre.

la note de Chronic'art d'Eric Fouquet

21.9.06

Jungle Speed


Sans doute le livre qui mérite le plus un petit mot, de ce que j'ai lu jusqu'ici concernant la rentrée 2006. Un roman où beaucoup de très bons ingrédients sont présents, où le verbe qui lie les idées et personnages est très fluide et souvent drôle. Un ouvrage auquel on pourra pourtant reprocher quelques longueurs ou mollesses, si le processus entrepris ne nous a pas conquis. Bref, un vrai bon premier roman, plein de talent, avec quelques idées juste assez de maladresses, pour en apprécier d'avantage la fraîcheur.


Indécision
Benjamin Kunkel
Editions Belfond
360p / 20€
Traduit de l’américain par Jean-Luc Piningre

L'auteur:
(editeur)Benjamin Kunkel est né en 1972 dans le Colorado. Diplômé en littérature anglaise à Harvard, il a travaillé comme critique littéraire pour The New Yorker, The New York Review of Books et Dissent. Aujourd’hui, il est éditeur de la revue culturelle et politique N + 1. Indécision est son premier roman. Publié en 2005, il est en cours de traduction dans le monde entier.

L'histoire:
On part sur une structure assez classique des romans actuels, dont on peut attendre un navet généreux: Dwight, un garçon intelligent mais complexé, sans le sous mais non loin du cocon familial sécurisant... à qui on sent qu'il va arriver des histoires sentimentales rocambolesques. Presque.
C'est en fait l'histoire d'un 'jeune' trentenaire qui vit à New York, avec quelques colocataires, de mcjobs minables, alors qu'il est surdiplomé, entre loisirs faciles, relations humaines chaotiques, bohème forcée, drogues chics, le tout dans un tissu famillial faussement serein, pour ne pas dire gentillement névrosé. C'est un peu plus lourd et cynique que prévu, mais l'humour est bien au rendez-vous.
De suite, on ressent la patte de Coupland, et de sa génération X, même si la délocalisation du désert à New York choque un peu, et que la reflection des personnages transformée en renoncement ou apathie volontaire bouscule également pas mal... Le pitch tient en l'intervention d'un copain de Dwight en nième 1ere année de fac de médecine qui lui propose en avant première, de tester une pilule miracle sensée pouvoir aider à la décision, chose dont Dwight et ses congénères sont incapables, condamnés qu'ils sont à suivre 'le tube' cher à notre ami l'enfant libre JPV.
Un livre interessant, qui amènera le héros ragaillardi par ces cachets magiques, à prendre l'avion pour l'Equateur, à la rencontre d'une fille qu'il n'a pas vu depuis des années, dans un pays dont il ne connait ni l'histoire ni la langue. Un secouage de puces violent. Effet tourisme et mondialisation garanti. Très Gringoland, lui aussi porté champignons, cactus qui fait rire et mesqual, mais qui gagnait à être bien plus en retrait et portait à l'analyse.
Ici on est exhubérant, on aime le dialogue vif et l'envolée lyrique du cowboy loser sous acide. Mais ce qui rajoute d'intrêt à ce livre, c'est le buzz né autour. Je vous mets en lien la très bonne chronique du Buzz littéraire ainsi que le papier du Monde.
Un livre à lire pour son piquant, mais certainement pas la perle qu'on nous dépeint. (J'aurais du écrire cette note bien plus tôt, juste après l'avoir fini, car plus le temps a passé et plus me sont apparus les manques, les longueurs et les limites...). Le personnage qui m'a beaucoup plu, est sans conteste celui de la soeur de Dwight, jeune psy un peu barge, mais très attachante, que je n'ai pu détacher de Brenda Chenowith, héroïne de Six Feet Under... Bien plus interessante que son frère, autant que Claire dans Generation X est plus riche que Dag... enfin ça, ça n'engage que moi...
A suivre donc ce Mr Kunkel...

18.9.06

Quelques bonnes nouvelles

Pour se détendre avant d'essayer Littel (parce qu'il faut avoir l'air trop con et refuser ce qui semble être un livre moche sous simples suppositions de mochitudes), voici un petit livre bien sympathique. Un recueil de nouvelles, actuelles, vives, et riches en personnages attachants.

L'auteur, David Benioff vous le connaissez sans doute, c'est le romancier créateur de "the 25th hour", adaptée au cinéma par l'homme-qui-continue-à-supporter-les-Knicks-que-ça-en-devient-gênant, Spike Lee. (Un film intelligent et bien prenant). Bref. Un mec qui écrit bien et des choses assez justes, qui ce coup-ci, s'amuse à changer d'univers pour chacune de ses nouvelles. Un fil conducteur toutefois, la tranche d'âge des personnages entre 20 et 30 ans, mâles pour les principaux, comme pour peindre par l'exemple un portrait rapide d'une génération à un instant t... Ou z. A près tout, on l'appelle comme on veut l'instant.
Une bonne surprise de cette rentrée, qui restera sans doute ignorée de tous, et c'est bien dommage...



Le Compteur à Zero
David BENIOFF
Editions Rivages
Traduit par Anne Rabinovich
208p /18.5€


L'auteur:

David Benioff est né en 1970 à New York. En 1999, fraîchement diplômé de l’université de Californie, il sillonne les États-Unis à la recherche d’un endroit propice où se consacrer à l’écriture. Après avoir été portier dans une boîte de nuit, professeur, animateur radio, il s’installe à Los Angeles où il devient journaliste.


L(es) histoire(s):

(piqué chez Rivages)

Dopées à l’humour, souvent nimbées d’une délicieuse pointe d’irréel, les huit nouvelles réunies ici explorent la vie affective de personnages saisis en pleine action. David Benioff flashe, croque, happe : le directeur d’une compagnie de disques débauchant une rock star, un soldat russe inexpérimenté pris au piège entre ses camarades meurtriers et une vieille dame maligne, une star de football déchue évoquant l’amour qu’il n’a pas su retenir, un jeune homme kidnappant les cendres du père de son ex-petite amie, et d’autres jeunes gens en proie à la jubilation, au désespoir ou à l’émerveillement. Autant de portraits, autant d’histoires où apparaît à grande vitesse et en plan rapproché une génération anxieuse et décidée.


En extrait, le début de la première des nouvelles, ou comment tomber amoureux d'une punkette thailandaise du New Jersey...

14.9.06

Elle s'appelait "Fait Divers"


Voici une collection qui me laisse songeur. Je ne sais toujours pas quoi en penser. Vous vous souvenez de David Foenkinos ? Bien sûr ! Comme moi vous avez apprécié le « Potentiel érotique de ma femme », -enfin de la sienne en l’occurrence-, par ce qu’il avait de malicieux, d'intelligent, de drôle même. Parce c’est aussi ça un ‘bon’ roman : un petit moment arraché à Julien Courbet, pendant lequel on n’a peut être pas fichu grand-chose et dont on n’est pas ressorti transfiguré, certes, mais qui ne nous fait pas nous sentir sale ou honteux.
Bref, quitte à passer pour un lecteur plus keufna que La Pléaide, j’y ai même vu plus que ça, une jolie vision du quotidien, une envie d’absurde et un sentiment amoureux qui allait plus loin que le potache et le bon jeu de mots. Du vrai talent quoi.
Le roman suivant, cher David, m’a laissé sur ma faim. Je pensais que la pointe de malice décelée dans le précédent ‘opus’ comme on dit dans le poste, allait déboucher l’impertinence assumée, et que le sarcasme, fut il fin et audacieux, allait laisser place à une immense vague d’amour et de courage. (Je suis assez Walt Disney). Et boum, le coup de la panne. J'ai trouvé un copié collé du précédent, en plus tranché, dans le bon comme dans le moins bon. Un masque, un voile. Alors, après cette fade deuxième mi-temps, en bon supporter, j’attendais avec curiosité le retour du championnat. Et là encore, j’ai été pris à contre-pied. Le marché des transferts a été très actif et c’est désormais sous le maillot de GRASSET que vous évoluez. Dans l’équipe de fous de Jérôme Béglé qu’est cette collection ‘Ceci n’est pas un fait divers’, dont le but est de produire des fictions de qualité, façon romans noirs, autours de faits divers connus et reconnus. -Vous avez certainement entendu parlé du roman sur ce BagBoy, le petit Grégory Villemin-. Réel et imaginaire, rôle de l’écrivain face à l’histoire, responsabilité face aux concernés, y a-t-il un journaliste dans l’avion… ça fait beaucoup de questions. Toujours est-il que vous, David, vous attaquez à l’inexplicable affaire Florence Rey /Audry Maupin. -Un thème casse gueule de champion !-. Et j’ai lu avec attention, mon carton rouge à la poche, prêt à punir le moindre tacle au niveau de la gorge.

Et vous m’avez encore une fois bluffé.


LES COEURS AUTONOMES
DE DAVID FOENKINOS
Editeur : Grasset
170 pages/14.9 Euros

Le livre est bon. Il y est dépeint un couple normal, parce qu’humain. Une génération Couplandienne qui ne vit pas dans le désert près de Texlahoma, mais dont la démarche antimatérialiste est identique, quoi que plus proche d’un milieu populaire et donc sur la corde. Et doucement, de l’amour et de la compromission à cet amour, naît l’inévitable désespérance. C’est très bien tourné, sensible mais pas niaiseux, jamais facile ou dans la justification de quoi que ce soit… Seulement, une distance tout de même, entre l'impulsif et l'intello, le quotidien et le fond de la démarche. Très étonnant, mais je l'imaginais très bien Mister Foenkinos au milieu des personnages. Plus que le drame qui a du le toucher, je crois que c'est l'idée de révolte et son impossible application qui le fascine... ou du moins l'interesse. Toujours zetil que le crescendo est maîtrisé à la perfection, si bien que lorsque l’on referme le livre dont on connaissait par avance la fin, on se demande si on arrivera un jour à appréhender la vérité telle quelle fût.
Ben non, Gaston !
Un roman troublant, vraiment.
'Le plan, c'était d'attacher les flics avec leurs propres menottes. Mais ces deux-là n'ont pas de menottes. Les menottes, c'est le coeur du drame. Plus tard, elle dira que si les flics avaient eu des menottes, rien de tout ce qui va suivre ne serait arrivé.'

23.8.06

Rentrée littéraire sociale? Inch' Allah...

On annonce une rentrée littéraire "Le retour du social" avec dans les "[...] premières lectures, premières tendances : les jeunes romanciers semblent revenir à la fiction pure et puisent leur inspiration dans le malaise social : chômage, violence, crise des banlieues... Sans oublier l'univers des paillettes et de la télévision." -Livres Hebdo.

Moi ça me fait bien marrer. Faire du neuf avec du vieux. La crise des banlieues, il n'en a jamais été question. Personne n'en parle autrement que pour se faire peur. Aucun regard franc, intérieur ou même responsable. Ou alors on se roule dans la bon dieuserie, mêlant pitié et walt disney...
L'article de février dernier d'Alain Mabanckou m'avait déjà conforté dans l'idée. Depuis, j'ai effectivement lu Faïza Guene... et ça vaut le coup, c'est fin, drôle et surtout impressionnant de talent. On va éviter de tomber dans le cliché de l'autofiction, en lui reconnaissant une force incroyable de volonté pour sortir de sa banlieue à la force de la plume. Les gens sont perf parfois...


KIFFE KIFFE DEMAIN
Faïza GUÈNE

Editeur : Hachette Littératures
193 pages/ 16 Euros
Kiffe kiffe demain est le roman autobiographique de Doria (et pas Faïza, bande de nases), une lycéenne de 15 ans, vivant seule avec sa mère dans une cité de la banlieue parisienne à Livry-Gargan. Il y a quelques mois, son père est rentré au Maroc, l'abandonnant avec sa mère, femme de ménage dans un Formule 1 de Bagnolet.

Kiffe kiffe demain pourrait être un livre désespéré. En relatant un an de la vie de Doria, Faïza Guène dresse au contraire une galerie de portraits pleine d'humour et de poésie.

Il y a la mère de Doria, tout d'abord, véritable soleil dans sa vie. Et puis son pote Hamoudi, ex-taulard, prince de la débrouille et poète à ses heures, avec qui Doria discute des heures dans le hall de son immeuble.(C'est surtout un mec qui fume trop dans le hall 32). Mme Burlaud, sa psychologue, " qui met des porte-jarretelles et sent le parapoux mais qui est quand même gentille ". Les assistantes sociales envoyées par la mairie et qui défilent à la maison toujours parfaitement manucurées. Nabil, le nul qui lui donne des cours particuliers et lui vole son premier baiser. Ou encore Aziz, l'épicier escroc à la petite semaine du Sidi Mohamed Market avec qui Doria voulait caser sa mère... mais qui s'est marié sans les inviter. " De toutes façons, maman et moi, on s'en fout de pas faire partie de la jet set ", se rassure l'héroïne.

Le ton du livre est là, entre humour désespéré et formidables élans de fraîcheur. Doria navigue au milieu de ces personnages comme elle navigue dans sa vie : avec l'innocence de ses 15 ans et l'assurance d'une fille trop intelligente pour ne pas infléchir son destin.
Un extrait pour la route:

"C' est lundi et comme tous les lundis, je suis allée chez Mme Burlaud. Mme Burlaud, elle est vieille, elle est moche et elle sent le Parapoux. Elle est inoffensive mais quelquefois, elle m'inquiète vraiment. Aujourd'hui, elle m'a sorti de son tiroir du bas une collection d'images bizarres, des grosses taches qui ressemblaient à du vomi séché. Elle m'a demandé à quoi ça me faisait penser. Je lui ai dit et elle m'a fixée de ses yeux globuleux en remuant la tête comme les petits chiens mécaniques à l'arrière des voitures. C'est le lycée qui m'a envoyée chez elle. Les profs, entre deux grèves, se sont dit que j'avais besoin de voir quelqu'un parce qu'ils me trouvaient renfermée... Peut-être qu'ils ont raison, je m'en fous, j'y vais, c'est remboursé par la Sécu. "

Et cette phrase là parce que j'aime bien.

"Le destin, c'est la misère parce que t'y peux rien. Ca veut dire que quoi que tu fasses, tu te feras toujours couiller."

Enfin vous dire qu'est sorti aujourd'hui DU RÊVE POUR LES OUFS le dernier roman de Faïza Guene, à lire.


22.8.06

Balades en forets, nazisme et ponctuation

Un peu fourbus, nous sommes enfin rentrés de vacances. Fatigués autant que lassés, avec l'envie déjà d'une belle rentrée. Mais avant de partir tout zazimuts -car on est souvent complètement zazimut- sur ce qui nous attend, on se doit de faire le point sur les lectures de l'été. C'est en général assez pauvre, ce que l'on peut lire la nuque cassée dans le train, ou les yeux mis clos par trop de soleil, sur le sable breton. Généralement malmenée ces lectures ne sont pas de grand rendez-vous avec un auteur. Difficile en effet, les fesses sur un sac à dos dans une gare où l'acier des freins emplit l'air humide à odeur de sandwich et de cigarettes. En été, il en est de la littérature comme de la cuisine: on allège, on met de la couleur et souvent c'est que de la flotte. Et ouais.
Puis on vous colle dans les doigts Arno Schmidt, comme ça, parce qu'on vous veut du bien. Et là c'est la claque. Parce que c'est vachement bien.


"Scènes de la vie d'un faune"

Auteur Arno Schmidt
Editeur Christian Bourgois
"Arno Schmidt n'a pas en France la place qu'il mérite. Aussi singulier, inventif, hors normes, solitaire et tête de cochon que lui, on trouve peu. Cet Allemand né en 1914 et mort en 1979 a connu au début des années 60 le bonheur de la traduction. Hélas trop irrespectueux, trop novateur pour l'esprit français d'alors, Scènes de la vie d'un faune et La république des savants ne firent guère de ronds dans une eau stagnante. Est-ce aujourd'hui l'heure de le reconnaître parmi les plus grands? Après maintes tracasseries juridiques qui bloquèrent toute initiative pendant des années, les éditions Bourgois purent enfin envisager un programme cohérent de publication avec la traduction des Enfants de Nobodaddy dont Scènes de la vie d'un faune est le premier volet.
Ce roman-journal est de ces mythautobiographies dont il vaut mieux garder le manuscrit hors de portée de tout régime, de tout pouvoir, qu'il soit nazi ou domestique, de guerre ou d'après-guerre, d'Est ou d'Ouest. Par courts fragments successifs, se déroule une personnelle chronique des années de guerre (1939 et 1944). Comme Jean-Paul Richter qui "aimait mieux sauter que marcher", il passe avec une fantaisie débridée, une verve langagière jamais en défaut, du coq à l'âne, de ses affinités littéraires à la satire, pour notre plus grand plaisir. "Ma vie n'est pas un continuum", disait Arno Schmidt. Elle n'est pas non plus unitaire. Sous le masque du fonctionnaire obscur et zélé, le narrateur louvoie habilement pour rester en lui-même indépendant malgré l'oppression des consciences assénée par le Troisième Reich. Retrouvant dans les Landes de Lunebourg la hutte d'un déserteur français des temps napoléoniens, il mène une vie parallèle d'ermite, un peu comme les personnages de Jünger dans Eumeswill et Le recours aux forêts, mais avec plus de simplicité et d'humour. Ou encore quelque chose comme la devise d'Arno Schmidt: "Liberté et insolence". En allemand il n'y a qu'une lettre de différence: "Freiheit und Frecheit."
L'amateur passionné (car comment lire autrement Arno Schmidt) lira trois courts récits récemment publiés par la revue La main de singe, puis une Biographie conjecturale par Dominique Poncet, à paraître aux éditions Comp'act, premier livre français sur cet irréductible indépendant que fut Arno Schmidt."
Thierry Guinhut / La République des Lettres


J'ai beaucoup aimé l'humour piquant, la révolte contre tout, la passion, l'insolence, disons et plus même que les paysages, que les personnages, je crois que c'est l'époque, l'odeur et la couleur de cette période particulière que j'ai adorées. Reste à vous parler du jeu avec les mots, de la ponctuation comme mise en scène visuelle. S'il est vrai que c'est au départ quelques peu déroutant, et que la lecture des premières pages est assez lente, une fois le code intégré, tout devient beaucoup plus rapide, plus vif et surtout visuel. « Il devrait y avoir des livres avec des indications de lecture dans la marge – (on trouve bien dans les partitions des choses comme “allegro” et “furioso” !) – du style : “A cet endroit, prière de fouir dans un tas de feuilles mortes, mouillées et mordorées.” “Emietter du bout des lèvres un petit morceau d’écorce.” “A ne lire que par temps de pluie, appuyé contre un arbre, au bord d’un ruisseau.” “Les vêtements trempés après avoir essuyé une tempête.” “Sur les lieux de mauvais souvenirs.” “En traversant à gué sur de beaux galets.” “Ici, allumer une bougie.” “A lire d’une voix de stentor !” » Ceci est tiré de Pharos ou du pouvoir des poètes, cette scène primitive qui fonde l’oeuvre d’Arno Schmidt, un texte qu’on suppose écrit vers 1943. C'est ainsi que le texte de Schmidt est truffé de signes de ponctuation qui modulent le rythme des phrases. "Le lecteur est invité à voir dans le double point : un visage ouvertement interrogatif, dans le point d'interrogation qui suit, ?, la contorsion d'un corps, dans un : ".":"!" une réponse banalement laconique, suivie d'un hausement d'épaules de l'interlocuteur. Quant à la prenthèse, on est prié d'y reconnaitre la main creuse stylisée derrière laquelle l'auteur chuchote quelque confidence."

J'ai tellement aimé que je termine actuellement On a marché sur la Lande.
J'en reparle très prochainement, avec plus de détails.


Liens:
Arno Schmidt Lecteurs et lectures
GASL - Gesellschaft der Arno-Schmidt-Leser

15.8.06

Le bon, la brute, le truand et Princesse Sarah

Je vais avoir du mal à passer derrière, mon cher Coquillage. Quel sacré machin que ce Mr Turmel. J'ai appris des choses et vous aussi très certainement chers audio-lecteurs.
Donc pour passer discrètement à autre chose, propulsés que nous somme par le souffle de l'Opéra des Dieux, je vais éviter de me ridiculiser en étalant mon inculture crasse et mon manque de goût certifié avec une petite devinette d'actualité.
(roulement de tambour)

La rentrée, les prix et le magot qui va avec. On part en Angleterre, décor de western où les spaghettis sont remplacés par un aigre after eight dégueux. Et où hélas il n'en existe qu'un, de magot... pas comme à Saint Germain (celle là c'est un retour d'acidité de Big Mac, j'y suis pour rien).
Le butin se monte à 50000£, et sera distribué façon 'chacun ma gueule' à un seul et unique gagnant sur les 19 compétiteurs cette année du célèbre Booker Prize... Rien de trop nouveau si ce n'est cette fameuse liste qui ce coup-ci, est quand même bien longue, et qu'elle compte quelques fines gachettes de la littérature anglophone assimilables à des poids lourds connus et reconnus. Et que donc, va y avoir du sang, my dear.
  • Le bon: David Mitchell, auteur que j'affectionne, créateur des "Ecrits fantomes" chez nous et de "l'Atlas des Nuages", et cette année de "Black Swan Green" outre-Manche. Prolifique, talentueux et plutôt bon gosse.
  • La brute: Irvine Welsh, auteur lui aussi symapthique, un brin plus charnu, rendu célèbre entre autres, pour "Trainspotting", et qui sort fin août "The Bedroom Secrets Of The Master Chefs". Il mord, il est sauvage. En plus il picole, laisse tomber la brute que c'est.
  • Le truand, vu le titre de son roman: Peter Carey, qui nous livre son "Theft: A Love Story" et qui lui aussi a ses chances, comme tous les truands, il sait placer ses pions
  • Et enfin, la Princesse Sarah, gentille, sympa, et joliment anachronisée ici dans ce western violent. Elle a le cheveux court et blond, et sourit toujours face au monde moche dans lequel elle vit, Sarah Waters et son "Night Watch" dans lequel seront en scène non plus des lesbiennes glamour sous l'aire Vicorienne [dommage], mais des infirmières courageuses dans un Londres sous les bombes nazi (on met un 'es' à 'nazi'?)...

Là où sa cogne, c'est que la brute s'est déjà fait descendre. Bam-bam refroidi! Il a giclé de la liste, trop misogyne et trop cru. Le bon quant à lui, a l'appui de pas mal de monde dans l'édition et chez les critiques et est à 5/1 chez les parieurs. Quant à Sarah, c'est le coeur des lecteurs qui voterait pour elle, l'image de gentille meuf, tout ça. Suspense entier... Que fait le truand? Qui sont les 16 autres auteurs de cette fichue liste? Toutes les réponses sont ...