11.3.07

Le printemps arrive encore plus fort que Bayrou

Il fait beau, la France a bien dormi, j'ai envie de musique et mon pull sent l'adoucissant à la lavande . J'ai fait mes courses pour les prochains week ends de soleil. Il ne nous restait plus qu'à finir mon snickers et "Rip it up"... Et c'est chose faite. Une simple idée du bonheur.


Nous sommes jeunes, nous sommes fiers
de Benoît Sabatier
Hachette Litterature






Factory records, une anthologie graphique
de Morgan Robertson
Thames & Hudson







Léonard Cohen
de Gilles Tordjman
Castor Astral

23.2.07

Colin a la pêche

C'était très bon, et c'est devenu véritablement génial sur la fin.
Enjoy...









The Decemberists live @ La Maroquinerie, Paris. Last medley song with "Lavender Diamond"



.

19.2.07

WWII d'hier, WII d'aujourd'hui

On est mercredi, jour des sorties. Et avant d'aller me jetter sur Jewboy, dans quelques jours (faîtes comme moi, foncez-y vite! je suis sur que ça tue!), j'aimerai vous dire à quel point j'ai peur de me taper une croute sans saveur avec le dernier Eastwood, Les lettres D'Iwo Jima. Et pourtant, et ... pourtant.
Car si le précédent opus "Au nom de nos pères" réussissait à poser des questions pleines de sens sur les notions d'identité autant que de patriotisme, on pouvait logiquement s'attendre à ce que dans ce fim mirroir, on aille secouer un peu les fantomes planqués dans les placards des samouraïs. Vous me direz que c'est moins essentiel ou important, de proposer des pistes de débat depuis les thèmes de la seconde guerre sous un angle japonais, que la situation du pays et sa représentation internationnale ne nécessite pas plus que cela qu'on s'y arrête et que la question d'un vaincu est logiquement torchée bien plus vite que celle d'un vainqueur... Et vous avez tort. Mais ce n'est pas grave, je vous aime quand même. Pourquoi? Parce qu'un des fondement de la société nippone fut la soumission à l'autorité, collée à la notion de culpabilité qui lui est associée, lourde de morale traditionnelle et autres yakuzas à petits doigts raccourcis. Et qu'aujourd'hui, tout ça a pris une sévère gueule de bois. Que depuis l'après guerre, l'identité proper ou disons simplement l'idée fourmillesque de la personne japonnaise noyée dans la foule, a subi un sacré lifting, justement parce que le modèle des parents soumis s'est crashé. Bref, y a pas mal de chose à dire sur tout ça, les conséquences de la chute, l'émancipation, l'ouverture vers les autres pays... le Japon a sacrément muté après 45 et continue de s'embourber dans des problèmes loin d'être résolus.
Et j'ai bien peur de ma manger un film américain, tendre et bien foutu... où les personnages auraient juste les yeux un peu plus en amande qu'à la normale... saupoudrée d'une pincette d'honneur et de fierté kamikaze, de cérémonie du thé et autre cliché.. et point barre.
Bref, on verra bien.



Lettres d'Iwo Jima
envoyé par thebones666

Mais pour ce qui est de l'après, justement, des cendres, de la culpabilité, de la bétise de la guerre, du tri des morts et des gentils et de la relance de la machine, il y a peut être plus simple ou plus direct. Un bon bouquin.




La Guerre des jours lointains
d'Akira Yoshimura
Actes Sud

21 euros/288 pages
Traduit par Rose-Marie Makino-Fayolle

Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans une île au sud du Japon, le lieutenant Takuya, affecté au bureau d'information des forces armées, est chargé de surveiller sur les écrans radars l'avancée des bombardiers américains. Le jour de la défaite japonaise, le 15 août 1945, on lui ordonne d'abattre au plus vite tous les prisonniers américains. Quelques semaines plus tard, il apprend par un ami qu'il figure sur la liste des condamnés à mort pour crime de guerre. Une longue fuite commence, une errance infinie à travers un pays dévasté, affamé et appauvri où Takuya tente de se fondre dans l'anonymat de la population vaincue.

Un très bon livre, où justement, les japonais sont vus par l'oeil japonais. Où la hierarchie de papa en prend un coup dans les gencives. Les décors sont magnifiques, on suit notre héros pendant sa fuite de la ville à la campagne, dans les iles... Les personnages bien que forts sont écrasés par la misère, la honte et l'incompréhension. C'est étonnant et très riche. Pour les amateurs de manga, sachez que je n'ai pu que faire des parallèles évidents avec "Le tombeau des lucioles" ... vous trouverez même une histoire de vers luisants autour de la 200ème page. Plus loin, c'est un chateau en flamme qui vous évoquera les scènes d'incendie de "Princesse Mononoké".

Bref, un excellent roman pour qui veut bien chausser les tongues d'un japonais dans les années 50. Je vous colle un bout de l'animé, parce que j'aime ça et un lien sur une critique du roman assez fine.




Hotaru no haka / Le tombeau des lucioles
envoyé par HinaNeji


chronique d'Arts Livres

14.2.07

One-Self @Point FMR


Hier soir, j'ai pris le hip hop en pleine figure.
Bam!

Après avoir essayé d'endormir tout le monde pendant 20 bonnes minutes, Dj Vadim poussé par la rumeur montante d'une foule agacée, a enfin envoyé du gros.
Et Melle La-Suède-ne-sait-pas-faire-que-des-meubles-à-emporter Yarah Bravo nous a vissé sa casquette sur la tête, rabattu la capuche et c'était parti pour 2h de gros gros concert.
Le rythme, les rimes, les impros et les cuts de Vadim derrière... rien à dire...
Catapulté au pays des MCs gentils.


La mondialisation a un corps de rêve: née de la fusion explosive du Brésil et du Chili, puis élevée en Suède pour vivre à NY. Hier soir à Paris. Et j'ai envie de dire, 'rien que pour moi'.
On a eu la primeur de quelques inédits, une petit plantage rigolo au démarrage de Bluebird, histoire de pas dire que le set serait parfait.
Un petit mot sur le mec aux percu et le batteur: si l'un semblait tout droit sorti d'un bar PMU trop tard pour être clair, confiant et détendu car loin de notre planète, l'autre avait l'air stressé à bloc, tout sage et intimidé... Il n'empêche que l'un comme l'autre nous ont collés au plafond.


Un petit clip, un chti peu mou, qui montre bien la frimousse du Vadim.


Mais le concert ressemblait plutot à ça


(live @ Batofar with a sound very pourritos)

des liens:
http://www.myspace.com/0neself
http://www.ninjatune.net/ninja/artist.php?id=118#live
http://www.yarahbravo.com/

8.2.07

Travis Burki est une star

Il y a 10 jours, j'étais au Limonaire, le bistrot à chansons de Mister -Accordéon-Pacoud. Et j'ai donc écouté Travis Burki.
C'est tellement bon, ce petit disque qui va sortir, que je vous copie colle ici deux petits clips marrants et sa bio pécho sur wiki.
Travis, mots à mots:
A 14 ans, il écrit ses premières chansons en anglais, adapte des poésies de Rimbaud, chante, joue du piano, de la guitare et fonde même son premier groupe The Primitiv. Après le baccalauréat et des études d’architecture, il rentre à l’école de musique du CIM, où il suit des cours d’harmonie, de chant et de piano. Il monte à Paris, devient animateur de radio, compose, enregistre, peint et rédige plusieurs recueils de poésie. Débute ensuite une série de concerts dans les cabarets et cafés parisiens. Il voyage, étudie le théâtre, l’anglais et l’allemand.
Auteur, compositeur, interprète, musicien (piano, guitare), poète, on l’a vu présenter sur Paris Première ses poèmes et ses chansons.
En 2000, après avoir monté Fin de partie de Samuel Beckett, il écrit trois pièces de théâtre (Petit Monde, Quatre-quarts et Décadancing!) à partir desquelles il réalise un court métrage, et fonde la compagnie Hansen Moeller.
En 2001, il publie deux poèmes dans l’anthologie du Slam. Il participe aux scènes ouvertes du mouvement et rejoint l’équipe d'Edouard Baer sur Radio Nova et Paris Première en tant que poète-slammeur de l’émission Secret de Femmes.
En 2002, Régis Fourrer réalise un documentaire intitulé Ü dans la joie, diffusé sur Planète. Cette année marque également une période nouvelle d’enregistrement, aux côtés du musicien argentin Pablo Krantz, de son premier album officiel intitulé Après les dancings (2003, Walhalla Music).
Le 4 avril 2004, il remporte le grand prix du tremplin Chorus des Hauts-de-Seine. Le 22 novembre de la même année sort son deuxième album La luge, et Ü part en 2005 pour une grande tournée, le Tour de Luge qui se poursuit en 2006.

Un album est prévu pour paraître début 2007.



Le poème que j'adore:

C’est le passé d’avoir que je suis devenu
Mon nom n’est pas qui je suis mais ce que j’ai eu
C’est vrai tel un pâtre, je chante et quand j’ai bu
Le tableau de mes jours m ‘apparaît moins embu
Même si la nuitée me cueille bien fourbu
Je choie sur de moelleux monticules herbus
De moi-même pourtant je ne suis pas imbu
Si mes prétentions sont à mettre au rebut
Laissez mes ambitions conduirent la tribu
La direction est bonne et le dos du zébu
Est un bon tape-cul pour le gendre et la bru
Arrêtez-moi si je prêche à des convaincus
Il s’en fallut de peu que l’euro soit écu
En dépit des poisons, j’ai toujours survécu
Le jour n’est pas venu pour me trouver vaincu
D’ici là je décris tout ce que j’ai vécu
M’offrant parfois l’atout de vivre inaper
çu Le succès m’a touché, la gloire m’a conçu
Il arrive, et c’est triste, aussi, qu’on soit déçu
Devoir rétrocéder parfois le trop-perçu
Comme un arbre l’été qui serait trop branchu
Que l’on taille en donnant l’aspect d’ange déchu
Peut-être de sa cime avait un corbeau chu
Celui-là même avant un comté de lait cru
Dans son bec, il le lâche, il chante et c’est fichu !
Le fromage est mâché par renard moustachu
D’autres fois on dira le conclave est conclu
Quand la blanche fumée serpente vers les nues
Mais qu’un pape se nomme Jésus II, c’est exclu !
Dernièrement le nombre de fous s’est accru
La plupart sont épiques et vont monter à cru
Des chevaux de métal, ce que j’ai d’abord cru
Pour hâler le grand fleuve au fort de sa décrue
Dans leurs vestes de lin, leurs pantalons écrus
Ils auraient pu tourner dans un film Lustucru
Avec, dans le rôle de la nouvelle recrue
Un cavalier absent, genre soldat inconnu
Comme dit le cadreur, ç’aurait été ardu !
Cela dit, rien ne vaut de rester assidu
À la longue on fini par moins être attendu
L’opinion qu’on émet devient, bien entendu
Belle au désir auquel on a condescendu
Le poète aérien lit son compte-rendu
Aux étoiles émues en larmes confondues
L’Eve et l’Adam lettrés par le fruit défendu
L’arbre de vie n’en a depuis pas démordu
C’est le serpent et non la femme si dodue
À qui la faute incombe et le son distordu
Qui sourdit du cosmos est de tous entendu
L’homme veut le savoir, dit à dieu « C’est mon dû !
« J’en veux en abondance et qu’il soit épandu
« Par des sylphides nues naïades éperdues
« Près du lit des ruisseaux chastement étendues
S’il leur faut des jupons alors qu’ils soient fendus
Les frasils de janvier sont à moitié fondus
Le vent dénoue leurs nattes et souffle inattendu
Dans la plaine exigu de l’âme inétendue
Rassurez-les ce chant n’est pas tant incongru
Je vous laisse apprécier si les coquecigrues
Qu’on vous donne à subir émises de leurs grues
Vous satisfont assez, complotez ! Pichegru !
Je ne vous enduis pas plus de mon copahu
Et vous laisse aux pixels de vos tohu-bohu
Non mais que croyez-vous, que vous êtes absolus ?
Qu’il suffit d’être heureux pour être chevelu ?
Qu’on peut sur le succès jeter son dévolu ?
Que pour se présenter il suffit d’être élu ?
Qu’en sortant d’une école fraîchement émoulue
Se repaître de gloire on la boira goulue ?
Halte là vos Harlez hordes d’hurluberlus !
Il faudra vous résoudre au verbe révolu !
Réaliseriez-vous toutes vos plus-values
Le fond de votre lit finira vermoulu.
Hier encore inconnu de tous, aujourd’hui, lu !
Oublié juste après avoir été promu
À qui ce corps sans vie avait appartenu ?
L’âme ne répond plus et monte vers les nues
D’avis de commentaires, on s’est bien abstenu
Aucun ne vit venir ce qui est advenu
Les intrus s’étaient vus souhaiter la bienvenue
Votant des lois dont on a tu le contenu
Ni eux ni toi ni moi n’étions contrevenus
Même le plus fougueux d’entre nous fut ému
À coup de baume et narcotiques, ils nous ont eu
Mais regardez ce que nous sommes devenus !
Dans l’anima de nos cellules détenues
La propagande emporte sans discontinu
Substitue le sommeil aux luttes entretenues
En offrant à chacun des aliments grenus
Dont les effets sur soi resteront inconnus
Le Monde MEURT devient faussement ingénu
Sans qu’aucun défenseur ne soit intervenu
Le joug de l’illettrisme est sur tous maintenu
De sa propre famille, on devient méconnu
Chaque jour est semblable, on accepte un menu
Que vouloir refuser serait fort malvenu
Et la moindre objection est nulle non avenue
Est-ce dire que la fin va laisser l’homme nu ?
Que l’ennemi aura, de nous, tout obtenu ?
Le droit de décorer des rangs de parvenus
Et d’envoyer les sages au banc des prévenus ?
SOUDAIN c’est le néant, le bruit s’est retenu
Un instant, une forme alors est reconnue
D’abord un bourdon sourd viens vers nous soutenu
Qui va se transformer en vibration ténue
Et puis dans un éclair formidable on dit Hue
Précédé d’étalons cabrés trotte-menu
C’est l’explosion de joie, le sauveur est venu !
Fuyants de tous côtés s’en vont les corrompus…
Se gonfle alors au ciel un nuage crépu
La quiétude forcée semble être interrompue
Les tyrans effrayés hurlent qu’ils n’ont pas pu
Eviter le chaos, leur pouvoir, est ROMPU !
L’être providentiel qui les toise est trapu
Toutes leurs exactions lui ont beaucoup déplu
De sa main, il ordonne un orage et se ru
Sur tous les responsables en criant « Malotrus ! »
Sur le champ de bataille, un groupe est accouru
À chacun la clarté nouvelle est apparue
Sortent de leurs abris sympathiques et bourrus
Premiers au tribunal à avoir comparu
On voit d’anciens sportifs qui avaient concouru
Au J.O d’un été puis portés disparus
Le peuple se réveille et redevient féru
De liberté, d’opinions, de livres parus
Le surlendemain que de chemin parcouru
Partout dans les faubourgs, l’espoir a reparu
Mais quel était celui qui nous a secouru ?
Chacun se le demande il paraît qu’un bossu
L’a vu tourbillonner dans un quartier cossu
On l’a photographié hier à son insu
Offrant des vocalises à la voie sans issue
Plus loin il vint boire à la fontaine moussue
Depuis la symphonie de l’hiver est battue
Par un vieux chef ayant vaillamment combattu
Contre les assaillants quoiqu’il fut courbatu
Des guides d’impromptus, ce fut le plus pointu
On a suffisamment l’oreille rabattue
Par les exploits guerriers de nos aïeux têtus
Que l’écrivain signât sur le dos des tortues
Mais jamais ne nous lasse un rat dans son tutu
Car il personnifie la plurielle vertu
Si les grands de ce monde ont l’air calme et ventru
Si de joies et de peurs, ils vivent dépourvus
Je veux pour ne plus être pris au dépourvu
Avoir avec l’un deux une courte entrevue
Je voudrais témoigner du monde de visu
Peindre dans un tableau l’univers que j’ai vu
Ceux-là m’ont répondu « faites donc Monsieur Ü!».

4.2.07

Bizarre...

un livre bizarre...

LE PASSAGE DE LA NUIT
d'Haruki Murakami


Il m'est tombé des mains, tellement c'est chiant...







Un autre livre bizarre...

LE SILENCE SELON JANE DARK
de Ben Marcus



Que j'aime beaucoup, tellement c'est bon...

28.1.07

Le réflexe de Pavlov

A partir de 1889, un physiologiste Russe, Pavlov, tenta, de montrer le caractère reflexe d'actions sous impulsion de stimuli volontaires. En gros, il accomodait son chien au son de la clochette précédent le repas, pour arriver, par conditionnement, à le faire saliver au simple son de cette clochette, sans qu'aucune nourriture ne soit présenter. Une façon étonnante de créer un comportement par apprentissage et habitude lorsque le cerveau fait les liens entre le stimulus et l’action qui suit. Un pied de nez aux premiers psychologues partagés entre l'inné et l'acquis. Une histoire marrante, de recherches énormes qui ne furent traduites en anglais que très tard, et mal, ce qui ne rendit pas grâce au boulot du bonhomme. (Plus d'info sur Ivan Petrovitch Pavlov sur Wiki ). Bref, je trouve l'idée étonnante, de transformer en reflexe, donc sans passage par la raison, l'éxécution d'actions, pour peu qu'on vous muselle, qu'on vous écrase par l'habitude, en un mot, qu'on vous conditionne.
Presque un siècle plus tard, une Russie cocotte minute, devait faire fasse à une catastrophe sans précédent, avec l'explosion d'un réacteur nucléaire de la centrale de Tchernobyl en Ukraine. Moment tragique et bilan humain désastreux, mais les autorités d'alors ont tenté, par conditionnement, entre autre, de mettre une chappe de plomb sur tout ce qui c'est produit là-bas. On a essayer d'étouffer la gravité de l'accident, puis d'étouffer les souffrances des victimes autant que d'étouffer le souvenir.
Cyrille Putman sort aujourd'hui un roman flash, dont le personnage central, un Pavlov lui aussi, subit la fatalité toute russe du destin des victimes de Tchernobyl, dans la souffrance, la rage et l'acceptation volontaire de l'horrible épreuve, munis simplement d'un appareil reflexe. C'est le recit de la naissance d'un artiste mondial de la photo sur les cendres radioactives d'une catastrophe.

Bilan provisoire
de Cyrille Putman

Calmann-Lévy
17 €/320 pages


Pavlov grandit dans le spectre de la catastrophe de Tchernobyl où son père, surveillant à la centrale, a péri, comme les centaines de liquidateurs annonymes. Anastasia, sa mère, élève ses trois enfants avec une exceptionnelle bravoure. L'un est comme son père, un irrécupérable joueur de cartes, le second, mollasson plus que bon à rien, rêve de retour en Ukraine pour y conduire des tracteurs. Le dernier, Pavlov, révèle un troublant talent artistique. Pour la peinture, d'abord, puis pour la photo. Il rencontre Irina… leur amour catalyse son talent et transforme le jeune prodige en star mondiale de la photographie : Londres, New York, Paris ; partout on s'arrache ses oeuvres. D'abord sa série sur les poussières, puis celle sur les étoiles avant le succès "des foules". C'est alors l'heure de l'argent, des limousines, des hôtels de luxe, et des rencontres insolites. En un mot, l'itinéraire d'une étoile dans la société étrange des marchands d'art. Mais la chance tourne, elle que tous croyaient enfin là, laisse apparaitre le drame présent en filigranne depuis le début : les proches disparaissent rongés par la leucémie, ou abattus par la mafia et, par un inexplicable retournement de situation, la cote de l'artiste s'effondre. Ses visions chaotiques le reprennent. La chute s'arrêtera-t-elle ? L'amour de sa femme Irina et de sa mère Anastasia le sauvera-t-il du désastre ?

Bilan provisoire réunit toutes les qualités qui ont fait le succès du premier roman de Cyrille Putman, Premières pressions à froid : un humour décapant, une sensibilité et une gouaille sans égales au service d'un texte juste: l'observation de son univers familial et professionnel, au service de personnages farfelus et brillants. Un récit fort et très vivant, dont on sent toutefois la baisse de régime aux deux tiers du livre. Sans doute sait on alors que tout devra mal finir et qu'ainsi, on s'enchante moins, attendant la chute que l'on devine inévitable.
Un très bon roman, très riche et documenté, sur l'art contemporain, ses modes et models.
Je vous en colle un extrait, au tout début, vous allez voir, ça cogne...

Extrait:
Ils prirent connaissance de leurs premières victimes, un traitement à base de lait boosterait l'affaire, pensaient-ils. Les médecins mentaient ouvertement en disant que les victimes avaient été empoisonnées aux gaz. Les radiations n'étaient pas inscrites à l'ordre du jour. Elles mourraient toutes en quatorze jours, avec ou sans greffe de moelle osseuse. On ne saurait pas combien. Une grande et belle femme, pommettes saillantes, assez James Bond girl, vint au chevet de Vitalyï. Devant son état calamiteux, elle ordonna son transfert immédiat. Il fut enfin installé dans une chambre pressurisée. Un cube blanc derrière un plastique transparent. Le tout fermé par des bandes Velcro. Tout un programme. On pouvait lui dispenser des soins de l'extérieur, sans pénétrer dans la pièce. Son corps, rouge-brun, était couvert d'ampoules. Il perdait ses cheveux par poignées. Il se vidait de l'intérieur. Personne au monde n'avait jamais vu un être humain dans cet état-là. Sauf peut-être à Hiroshima. Il crachouillait de petits morceaux de poumons et de foie, en s'étouffant. L'infirmière n'osait le regarder, encore moins le toucher.

Une critique du roman sur le site de TV5
L'extrait et le Podcast ont été piqués sur le toujours riche site du Passage du Livre
Le podcasting des écrivains
Cyrille Putman - 04/01/2007
Télécharger le MP3


Des photographes ukrainiens, je ne connais que Kostine, photoreporter plus que photographe d'art: l'homme qui a témoigné de l'accident avec ses clichés mondialement célèbres.

Tchernobyl, Confessions d’un reporter
d'Igor Kostine et Thomas Johnson

Les Arènes
34.8€/240 pages

Surnommé 'l'Homme légendaire ' par le Washington Post, Igor Kostine est un témoin capital de la catastrophe de Tchernobyl. Le 26 avril 1986, quelques heures seulement après l'explosion, il survole la centrale. La radioactivité est si forte que toutes ses pellicules deviennent noires. Une seule photo pourra être sauvée: elle fera le tour du monde. Surpris par l'ampleur de la catastrophe et par le silence des autorités, Igor Kostine décide de rester sur place et de vivre au milieu des 800000 'liquidateurs' qui se succéderont sur le site de l'accident. Lui-même irradié, il n'aura de cesse, vingt années durant, de photographier la centrale et la zone interdite qui l'entoure. Son histoire se confond avec celle de Tchernobyl. Il a vu l'évacuation des villages, le désespoir et le courage des populations, la construction du sarcophage, les hommes déplaçant à mains nues des blocs radioactifs, les cimetières de machines, les jardins et les vergers contaminés redevenus des terres sauvages où l'homme n'a plus sa place... Pour la première fois, il raconte, en mots et en images. "Tous les films que je développais étaient noirs. Alors, j'ai emmailloté mes Nikon dans des plaquettes de plomb et découpé mes pellicules en bandelettes de vingt centimètres en variant le temps d'exposition. Aujourd'hui, quatre de mes appareils sont enterrés dans le cimetière des déchets radioactifs."


Les photographies d'Igor Kostine ont été publiées par les plus grands journaux et honorées par de nombreux prix dont deux 'World Press Photo'. Elles sont enfin réunies dans un ouvrage, et augmentées d'une centaine de clichés inédits. Traduit en dix langues, ce livre est l'un des témoignages les plus complets sur la catastrophe et ses conséquences. Un des plus durs aussi, car le recit s'étale jusque longtemps après la catastrophe, ses conséquences sur la population, entre autres.

le site d'Igor Kostine (âmes sensibles, certaines photos d'enfants difformes sont dures...)


C'est justement de ces enfants difformes, condamnnés autant qu'abandonnés, qu'il est question dans le roman de Mindszenti. Mais, d'une façon étonnante, c'est d'eux que vient la guérisson pour la narratrice-auteur.

Les Inattendus
d'Eva Kristina Mindszenti

Stock
11€/91 pages

Illustratrice et auteure pour la jeunesse, Eva Kristina Mindzenti est née en France liens: en 1974 d'un père hongrois et d'une mère norvégienne, tous deux artistes peintres. Encre de chiniste et photographe, elle vit et dessine à Toulouse.
Trois ans après le chute de l'Union Soviétique, le village de Hofehér, près de la frontière Slovaque, n'offre pas d'autre horizon à la jeune Klara que le verger de son jardin et l'hôpital...où elle se résout à travailler. Gràce à l'amour que lui portent les enfants malades et malformés à cause de Tchernobyl, la jeune femme se sent exister.
C'est le roman d'une femme, Eva Kristina Mindszenti, qui nous écrit d'un village de Hongrie, tout près de la frontière slovaque. Seule, ayant pour tout horizon le verger de ses parents, elle se résout à travailler à l'hôpital où demeurent les enfants handicapés, estropiés, mutilés par les suites de Tchernobyl. Elle les aime très vite, ces enfants qui n'auront pas le temps d'être malheureux, qui meurent à dix ans, ces enfants qui pleurent, parfois, parce qu'on ne leur rend plus visite. Elle les aime, car elle sait que ce sont eux qui vont la soigner et la soulager.

Entretien sur Inter dans la Librairie Francophone. Un témoignage assez touchant, qui replace ce très court roman dans son juste contexte de catharsis pour Mindszenti. D'une poésie rare.

27.1.07

Attendu que je garde les yeux ouverts devant la dinguerie du monde...

Ce livre n'est pas à proprement parler d'actualité - même si récemment on a beaucoup parlé des RG et de leur sens du dévouement, wahah!-, ... car il est sorti en 2003. Mais voilà, je suis tombé dessus à la bibliothèque -en cherchant Thomas Pynchon dans la collection Fiction et Cie au Seuil - et comme j'avais déjà beaucoup aimé un précédent roman de Lydie Salvayre, qui s'intitulait, "la Compagnnie des Spectres", j'ai tenté la chose. Bref, une histoire pas bête, un ton juste et un excercice de style original: le rapport quotidien d'un agent sous couverture, à ses supérieurs hiérarchiques.


Passage à l’ennemie
Lydie Salvayre

Seuil
6€/208 pages


Le pitch: L'inspecteur Arjona, chargé par les Renseignements généraux d'infiltrer un groupe de délinquants, s'oblige à rédiger des rapports secrets à l'adresse de son ministre de tutelle. Mais deux éléments inopportuns perturbent la rédaction de ses écrits : l'abus de haschich auquel le contraignent ses mauvaises fréquentations, et la présence bouleversante, dans le groupe observé, d'une jeune personne prénommée Dulcinée. Et l'on va voir, insidieusement, le ton implacable et martial des premiers rapports s'adoucir, vaciller, s'amiévrir et se désordonner, jusqu'à complètement se retourner. Et notre inflexible agent des RG, être gagné, insidieusement, à la cause délinquante, et plus encore à la cause amoureuse.
Un roman qui repose sur le chemin que va faire Arjona, guidé par Dulcinée. Une Dulcinée d'ailleurs tout en silence et en blessure, ce qui oblige Arjona à faire l'effort du questionnement, lui si sûr de ses convictions et de son engagement. Le texte évolue, en même temps que le personnage. La forme brute du rapport explose au fur et à mesure... et Arjona accouche d'une reflexion intelligente centrée sur l'humain.
Voilà, une envie juste de vous coller ça, comme ça, parce que fatigué par Vigipirate et ses Famas de la Gare du Nord, plus nombreux que jamais, et qui s'emmerdent autant qu'ils alourdissent l'ambiance.
Allez, un petit poème marrant quand même pour finir...
Je te salue ma France.mp3

J'ai piqué ce texte chez Samuel, et l'en remercie
lien vers une bio de Lydie Salvayre => Wiki

23.1.07

Le surfer d'argent

Il est toujours aussi beau et drole, l'auteur de Blonde Abrasive...
et là, il nous propose le making of de son dernier roman, "Devenir Mort", chez Hachette:




Sa page Myspace
Moi je vais l'acheter, rien que pour ses yeux verts.

22.1.07

Game On, mec!

Ce week end, rien, gros glandage. Bouquin, jeux video et rencontre de slam au Bobar samedi soir. On a collé des soleils à tout le monde, mais gros bravo à Feirell, Neggus et aux autres Dalton de Chant d'encre.
Un bon Gérard Baste pour l'énergie...



21.1.07

Ta gueule et marche!

Vous aimez ça, la transpiration, la chaleur de l'animal, les veines gonflées et la perle salée de sueur qui picotte lorsqu'elle se mêle au gout métallique du sang... hein? Vous aimez? Non? Vous avez raison, la violence c'est moche.
Mais que faire, lorsqu'on se fait emmerder, qu'on veut nous dicter le chemin à suivre et que, qui plus est, ce chemin est pavé de gnons et d'idiotie crasse? On se rebelle, on crie, puis on se calme et on oublie. On baisse la tête et les épaules en dedans, on se dit que ce n'était pas si important, finalement.

Fais pas çi, fais pas ça. Et nous on moufte pas...

Le déserteur
Maurienne
Editions L'Epopée.

Maurienne est le pseudonyme de Jean-Louis Hurst, instituteur alsacien, officier pendant la Guerre d'Algérie avant de déserter, membre du réseau Jeanson et de Jeune résistance, animateur de chantiers de jeunes puis professeur en Algérie indépendante. Le Déserteur relate l'itinéraire intellectuel et affectif d'un « refus » pendant la guerre d'Algérie. Fils de résistant, l'auteur n'accepte pas d'être partie prenante dans l'oppression d'un autre peuple. Ce livre est emblématique parce qu'il fut le premier à expliquer et à justifier la désertion pendant la guerre d'Algérie. Publié aux Éditions de Minuit en 1960, il fut aussitôt interdit et saisi, avant d'écoper d'un procès. Mais le milieu étudiant le diffusa largement sous le manteau. Cet ouvrage participa au développement du mouvement Jeune Résistance qui engendra par la suite ce qu'on appellera « le gauchisme ». Il est à la charnière du « trahir les traîtres » (thème de Nizan très brûlant à l'époque) et de l'espoir tiers-mondiste (reconverti aujourd'hui en « altermondialisme »).
L'histoire est celle de 3 amis ballottés dans une Algérie sanglante, sur le chemin du questionnement, de la conscience, face à ce qui ne sera jamais reconnu comme une guerre, si ce n'est contre nous mêmes. Monsieur le Président, Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre, Pour tuer des pauvres gens...


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un article de l'Huma


Les Brutes
Dupuy, Berberian et Jaenada
Éditions Scali, 2006.

Le service militaire, c'est une chose que nous ne connaitrons plus - encore que Sargolène et Sékosy, les potentiels sur sièges electables soient visiblement friands d'un retour à l'ordre et au pli sur le pantalon-. Toutefois, cette période de corvée de chiottes et bites au cirage a marqué des générations, plus comme première confrontation avec les hommes à front bas, large voix et muscles secs que comme véritable baptème du feu patriotique. Et c'est en ce sens justement, que l'exercice de Jaenada est aussi joussif qu'utile: nous rappeler que dire non aux cons, ça reste quelque chose d'assez important.
Le texte, comme toujours, est fin et fluide, les images vraies et la langue facile. On retrouve notre Mr Sanz timide, maladroit mais jamais lache, devant un des premiers dilemnes de son existence. Courber l'échine ou montrer les dents? Question peu évidente, qu'on pense presque idiote lorsqu'on a 20 ans, mais qui prend bien du volume lorsqu'on réalise plus tard que le pli est si vite pris, et cela dès le premier shoot. Le livre est réhaussé de dessins sympathiques, où on reconnait le turfiste qu'on aime. Un homme qui aime les chevaux, les filles, l'alcool et les super 5 ne peut pas être mauvais. c'est encore une fois vérifié. Une belle idée qu'a eu le Patrick de mettre ces gens là tous ensemble. Un extrait et je vous laisse l'acheter:

"Je suis entouré de plusieurs types au regard dur, grands ou trapus, des brutes épaisses tout en muscles qui n’ont qu’un but en tête : m’écraser. Ils ne s’en cachent pas, ils veulent me coincer, m’empêcher de vivre normalement, me soumettre à leur volonté par la force, m’humilier puis m’aplatir, m’étouffer, me broyer, me détruire (les brutes). Je ne suis pas la seule proie de ces monstres froids et déterminés. Heureusement, nous sommes nombreux, même, encerclés et serrés les uns contre les autres – plus nombreux qu’eux, nous sommes jeunes, souples et débordants d’avenir. C’est bon, on va pouvoir se défendre.
Mais en regardant plus attentivement autour de moi, je m’aperçois consterné que tous mes compagnons sont des moutons effarés, qui ont compris que l’heure du massacre avait sonné. A droite, à gauche : je suis au milieu de moutons, de cochons effarés. Les moins émotifs sont simplement résignés, tristes, veaux, prêts à se laisser enchaîner. Qu’est-ce que c’est que ces compagnons ? "

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le site de Phillippe Jaenada
l'émission d'Inter, Noctiluque, avec Jaenada en invité.
Le toujours formidable blog du Buzz Littéraire, qui fait une très belle note sur l'ouvrage.


Parce qu'on se la raconte rebelle, on cherchera toute cette semaine à dire non, à ne pas se faire marcher dessus, limite on filera un ou deux bourre pifs, un peu comme Mohamed Ali lorsqu'il refusa de partir pour le Vietnam, toute brute qu'il était, n'ayant rien contre les Vietcongs... Il perdit ainsi son titre et dû cravacher pour le reprendre... Entre ça et le nouveau Rocky, une thématique castagne cette semaine les gens! Banzaï !!!